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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Attention ! Nos églises se fragilisent !

30 Janvier 2025, 08:00am

Publié par Henri Bacher

À nouveau, nous nous inspirons du théomimétisme pour réfléchir à la manière dont l'église pourrait se développer. Nous prenons l'exemple des radiolaires, ces organismes marins unicellulaires apparus, nous dirions plutôt créés, il y a plus de 600 millions d'années, pour esquisser un modèle pour la culture des réseaux sociaux.
* L'image de couverture est une vue artistique et non réaliste des radiolaires.


Notre référence, pour étayer notre argumentation, repose sur la deuxième Révélation, celle de la Création dont parle l'apôtre Paul dans Romains 1:20.

O Les paléontologues ont constaté qu'au cours de l'évolution, les radiolaires du Quaternaire sont devenus quatre fois plus légers, tout en restant aussi résistants que ceux de l'Éocène.
O Leur structure radiale rigide est construite selon un plan géométrique spécifique. 

 

 

O Dès les années 1970, plusieurs architectes et inventeurs se sont inspirés de cette structure géométrique des radiolaires dont un certain Buckminster Fuller qui a construit le Pavillon des États-Unis pour l'Exposition Universelle en 1967 à Montréal. Cette structure était sans contredit la plus célèbre de l'Expo 67. 

Ce gigantesque dôme géodésique de 20 étages (61 m de haut), possède un diamètre de 76 m. 
O Fuller et un autre architecte du nom de Frei Otto prônaient un retour aux formes élémentaires de la nature pour coloniser les zones les plus inhospitalières de la planète.


Notre approche pour revitaliser le développement de nouvelles communautés chrétiennes s'inspire de ces architectes.

O Ce que ces architectes ont créé ressemble aux principes de développement du Dieu Créateur.
O Par exemple, en ce qui concerne sa stratégie avec les humains et le développement de toutes articulations de type communautaire, il commence par une pièce primaire standalone. On peut parfaitement observer au microscope un radiolaire et l'identifier, et même on peut copier sa structure et sa forme. Comme Adam et Eve étaient identifiables. Ils étaient destinés à s'accoupler. Seuls, ils seraient restés éternellement seuls. Le radiolaire fait partie d'un ensemble essentiel pour un des développements de la vie. Tout type de communauté, que ce soit la communauté familiale ou le démarrage d'une tribu et plus tard d'une peuplade, cela commence par une «pièce» standalone. Jésus a choisi ses disciples un à un. L'évangélisation est souvent comparée à la pêche à la ligne.

 

Pour évangéliser, les églises européennes ont besoin de revenir à une forme de communauté élémentaire, qui commence avec un seul individu.

O Mais, si cet individu est seul, il ne pourra pas vraiment prospérer. Il faut commencer par lui adjoindre un ou une compagne ou en tout cas, une autre personne. C'est ainsi que commence le principe de multiplication et ce retour aux «formes élémentaires» de nos deux architectes. C'est la création de groupes de maison. C'est le facteur «Lydie» (Actes 16:11-16).
O Par groupes de maison, nous ne pensons pas à des groupes qui exclusivement étudient la Bible, qui prient ensemble, mais qui développent une vie communautaire basée sur la confiance et l'entraide, le partage des joies, des soucis, qui, bien sûr, à l'occasion, vont ouvrir la Bible. Ce ne sont pas des églises de maisons, mais des communautés de palier. Ce qui veut dire que ces personnes qui se rassemblent doivent être dans un rayon accessible à pied ou à un minimum de temps de transport (voiture et bus).

 

