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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Que faudrait-il mettre en avant pour réévangéliser l'Europe?

25 Janvier 2024, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Avec notre évangélisation, est-ce que nous atteignons le noyau des attentes de nos concitoyens?

Nous diffusons le message de Calvin et autres réformateurs ou celui du Réveil du 19ème siècle en faisant un effort important pour présenter notre spiritualité au goût du jour, comme à l'image valorisante des cathédrales. En vidéo, images, spectacles, clips musicaux, etc... C'est beau à voir, mais de là à croire que c'est un message pour accéder à l'éternité, il ne faut pas aller trop loin. Pour le grand public, ce n'est qu'une friandise spirituelle, mais pas une réponse à notre faim existentielle et notre besoin de protection. Notre «noyau» occidental est habité par toutes sortes de peurs qui se reflètent en politique, au niveau culturel, religieux, financiers. Elles sont aussi alimentées par l'émergence d'une culture numérique qui nous fait perdre notre latin. Qu'on maîtrise de moins en moins. Nous les «babyboomers», on se fait largement dépasser par les «pixel-boomers». De plus, on se fait contrôler par smartphone interposé, jusque dans notre lit conjugal, jusque dans notre porte-monnaie et surtout jusque dans notre tête ou l'Intelligence artificielle (IA) sait de quoi nous rêvons, ce que nous souhaitons, nous croyons, juste en analysant ce que nous laissons traîner derrière nous sur les réseaux sociaux. Ce n'est plus une éthique qui conditionne notre manière de vivre, mais une puissance de calcul liée au monde de l'argent. Les milliardaires, qui se disent chrétiens, s'y mettent aussi pour acheter des «cathédrales cathodiques» comme des chaînes de télé pour influencer les comportements de nos concitoyens.

Comment répondons-nous à ces peurs?
On s'adapte toujours plus à la culture de «l'Entertainment». On devient de supers pâtissiers spirituels ou bien on explique notre «latin» hérité des réformateurs du 16ème siècle à grand renfort de techniques scolaires. On «pense» encore davantage notre foi, au lieu de calmer les peurs de nos concitoyens.

Une réponse du temps du Christ en Palestine
Dans un pays occupé par des «russo-romains», il ose lancer la théologie du Royaume de Dieu. Il répond directement aux peurs d'un peuple occupé, militairement, politiquement par des étrangers, avec un concept politique, militaire et étatique. Ce n'est pas pour rien qu'un certain nombre de juifs le prenait pour le Messie. Peut-être aussi un Judas, qui le suivait, parce qu'il y croyait et qu'il pensait, en le dénonçant, le faire entrer dans son «costume» de Messie pour qu'il se manifeste comme le Grand Politique qui allait assainir la situation. Jésus est parti des préoccupations, du «noyau» des personnes qu'il côtoyait, mais tout en partant de cette réalité-là, il a proposé de lever le regard, vers un espace spirituel et mental placé plus haut: mon Royaume, n'est pas de ce monde (Jean 18:36). Il part des aspirations des gens et pas d'un idéal à atteindre. Les aspirations aujourd'hui, c'est la revendication d'un espace libre, sans la surveillance d'un système ecclésiastique, d'un système numérique, politique ou financier. 

La réponse aujourd'hui
Il est clair que le «noyau» est ce besoin de liberté, n'être pas pisté, surveillé, «numérisé». On a peur qu'un politique, de droite ou de gauche, nous dicte notre manière de vivre. Le Christ nous montre que le Roi de l'univers est le puissant créateur d'un espace de liberté, vis-à-vis de lui. On peut lui dire «merde», sans avoir peur d'être sanctionné, ici sur terre. Il ne nous oblige pas à lui faire allégeance. Dommage que les églises ont souvent fonctionné comme des inquisiteurs, des contrôleurs jusque dans le lit conjugal, mais moins dans le porte-monnaie. On nous encourage à voter pour des politiques qui promettent de contrôler nos espaces de vie, ou plutôt celui des autres, pour qu'ils ne nous enquiquinent pas avec leur manière de croire et de vivre.

@incroyable211 Un homme de génie remet à neuf et restaure un moteur antique mis au rebut#learnontiktok #fabrication #pourtoi #creative ♬ son original - Mike

Quelques clés complémentaires
O Nous devrions mettre l'accent sur la rénovation dans l'au-delà. Le «moteur» spirituel, relationnel qui va redevenir performant pour l'éternité, sans jamais rouiller. Dans la Bible, on présente souvent cet au-delà comme un festin, mais beaucoup d'européens, mangent à leur faim, achètent des huîtres à Noël, partent en vacances au bout de l'Europe. Par contre, magnifions le paradis comme un endroit sans restrictions, sans contraintes, sans guerres personnelles et communautaires, sans privations de libertés, sans conflits, sans mots de passe. Où l'on n'a plus besoin de fermer sa porte avant de sortir. Lorsqu'on aura présenté sur terre un Dieu qui juge la moindre incartade, comment demander de faire confiance à un Dieu qui offre un paradis, sans contrepartie!

O De plus, Dieu ne nous contraint pas à entrer en communication avec lui. Dommage que souvent les chrétiens et leurs églises ont voulu contraindre les gens par la peur de l'enfer. Plus nous offrons un espace de liberté, plus la relation sera profonde.

En conclusion
O Je reprendrai l'image du moteur. Dieu n'attend pas que nous soyons dans l'au-delà pour commencer à nous rénover. Cette rénovation commence déjà sur terre pour se parachever dans l'éternité. J'ai vécu une conversion pendant mon enfance et je peux vous dire que mon mécanicien divin, m'a retapé une «bécanne» de vie qui a bien roulé dans pas mal de situations parfois douloureuses. Même sans l'au-delà, j'aurais été heureux de confier mon «moteur» à Dieu. Et même un brigand sur la croix a pu entrer au paradis, avec un moteur complètement rouillé.

L'incapacité de vivre la joie eschatologique révèle un enfermement dans les affaires du monde présent.

Cette absence de dépassement est une très mauvaise nouvelle, en ce que la communauté chrétienne ne propose pas d'espérance. Elle n'est plus qu'une ONG politico-sociale.

Robin M. C. Reeve

Une nouvelle théologie s'inspirant de la nature et de la création de Dieu

 

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