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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Pour développer votre communauté, développez les personnes ressources (partie 1)

2 Octobre 2024, 07:14am

Publié par Henri Bacher

Par personnes ressources, j'entends des chrétiens qui mettent leurs talents, leur expérience, leur expertise au service des personnes qui en ont besoin. Dans la communauté même, mais aussi pour ceux qui n’en font (pas encore) partie. Le plus difficile, c'est de trouver un système pour mettre en relation les demandeurs et ceux qui offrent leur service. Dans une petite communauté, ça se fait presque automatiquement, mais plus elle est grande, moins cette manière de rendre service est performante.

Nos communautés se sont transformées en messagerie au lieu de devenir une « entreprise »* spirituelle de service à la personne.
Prenez l'exemple du Christ qui a sillonné le pays d'Israël, en cherchant à rendre prioritairement service et non à prêcher ou à étudier la Torah. Il a joué au traiteur providentiel lors d'un mariage à Cana (Jean 2), sans même transformer son miracle en message pour les convives. Sa préoccupation première, lorsqu'il se trouve en face d'une foule nombreuse en plein no-mans land (Jean 6) est de se préoccuper de l'intendance pour les nourrir. Vous me direz, c'est facile, Jésus le fait à coup de miracles, mais je vous rappelle que le Christ nous équipe également pour «performer» un miracle. Bon, on est d'accord qu'on n'a pas le même discernement, ni les mêmes compétences pour opérer un miracle, encore que les compétences s'acquière en se formant.

Par contre, nous adorons prêcher. Nous pensons que c'est une aide essentielle. Plus que le service à la personne, puisque pour nous évangéliques, nous avons bien gobé le message des philosophes qui sont convaincus qu'ils peuvent changer le monde par la pensée, la bonne manière de penser, pardon.

Nous attendons que le service à la personne se fasse un peu au petit bonheur la chance, lors de l'après-culte. On a surinvesti dans la prédication (dans la pensée). Le reste de la spiritualité chrétienne disparaît ou passe dans l'ombre, surtout celui de l'entraide. Bien sûr, on a un service d'entraide officiel, mais je pense au chrétien lambda ou à un pas-encore-chrétien, qui a peut-être juste besoin d'un conseil, d'une indication pour savoir où trouver une aide compétente. Comme par exemple, pour une maman qui cherche à allaiter son premier gamin et qui a besoin de conseils d'une maman expérimentée. Souvent, on n'ose pas demander ou même offrir ce genre de service à une personne qui n'est pas de la famille.

* Par entreprise, j'entends un service sans but lucratif.

Imaginez que votre communauté soit plus connue pour un centre d'aide de tout bord que pour une église.
Le texte ci-dessous montre bien là où le Christ met l'accent.

Ils trouvèrent Jésus de l'autre côté du lac et lui dirent: « Maître, quand es-tu arrivé ici? » Jésus leur répondit: « Oui, je vous le déclare, c'est la vérité: vous me cherchez parce que vous avez mangé du pain à votre faim, et non parce que vous avez saisi le sens de mes signes miraculeux ». (Jean 6:25-26)

Jésus a bien compris que la foule ne le cherchait pas en premier pour son message divin (pour sa pensée), mais pour le service qu'il leur rendait. Pourtant, il n'a pas rechigné à répondre en priorité à ces besoins tout terre-à-terre. En terre de mission dans l'hémisphère sud, à ce genre de service on donne le nom de « chrétien-médicaments ». Le problème supplémentaire, c'est que nous nous focalisons surtout sur les besoins spirituels : sens de la vie, peur de la mort, équilibre émotionnel, salut spirituel, etc. Comme les services sociaux, de santé, d'éducation dans les pays européens fonctionnent encore relativement bien, même s'il y a des lacunes et parfois même de grandes lacunes, l'église ne se sent plus le devoir de suppléer aux manques dans ces domaines. Elle a sous-traité ces services à l'État. Elle lance bien des écoles privées, par exemple, mais c'est plutôt dans le sens d'influencer une génération par l'enseignement. Ce n'est pas une aide, comme nous le souhaitons, mais une manière de répondre aux riches qui permet de mettre leurs gamins dans un endroit sécurisant.
Peut-être des écoles privées gratuites dans une banlieue pourrie pourraient donner une aide significative.

Par contre, ce qui manque aujourd'hui, c'est la vraie proximité
Celle d'une personne qui est physiquement, en « live », comme on dit, à côté de vous. Je reprends l'exemple de l'allaitement. La mère trouvera bien des tutos sur le net qui lui donneront des réponses tout aussi adéquates, mais ces tutos ne prennent pas en compte le besoin de juste partager une petite angoisse de mère. Serais-je capable d'allaiter ? Est-ce que c'est vraiment mieux que le biberon ? Puis-je allaiter en public ? Dans le cadre du culte, parmi les autres participants ? 
Vous savez très bien que ce ne sont pas les grandes innovations qui nous font le plus peur, mais surtout les petites contrariétés liées à la gestion de nos réactions dans un cadre intime et communautaire.

Dans la société et par ricochet dans l'église, on ne sait plus parler, parce que les supports technologiques du numérique nous ont volé notre corps et ses fonctionnalités pour les transformer en tiroir caisse. On peut plus facilement discerner les besoins du moment lors d'une conversation informelle.

Comment organiser le travail des personnes ressources ?
Si notre proposition vous intéresse. Consultez le post suivant, une mise en route pratique. 

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