En ces temps troublés, ne vous laissez pas aveugler par vos croyances
Pour ce post, je me suis laissé inspirer par un article de la Harvard Business Rewiew* qui traite ce sujet universel sous l'angle du management. Quelle est la différence entre foi et croyance?
*Février-mars 2023
La difficulté de dénouer l'influence de la croyance sur la foi
Le contraire est aussi vrai. La foi se sert aussi de la capacité de croire pour se développer.
La capacité de croire
C'est comme les fins poils sur le dessus de la bande Velcro ou Scratch roll, inventée en 1951 par le suisse De Mestral. Elle se compose de fines boucles et de crochets textiles. Il a inventé ce système de fixation en s'inspirant du fruit de la bardane. La face supérieure adhère en se crochant à une autre bande avec les mêmes fonctionnalités. Cette capacité de croire fait partie de la création de Dieu. Il a créé en nous les capacités de s'accrocher à des révélations transmises par le texte biblique ou par des révélations du Saint-Esprit sous forme de prophétie, de visions et d'images. Ces révélations sont conçues pour adhérer aux capacités humaines de croire. Mais là intervient aussi la croyance, mécanisme créé par Dieu, qui adhère également de la même façon.
Le rôle de la foi
Le problème, c'est qu'on confond souvent « adhérence » et foi. La foi n'est pas une croyance. C'est avant tout la capacité de faire confiance à un texte biblique, une indication du Saint-Esprit, mais auparavant, il y a tout un travail de contrôle à faire.
La croyance est un sentiment, mais la foi est un acte conscient qui se lie à une conviction à mettre en pratique. Souvent, il faut que Dieu répète ce qu'on a cru « entendre ». Est-ce que cette pensée (donc ce qu'on en pense) tirée de la Bible ou cette révélation du Saint-Esprit est quelque chose que Dieu m'a dit? Ou ce n'est qu'un vague sentiment, très flou. Le diable nous envoie, aussi, souvent des leurres qui ressemblent aux indications de Dieu.
Deux exemples pour montrer l'importance du contrôle
Un de mes amis pasteurs m'a raconté qu'une de ses paroissiennes, très croyante, croyait que la Terre était plate. Malgré tous ses efforts, il avait lui-même une formation scientifique, la personne n'a pas changé d'avis. Un autre croyant de mon entourage est convaincu (il croit) que le Christ reviendra encore pendant sa vie. Il est déjà à la retraite. Ce cas est très important à observer. Que le Christ reviendra, c'est une affirmation sans équivoque de la Bible. Sauf que mon frère a transformé la Révélation en croyance, parce qu'en réalité, il a peur de la mort et il se conforte en « croyant » que Jésus reviendra avant sa mort. Alors que le texte biblique ne nous autorise pas à avancer une date précise. Donc, en fin de compte, ce n'est qu'une croyance et non un acte de foi, de confiance.
L'exemple de croyance donné par le chercheur Philippe Silberzahn, professeur à l'EM Lyon
Il raconte un épisode dont on connaît la version officielle et publique. Il s'agit du blocus, sous Kennedy, de Cuba, après l'implantation de missiles nucléaires russes sur cette île se trouvant à peine à 150 km des côtes américaines. Ses généraux proposaient de raser l'île. À l'opposé, la CIA avait, par contre, assuré au Président que jamais l'Union soviétique n'installerait de missiles nucléaires hors de son territoire.
Contre l'avis de ses généraux et ne tenant pas compte de l'avis de la CIA, il a opté pour le blocus. Silberzahn parle des croyances de la CIA qui l'ont aveuglé, alors que des journalistes et des civils les ont avertis de mouvements de troupes suspects et de constructions inattendues à l'ouest.
La recrudescence de la croyance
C'est ça qui m'intéresse dans cet article de Silberzahn. La croyance se promeut très facilement, c'est une fonctionnalité naturelle. Toutes les religions utilisent ce levier facile à manier puisqu'il est présent dans tout humain, car c'est le fruit de la création de Dieu. Par contre, la foi, la confiance, c'est une construction ardue qui demande le travail de la volonté, un engagement. C'est un combat contre le doute. Par contre, par exemple, lorsqu'on assiste à un super concert de louange et qu'on parle d'onction du Saint-Esprit, n'est-ce pas le levier de la croyance qu'on actionne? La foi se mesure le lendemain, lorsqu'elle nous fait prendre des décisions radicales en relation avec ce qu'on a entendu le jour d'avant. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'y avait pas d'onction, mais que si elle n'est pas suivie par des actes concrets, elle reste croyance. C'est là qu'on retrouve le binôme croyance/foi. La croyance, c'est comme un tremplin qui sert au skieur à sauter. On peut se demander si souvent, avec le culte du dimanche matin, nous ne peaufinons pas une croyance, un sentiment religieux et non une foi qui se traduit par des actions concrètes. Un peu comme si on demandait au chrétien/skieur de monter sur le « tremplin-culte » sans jamais sauter et d'en rester à la sensation, à l'émotion, en faisant ressentir émotionnellement parlant le saut dans l'inconnu, sans jamais le vivre dans sa "chair" Et surtout de se satisfaire de cette émotion.
Le reproche qu'on pourrait faire à la CIA (de l'époque)
Ce n'est pas d'avoir une croyance, mais de n'avoir pas vérifié sur place, alors qu'il n'était qu'à 150 km de leur objectif, la véracité de leur croyance. Face aux incertitudes d'aujourd'hui, « l'émotion-croyance » ne suffit plus. Remarquez au passage comment une croyance comme celle de ces super-espions américains peut être puissante et aveuglante. Méfiez-vous de vos croyances.
Un exemple de la constitution d'une croyance
1 Samuel 5:5 et en écho Sophonie 1:9.
Où il est question de la croyance du sauter par-dessus l'entrée du temple.
Le croyant qui croit en son destin