Quelles sont les raisons principales pour changer de communautés? I
Selon une étude réalisée par une structure de recherche du courant dominant des évangéliques étatsuniens, une personne sur quatre, de ces « migrants » inter communautés, se plaint de ce que leur besoin spirituel fondamentaux ne sont pas pris en compte. C'est sûrement pareil en Europe.
Migrations inter-communautés
Soyons réalistes. Nos communautés se maintiennent encore en Europe grâce à cette migration qui s'est faite auparavant à partir des églises historiques protestantes ou catholiques vers les communautés évangéliques. Elles ont eu le grand avantage de nous préparer le terrain en catéchisant une grande partie de la population européenne, c'est-à-dire à la familiariser, ne serait-ce qu'au vocabulaire religieux. Mais cette source se tarit, puisque ces églises ont perdu la plus grande partie de leur substance et de leurs followers. Maintenant, ce flux se fait entre les communautés évangéliques classiques, de préférence non ou peu charismatiques. Également de nos anciennes colonies et territoires d'outre-mer.
Pourquoi change-t-on de communauté ?
O On a de plus en plus l'habitude de rencontres intercommunautaires qui nous mettent en contact avec d'autres expériences liturgiques. Voir, par exemple, des évangéliques qui sont allés à Taizé ou à des festivals à Paray-Le-Monial, ou qui fréquentent parfois des cultes de style.
« Hillsong » ou « Gospel Center ».
O Nos jeunes participent à des concerts de louanges, se forment, par exemple, à la louange et au leadership dans une école lancée par des catholiques (par exemple Glorious) et des évangéliques. Ils découvrent une spiritualité plus festive, plus conviviale. Donc, ils côtoient des modèles qui les branchent à une autre manière de célébrer la foi chrétienne.
O Le contraire est aussi vrai. Les communautés entre deux cultures, la scolaire et la « bruyante », préfèrent parfois se retrouver dans celle qui est plus conservatrice, mais c'est peu le cas. Ce n'est pas une tendance prononcée.
O Dès qu'une communauté n'a plus un groupe d'enfants ou d'adolescents conséquent, les parents se tournent vers d'autres sources de rassemblement. Or, une communauté est attractive grâce aux familles qui la composent. C'est le noyau fédérateur.
O Face à ce flux d'expériences, pas facile à contrôler, nos responsables de communautés sont peu équipés pour garder une ligne directrice, surtout du point de vue théologique et doctrinal. Donc, on utilise largement le sécateur spirituel pour émonder. Or, ceux qui ont vraiment certaines possibilités de renouveler la communauté ont tendance à utiliser le levier émotionnel. Il ne s'agit pas seulement de charismatisme, mais bien plus d'adaptation culturelle. À la défense de ces responsables plus conservateurs, je dirai que ces nouveaux «émotionnels» ne sont non plus formés pour susciter un changement harmonieux. Souvent, ils sont coachés par des leaders qui se comportent comme le cow-boy américain : GO ! GO ! À quand une chaire dans nos facultés évangéliques pour enseigner la manière de coopérer entre les courants différents que nous classifions rapidement d'antagonistes ? Au lieu de favoriser un courant qui nous semble le plus conforme à la Bible.
Une expérience réussie en Suisse romande
Lorsque la fédération FREE a intégré sans l'absorber les Gospel Center, elle a fait fort, puisque l'orientation plus charismatique de ce mouvement aurait été un motif de séparation. Je pense que ce qui a aidé, c'est que les Suisses sont les champions de la négociation politique. Ils ont une culture de la négociation unique en Europe. Comme quoi la culture politique d'un pays peut avoir des effets positifs sur les Églises.
Conseil : apprendre à regarder et à valoriser l'aquarium du voisin.