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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Une communauté de la parole. Vraiment? Ou comment apprendre à parler

29 Janvier 2024, 02:40am

Publié par Henri Bacher

Nous voulons montrer comment la notion de Parole, chère au christianisme, est conditionnée, formatée, depuis la nuit des temps, par les différentes cultures qui se sont succédées sur la terre. Il y a une Parole divine qui parle dans le jardin d'Éden «en chair et en os» (un peu à l'image du Christ incarné), avec des humains qui voient Dieu et l'entendent directement. À la fin des temps, ce Dieu va, à nouveau, se révéler pleinement, comme une personne qui parle et qui se montre au retour du Christ sur terre. Notre monde est enchâssé entre ces deux pôles. Ils forment une parenthèse, où Dieu offre un espace de liberté, sans être un «patron» qu'on craint parce qu'on le voit. Dieu est comme cette mère qui appelle son gamin, mais qui ne se déplace jamais dans sa chambre (dans son monde) pour s'imposer comme l'autorité parentale.

Sur terre nous vivons entre «parenthèse»
Dieu est devenu invisible et dans notre parenthèse de vie, il n'est certes pas absent, il travaille surtout en sous-main, incognito. Cette disparition de la visibilité divine est dû à la rupture dans le jardin d'Éden entre Adam et Ève et le Créateur. Pour la simple raison que l'amour entre deux personnes ne peut se vivre et s'exprimer que dans un espace sans contrainte. D'emblée, il faut que la créature créée, fasse confiance en un Dieu bon, qui ne souhaite que le bonheur des humains. Malheureusement ça n'a pas joué. Le coup de foudre pour Dieu n'a pas fonctionné. D
ans notre parenthèse, que devient la Parole de Dieu, qui est avant tout une déclaration d'amour?

Quel rôle va jouer la culture?
Dieu est toujours un fervent défenseur de son espace de liberté, gage du développement d'un vrai amour. Les humains ont gardé dans leur subconscient qu'ils ont connu, dans les temps anciens, un contact avec le Dieu de l'univers. La Bible l'appelle «la pensée de l'éternité» (Écclésiaste 3:11). Les hommes vont donc développer des spiritualités pour se raccrocher à ce Dieu qu'ils ont oublié, perdu. Mais toute spiritualité qui se transforme en religion est une création des humains. Dieu n'inspire une spiritualité et une culture, que dans la mesure où on accepte de le laisser agir. L'homme et la femme auront toujours le dernier mot sur terre, pour définir leur relation à Dieu. 

La culture des béquilles
Nous comparons les cultures à des béquilles. Nos facultés de théologie, nos instituts bibliques, l'enseignement dans l'église, c'est comme apprendre à marcher avec des béquilles. L'humilité que Dieu nous demande de pratiquer, c'est d'être conscients, que nous ne gagnerons pas une médaille aux prochains jeux olympiques avec nos béquilles théologiques. Ceci pour dire que notre blog n'est qu'une paire de béquilles de plus. Toutefois, c'est compliqué, une culture, quelle qu'elle soit, qui doit vivre et se développer avec un handicap, celui de ne pas voir Dieu en personne. Comme dans le clip suivant, cet homme sait comment contourner un handicap.

La culture et la spiritualité de l'oralité
Les histoires des personnages que Dieu a inspirés dans cet espace culturel, se retrouvent dans les premiers livres de la Bible. Les Abraham, les Moïse, etc... fonctionnaient principalement avec leurs «tripes» et avec le cerveau droit, tout en réfléchissant. Cette spiritualité va influencer l'occident jusqu'à la fin du Moyen-Âge. Les supports de communication se construisaient principalement à partir et sur la personne et non à partir d'un support externe standalone. Il y avait le musicien, le conteur, le prédicateur, le prophète, le conseiller, le thaumaturge. Dès que le message s'externalisait, comme sur des sculptures, des amulettes, des vitraux, il avait tendance a devenir idole. En misant à fond sur le texte, l'église pensait pouvoir limiter l'influence 
idolâtre, mais on l'a transformée en idéologie.

