Le choc entre deux pointures du christianisme comme modèle de fonctionnement actuel

20 Juillet 2023, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Il s'agit de la rencontre de travail et de la mise à niveau entre l'apôtre Paul et l'apôtre Pierre relatée dans Galates 2:1-14. Nous pouvons appliquer ce texte, sans problème, dans l'évaluation des comportements socio-culturels et spirituels du 21ème siècle.

Nous nous trouvons aujourd'hui dans cette tension socio-culturelle entre l'ancien (la spiritualité issue des Réformes protestantes et des Réveils du 19ème siècle) et la montée d'une activité spirituelle liée au numérique où l'on n'hésite pas à mettre au point une messe pilotée à 98%, selon le théologien organisateur, par l'Intelligence artificielle (IA). L'extrait du chapitre 2 des Galates, peut nous aider à évaluer et à contextualiser nos tensions et différents.

C'est terminé!
Comme à l'époque du temps de la première église, la roue des civilisations et des cultures tourne. Avec la destruction du Temple, dans les années 70, l'église très judaïsante, pilotée par le propre frère du Christ, va disparaître. Au profit de celle qui va se développer dans le contexte romain du pourtour méditerranéen. Sommes-nous conscients que l'Europe et les Etats-Unis se déchristianisent à la vitesse grand V et que nous avons atteint le point de bascule. (Voir également l'édito de Radio R du mois de juin).

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Tout basculement de type culturel, religieux, géo-politique suscite des conflits, des dissonances, des incompréhensions
Dans le texte des Galates, ce sont les deux plus importants leaders de l'époque qui ont dû négocier pour rester en relation spirituelle. Remarquez qu'il n'y a eu presque pas de concessions réciproques, mais qu'on s'est mis d'accord sur les thèmes essentiels, non négociables, celui de la centralité de la mort et de la résurrection du Christ. Les pratiques comme la circoncision sont restées en arrière-plan.

Il n'y a pas d'ajustement, d'évolution possible entre Jérusalem et Antioche
C'est peut-être ça le message fondamental de ce chapitre des Galates, à tel point que Paul se dit apôtre des non-juifs et Pierre apôtre des juifs. N'y a-t-il pas un seul christianisme sur terre? Nous, évangéliques, on est bien convaincu que le même évangile, sous entendu, la même théologie et le même type de communicateurs doivent se diffuser et se pratiquer de l'arctique à l'antarctique. Comment en arriver là?

Aujourd'hui on est convaincu qu'on peut innover pour accommoder la «spiritualité de Jérusalem» à celle d'«Antioche», entendez par là la spiritualité liée au système scolaire à celle du numérique. Il y a eu des précédents dans l'histoire de l'église en occident. Même si les réformateurs historiques comme Calvin et Luther ne voulaient au départ que «réformer» l'église catholique, la greffe n'a pas pris. Il y a eu rupture.

Ce clivage entre «juifs» et «non-juifs» s'accentue à chaque chamboulement culturel ou politique d'envergure. L'oralité primaire a été fragilisée par la mise au point de l'écriture et surtout des supports comme les tablettes d'argile ou le parchemin. Les conquêtes guerrières ont fait le reste. Les débuts du christianisme ont été également chamboulés par des bouleversements politiques et culturels, comme par la prédominance de la langue grecque et de sa culture. La Renaissance a apporté une nouvelle spiritualité que les catholiques ont essayé de contrecarrer par la Contre-Réforme.

Aujourd'hui les «évangéliques» classiques, côtoient les «non-évangéliques» sous-entendu les «pas-encore-chrétiens» du monde européen. Les «Pierre» ne peuvent pas aider les «Paul». Les facultés de théologie de «Jérusalem» ne peuvent pas s'exporter à «Antioche». C'est dur à admettre d'autant plus que j'ai l'impression que l'église risque de disparaître complètement de l'Europe au profit de celle qui se développe déjà sur d'autres continents. Exit le théologien classique de l'hémisphère nord et du «blablateur» du nord que je suis.

Pour l'avenir, quels conseils à tirer de ce texte de Galates?
Les conflits n'apparaissent pas spécialement sur les formulations essentielles confinées dans le Credo, mais sur les pratiques comme la circoncision. Aujourd'hui, c'est le style de musique, l'habillement, les liturgies, l'exubérance du culte, les mises en scène liturgiques, la sexualité, le féminisme, les opinions politiques et culturelles, l'exercice de l'autorité dans la communauté, le charismatisme, le conservatisme, etc... Il faut apprendre à se mettre d'accord sur les objectifs principaux, ceux de transmettre l'évangile et non pas une vision socio-culturelle de celui-ci.

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