La prédication présentée comme un tissu de haute-couture
Ce post a été créé au cœur de l'été propice à la divagation, à la frivolité, à l'humour. J'asticote un peu (beaucoup) le prédicateur classique à la Calvin. D'ailleurs, la robe présentée dans le clip, par un mannequin, est aussi noire, que celle du pasteur protestant.
@Balenciaga Winter 23, Vittoria
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Monsieur «Calvin»
Sa prédication ressemble à ce vêtement: élégant, bien coupé, parfaitement adapté au corps de ce mannequin. Le vêtement en lui-même et le mannequin donne envie de regarder cette présentation. Autre signe «calviniste»: le vêtement spirituel n'a pas de couleurs. On lui a coupé l'émotion, le rire, l'humour, la légèreté de la vie, la joie exprimée par le corps. La joie du protestant est intérieure. On ne l'extériorise qu'en dehors des cultes. On est sobre, droit dans ses bottes, honnête, sérieux, bon travailleur. On doit «défiler» dans la vie selon un rituel immuable défini par les promoteurs des maisons de couture, qu'on pourrait appeler dans l'église, les élites sacerdotales.
Le couturier talentueux
Derrière cette robe, il y a un couturier talentueux, comme certain prédicateur. Sauf qu'il pense qu'il va habiller des «mannequins spirituels» alors que ses «clients» sont difformes, obèses, anorexiques, boulimiques, peu enclins à faire du sport comme de la marche (à marcher sur le chemin du Christ). La prédication se «coud» souvent comme un habit idéal, qu'on ne porte que les jours de fêtes et qui ne correspond plus à la réalité d'aujourd'hui, comme ce mannequin qui se promène sur un chantier alors que les ouvriers n'en n'ont rien à cirer. On souhaiterait qu'elle soit présentée comme un habit, porté en semaine, pour des paysans, des ouvriers, des femmes de ménages, des cuisinières, des infirmières, des professeurs des écoles ou des académiciens, des personnes qui expriment des besoins, etc... Qui ont besoin de trouver un habit qui les protège des aléas de la vie et qui ne soit pas seulement créé pour les mettre en valeur dans la société.
Faut-il éliminer la prédication classique?
Malgré mes réserves à l'encontre de Monsieur Calvin, on ne peut pas simplement balayer ce qui a fait la «fortune» du protestantisme: la prédication. On n'imagine pas un culte protestant ou évangélique sans prédication. On peut écourter les chants, la liturgie de la Parole, mais en aucun cas on ne peut éliminer la prédication. C'est la conviction principale de nos élites parce que justement toute la formation pastorale est principalement axée sur la compréhension et la transmission du texte biblique que nous avons transformé en «objet-haute-couture». La Bible est un «tissu» qui se prête mal à la haute-couture ou disons, d'une manière plus nuancée, qui se prête aussi, un peu, à la haute-couture, mais sa destination principale ce sont les «porteurs de jeans», même troués!
Les transformations socio-culturelles, vu par un journaliste et qui affectent aussi la manière de prêcher
... Dans les deux cas, il s’agit d’une Europe de l’esprit, de plus en plus éloignée de l’Europe vécue, réelle, où nous vivons. Au Royaume-Uni, les brexiters ont tendance à voir l’Europe uniquement comme un système politique au lieu de l’appréhender comme un continent relié par des flots humains, des amours… Je voulais écrire un livre qui puisse servir d’antidote à cela. J’essaie de raconter les transformations de l’Europe à hauteur d’être humain, pour humaniser cette réalité.