La fracture entre la culture de l'oralité et celle de l'écrit
La première culture, au début de l'humanité n'était pas liée à un levier technologique. Elle était intégrée dans et sur la personne elle-même. Le Christ personnifiait parfaitement la culture de l'oralité. On pouvait le voir marcher, le voir manger, parler, guérir, festoyer lors d'un mariage, se mettre en colère lors de l'épisode avec les marchands du temple. Il était «visible» dans toute sa personne. Sans filtre. Sans hologramme. Avec la prochaine culture, celle de l'écrit, le message va se séparer de la personne. On n'a plus besoin de voir la personne et la manière dont elle vit pour authentifier son message. D'ailleurs l'église catholique a dû instaurer «l'imprimatur» comme vérification. Avec le texte écrit et «multicopié» et plus tard avec le numérique va se créer une dichotomie encore plus grande, entre la réalité (le corps qui se touche, qui se voit, qui entend, qui pleure, qui parle) et ce monde «extraterrestre», «extracorporel» envahi par des machines numériques, boosté par l'intelligence artificielle (IA). 

La culture et la spiritualité de l'écrit 
Même si dans la précédente culture, il y avait déjà, selon les époques, des textes qui circulaient, comme les écrits des prophètes de l'Ancien Testament. Je vous signale que le Christ n'a produit aucun texte écrit. Il était encore largement tributaire de la culture de l'oralité. La nouveauté, à la Renaissance, c'est qu'elle a été boosté, avec l'imprimerie, par un puissant levier  technologique. De plus, par la suite, elle s'est associée avec le système scolaire, un autre levier culturel. Cette spiritualité fonctionne sous le mode Yes/No. C'est juste ou faux, comme à l'école. On a énormément travaillé et pensé sur le mode de la séparation. Pour comprendre un fonctionnent quel qu'il soit, culturel, religieux, scientifique, on commence d'abord par déconstruire, disséquer le texte ou l'objet. On appelle ce processus analyse. Tandis que dans la culture de l'image on travaille en systémique.

La culture et la spiritualité boostées par le numérique 
La base de cette culture numérique reste le signe, la lettre, le chiffre. Elle ne surgit pas du néant, mais tout en travaillant également avec la logique, l'analytique, elle va intégrer l'image qui ne restera pas une simple illustration, mais va développer son propre langage qu'on ne lit pas en premier, mais qu'on va ressentir. Mes «illustrations» ne sont pas faites pour embellir le texte, mais il se crée une symbiose entre texte et image qui tente de recréer une unité, mais qui ne pourra jamais recréer l'unité parole/corps.

Quel sera l'avenir de cette espace parenthèse?
La parenthèse devient carrément la remplaçante de la Parole. Au début, les espaces culturels étaient cadrés par une Parole divine émise par Dieu qui était aussi le garant d'un espace de liberté. Après l'avènement des leviers technologiques de l'imprimerie et du numérique, cet espace devient contrôleur de la réalité humaine. Le diable est diviseur et les technologies liées à la culture lui ont permit de prendre le contrôle sur les hommes d'une manière encore plus efficace qu'auparavant. En fracturant l'unité entre corps et parole. Contrairement à l'écrit, ce n'est pas l'école qui va favoriser cette prise de pouvoir, mais le système financier. Il va nous entraîner dans ce combat final et cosmique. Il ne le fera plus ou peu au travers d'un message ou par des pensées comme l'idéologie marxiste ou capitaliste, mais par le porte-monnaie. C'est déjà parfaitement réalisable aujourd'hui et mondialement.  

Personne ne pouvait acheter ou vendre s'il n'avait pas cette marque, c'est-à-dire le nom de la bête ou le chiffre qui correspond à ce nom (Apocalypse 13:17)

En attendant que faudrait-il faire pour limiter cette prise de pouvoir?
C'est assez simple et non lié à une question financière, c'est d'apprendre et de pratiquer avec Dieu et entre nous le parler divin de Dieu, celui qui s'associe, en premier, au corps et non à un intermédiaire culturel comme l'écrit ou le numérique.

Bibliographie
O Christianisme dossiers Corps Michel Despland Ed; Cerf 1987
O L'homme et l'argent Jacques Ellul Ed. Presses Bibliques Universitaires 1979

Anti Fake News Thomas Huchon et Bernard Schmidt Ed. First 
La marchandisation de Dieu Lionel Obadia ED. CNRS Éditions, 2013

 

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