Pourquoi favoriser ce genre de configuration «ecclésiale»?
O
Le plus grand problème que nous rencontrons dans nos sociétés occidentales, c'est la perte de confiance dans nos institutions, y compris dans nos courants «mainstream» d'églises, catholiques, réformées, luthériennes, évangéliques. Les différents scandales ont érodé la confiance, mais aussi ces milliardaires, liés à la foi chrétienne, qui prétendent sauver la démocratie en favorisant les extrémismes politiques. Comment peut-on magnifier les soldats qui louent Dieu par milliers comme dans ce clip? Le problème est encore amplifié parce que cette perte de confiance s'étend à toute institution qui structure nos sociétés: les partis politiques qui encadrent la vie des citoyens et leurs élites dites élues, le système juridique, scolaire, de santé. Tout est gangrené, et comme les réseaux sociaux ne font leur beurre qu'en diffusant massivement de mauvaises nouvelles qui attirent bien plus que les news d'espérance, la boucle est bouclée.
O Ce n'est pas par le haut qu'on va rétablir la confiance. Par exemple, en élisant un président qui sera notre héros pour assainir notre société. 
C'est bien au niveau local, celui du «palier» qu'on va pouvoir enseigner et pratiquer la confiance. Dans le village alsacien protestant où j'ai grandi, on pouvait laisser sa maison ouverte en partant dans les vignes. Ceci a aussi changé aujourd'hui. Dans notre communauté de palier, nos voisins ou nous-mêmes, en partant en vacances, nous pouvons confier nos clés d'appartement les uns aux autres. Il nous est même arrivé, pour dépanner, de prêter notre carte de crédit.
O Nos concitoyens ont besoin de voir pour croire. Voir dans nos comportements de tous les jours notre christianisme. Ils sont devenus méfiants aussi vis-à-vis des «messages» de tout bord, y compris ceux des chrétiens qui maîtrisent de mieux en mieux les performances scéniques des réseaux sociaux. 
O Le sol socioculturel occidental est devenu imperméable aux appels de Dieu et évangéliser se transforme très souvent en labourage et en semis infructueux. Même Jésus s'est confronté à cette réalité, dans le village de Nazareth où il a grandi (Marc 6:1-6). Aujourd'hui, le «Nazareth» s'est étendu au monde occidental. Les nouvelles églises qui se développent pompent souvent leurs follovers, dans d'anciens tissus ecclésiastiques chrétiens qui ne satisfont plus les aspirations culturelles de leurs membres, sans parler des aspirations spirituelles, plus branchées sur l'émotionnel et moins sur le rationnel.
O Le retour sur une pratique locale sur un palier d'appartement n'est pas forcément la panacée, mais c'est une des solutions à tester.


Qu'y a-t-il de nouveau dans ce que nous proposons?

O Les groupes de maison existent depuis quelques décennies et les Cours Alpha ont fait un travail formidable.
O Ce que nous suggérons, c'est de reconstruire le système des groupes ou communautés de palier à partir de la base, sans tenir compte du modèle dominant de la manière de faire église. Ce modèle continuera encore un bout de temps, mais il s'effiloche sous la pression de la culture des réseaux sociaux, qui ne fonctionnent plus selon le modèle scolaire. D'ailleurs, Alpha organise des cours sur la base, entre autres, d'un livre. Nous nous retrouvons comme à l'époque du Christ. Il n'a pas créé de petites yechivas christiques pour renouveler le tissu des synagogues. Il n'a non plus tourné le dos à la synagogue. Au contraire, il la fréquentait. Sa manière de procéder, c'était de construire une base pour l'éclosion d'une toute nouvelle manière de se réunir en communauté. Il a planté la graine communautaire qui allait développer l'église chrétienne.
O À partir du modèle des radiolaires, nos architectes n'ont pas pu créer n'importe quelle structure architecturale. Le résultat final a dû correspondre au modèle de base utilisé, à savoir les radiolaires.
O Les réformateurs comme Calvin, Luther, Zwingli, Bucer ont «chouravé» les bâtiments catholiques. Ils n’ont pas changé fondamentalement la manière de faire église. Ils l'ont adaptée à leur théologie.
O Les «Réveillés» du 19ᵉ siècle n'ont pas récupéré les bâtiments et les usages des églises chrétiennes de l'époque. Ils ont commencé à se réunir «standalone», inventant leur propre manière de faire un culte, de prier en communauté, de chanter. Malheureusement, à mon humble avis, ils sont au 21ᵉ siècle retournés dans les anciennes ornières ecclésiastiques, même s'ils avaient ouvert une brèche.

En partant de notre modèle Fraterpoly, il faudra aussi développer de nouveaux types de communautés qui prennent en compte la culture (l'architecture) de base de ces nouveaux groupes

O Le modèle Fraterpoly est très peu adapté aux communautés classiques. Ce sera comme un corps «étranger» qu'on voudra greffer sur l'ancienne branche.
O C'est pourquoi nous valorisons le développement d'une nouvelle communauté à consonance Fraterpoly ou autre (nous n'avons pas l'exclusivité de la nouveauté, heureusement!) sous le même toit. Sans rupture avec l'ancien tissu, mais en travaillant sur des liens non liturgiques, culturels. Comme Jésus et l'apôtre Paul qui fréquentaient les juifs de la synagogue. Avec la différence que l'ancien tissu n'est pas à réformer. Il a sa propre dynamique qui va encore servir bien des personnes.

 

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