Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Où en sommes-nous dans les projets de rénovation et d'implantation de nouvelles églises?

17 Octobre 2024, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Nous vous proposons l'évaluation de trois livres publiés par trois tendances du protestantisme: les Réformés suisses (calvinistes), le courant Évangélique classique, issue du 19ème siècle et les Mennonites qui remontent au 16ème siècle.

Livre issu et adapté d'un projet de l'Église réformée zurichoise avec des implémentations de toute la Suisse romande. 

D'origine, il a été conçu dans un contexte alémanique. Non pas, par une «start-up nation», mais par une «horloger-nation».  D'autre part, les églises protestantes de plusieurs cantons sont encore largement subventionnées par le Canton, donc par l'État. Elles doivent être loyales à leurs financiers et n'ont pas la marge de manœuvre d'un évangélique qui est financé par des donateurs privés, qui, entre parenthèse peuvent aussi avoir un rôle frein ou temporisateur. 

Par contre, je trouve qu'il y a pas mal d'idées très intéressantes et originales à creuser. C'est peut-être celui des trois ouvrages qui a le plus de pistes pratiques. C'est un travail d'équipe, donc plus facilement applicable pour des néophytes de l'implantation.

Office Protestant d'éditions, Conférence des églises réformées, Lausanne. OPEC

 

Eric Zander est à sa deuxième implantation d'église en Belgique. Ce livre retrace l'expérience personnelle d'un pionnier d'implantation d'églises. Retrouvez un contenu plus exhaustif dans un autre post que j'ai consacré à ce livre, ainsi qu'un clip vidéo. 

Assurément, c'est avant tout un livre de stratégie. Eric est un leader-né et entraîne derrière lui, très facilement, des «follovers». C'est son talent. Toutes les communautés n'ont pas forcément ce genre de talent pour implanter une église. C'est important de lier des méthodes de travail à une personnalité.

https://maisonbible.fr/fr/
https://maisonbible.ch/

L'auteur principal de ce livre, c'est Stuart Murray, un théologien anabaptiste (ou mennonite) anglais qui s'est acquis une certaine notoriété parmi les évangéliques classiques francophones.

La faiblesse de ce livre, c'est qu'il fait surtout référence au monde socioculturel, religieux anglophone. Comme l'évolution de la chrétienté est de plus en plus liée à des outils culturels, l'exemple anglais me paraît avoir des limites certaines. Les mennos ont bien amorcés des implantations en France, mais on sent bien qu'il leur manque une vraie culture d'innovation, ce qui sort très fort dans le livre de Zander. L'innovation extérieure à leurs communautés ne fait pas partie de leur ADN. Toute leur expérience, depuis leur début au 16ème siècle, était de se regrouper en plusieurs familles sur leurs terres. Les dissidents amish qui sont sortis de ce mouvement illustrent bien cette mentalité du clan plutôt familial. Aujourd'hui, les mennos, tout en gardant une culture communautaire très forte s'intègrent harmonieusement dans la société et dans le protestantisme français. Ils ont dû adopter ce comportement protecteur de leur clan familial au vu des persécutions qu'ils ont subies de la part des églises zwingliennes. C'est d'autant plus louable qu'ils se lancent dans l'implantation de nouvelles communautés hors de leurs fiefs socioculturels. Mais on sent bien leur tâtonnement qui est d'ailleurs le lot de la plupart des églises évangéliques classiques. Avec la dernière implantation, dont il est question dans le livre, ils se réunissent dans l'église réformée du lieu. Vis-à-vis du nouveau public à atteindre, ils passent pour des réformés, qui n'ont pas spécialement une image de renouveau dans la société française.

Ce n'est pas un mouvement rétrograde, même s'ils sont freinés par leur ADN communautaire. Un de leur théologien non professionnel, le sociologue Frédéric de Coninck fréquente et emmène des groupes de «pèlerins» évangéliques sur le chemin de Compostelle. Il en a tiré un livre.

https://www.editions-mennonites.fr/


La plus grande faiblesse de ces trois ouvrages
Elle est bien définie par la couverture du premier livre: outils et méthodes. Nous sommes toujours en train de rénover notre manière de faire église et nous clonons nos pratiques ecclésiales, tout en essayant de les adapter à la culture numérique actuelle. Nous renouvelons les formes, les pratiques liturgiques, le chant, mais nous ne touchons pas aux fondements de notre théologie qui ont été élaborés lors des réformes du 16ème siècle et des Réveils du 19ème siècle. Voici une piste à explorer.

Commenter cet article