Pour développer votre communauté, développez les personnes ressources (partie 2)
Consultez la première partie qui donne un aperçu général sur ce que nous entendons par personnes ressources et de leur utilité pour le développement d'une communauté chrétienne. Ci-après, nous donnons quelques idées pratiques pour lancer ou consolider une telle activité.
La stratégie
Mettez l'accent non sur le message, mais sur le service. Comme le Christ avec la multiplication des pains. Il rend d'abord service et puis il enseigne le lendemain (Jean 6). Notre interlocuteur doit pouvoir nous regarder dans les yeux.
Sélectionnez et formez des personnes qui ont une expertise, un talent qu'elles pourraient mettre au service d'une autre personne. Dans tous les domaines imaginables. Cette expertise peut aller d'un talent manuel (couture, cuisine, mécanique, etc.) à un talent d'écoute et de conseiller en passant par l'informatique, le covoiturage, un service de taxi, la garde d'un enfant malade, d'écrivain public. La formation consiste aussi à savoir comment « infiltrer » le message de l'évangile dans notre service ou conseil, sans devenir un « prêcheur ».
Le but premier d'un tel service
C'est de concrétiser la présence de la communauté chrétienne dans le tissu social où se trouve l'église. C'est-à-dire se faire connaître et par ricochet le message de l'évangile, autrement que par l'aspect liturgique comme le culte du dimanche matin.
C'est surtout influencer.
Commencez d'abord par mettre au point le service dans le cadre de la communauté, avec des personnes que l'on connaît. Une manière aussi de tester ses compétences, car tout le monde n'a pas forcément le talent d'un conseiller ou d'une conseillère chevronnés. Par contre, tout le monde peut rendre un service de proximité.
En l'étendant par la suite à tout l'espace socio-culturel atteint par les membres de la communauté. Vous pourriez même faire une publicité externe à l'église, en spécifiant la portée d'un tel service, mais aussi ses limites. Il ne s'agit pas de remplacer des professionnels, mais d'orienter plus loin les personnes aidées, si on n'a pas les moyens à disposition pour traiter des cas très spécifiques. Précisez surtout que vous n'êtes pas un service social d'aide financière, mais que vous pouvez les orienter vers des services spécialisés.
Comment pratiquement organiser un tel service ?
O Donnez d'abord un nom valorisant comme celui d'influenceur-euse.
O Demandez ou aidez la personne sélectionnée à rédiger une courte présentation de son offre que vous allez diffuser en interne. Peut-être avec sa photo de profil.
O Ne permettez pas qu'une personne officie comme influenceur ou influenceuse sans formation préalable.
O Si vous êtes une grande communauté, faites passer les demandes de conseils ou d'aide à votre secrétariat central qui transmettra la demande.
Si vous vous projetez sur l'extérieur, protégez vos influenceurs-euses. Ne mettez pas leur nom ou leur photo et leur adresse sur vos publicités. Les personnes malveillantes sont aussi à l'affût pour influencer par la négative. Lorsqu'une demande est validée par le Secrétariat, proposez que la ou les premières rencontres d'échange se fassent dans les locaux de la communauté. C'est aussi une manière de les habituer au contact visuel avec le bâtiment « église » et de montrer que le service est lié à une communauté et non pas seulement à une personne individuelle. L'influenceur-euse se revêt en même temps d'une certaine autorité. Elle agit au nom d'une communauté. C'est aussi une protection pour la personne aidée, surtout si le conseiller n'est pas du même sexe. Par la suite, c'est à l'influenceur-euse de décider du lieu, à moins qu'il s'agisse d'une urgence, mais de préférence, n'utilisez pas votre domicile privé à moins de servir vos voisins immédiats.
Reste la question du service gratuit ou payant ?
O À l'intérieur, pour les membres de la communauté, il est clair que le conseil ou le service est gratuit, mais on peut aussi suggérer la notion de troc. Je te garde ton enfant malade, quel service m'offres-tu en contrepartie ? Surtout si c'est un service qui se prolonge. Ceci pour éviter l'exploitation de son prochain sous prétexte d'être frère ou sœur en Christ.
O Pour l'extérieur, nous déconseillons la gratuité. Nous avons aussi un rôle éducatif à jouer dans la société. Par contre, refusez une contribution financière directe du style commercial. Un service selon un tarif. Vous pouvez aussi proposer le troc. Vous êtes un excellent mécanicien. Sans être professionnel, vous pouvez donner un coup de main occasionnel. En contrepartie, vous pourriez suggérer que la personne que vous aidez, vous rende un autre service. Vous pourriez aussi demander que la personne que vous aidez fasse un don, sans spécifier le montant, à une ONG de votre choix.
Le sas d'intégration
C'est la clé de toute la procédure pour les personnes extérieures à la communauté. Pour celles intéressées par l'évangile, par le biais d'un service ou d'un conseil, on ne devrait pas leur proposer une participation directe à un culte. Le saut culturel est trop grand. C'est pourquoi il faut un sas d'intégration. Un lieu où les gens se familiarisent avec la mentalité chrétienne, avec son vocabulaire, avec ses habitudes. Les personnes pas-encore-chrétiennes ne sont généralement plus catéchisées, donc elles tombent en terre inconnue, comme l'exemple des fameuses séries de télé sur le même sujet. Nous proposons Fraterpoly comme source d'idées pour animer ce genre de groupe.