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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Théomimétisme*: une nouvelle approche théologique pour mieux saisir la personnalité et le mode de penser de Dieu.

6 Juillet 2017, 16:52pm

Publié par Henri Bacher

La théologie issue de la Réforme a été pilotée par le texte et par le système scolaire. D’ailleurs, tout le vocabulaire utilisé dans le cadre de l’église rappelle l’école: professeur de théologie, enseignant, enseignement, lecture et étude du texte biblique ou école du dimanche pour les enfants. Aujourd’hui s’ouvre un autre champ d’exploration pour la spiritualité chrétienne dans le domaine de la nature, de la création de Dieu. Théomimétisme fait référence à un développement de la recherche scientifique appelé biomimétisme. Le monde scientifique apprend à copier la nature pour développer de nouveaux produits et de nouvelles manière de fonctionner dans la société humaine. Je prône de s’inspirer de la création pour trouver de nouvelles formes de pensée, de nouvelles structures pour l’église, de nouvelles manières d’expliquer des vérités bibliques. Quoi de plus évident que de copier l’œuvre de Dieu, surtout que l’apôtre Paul parle de la création comme deuxième source de révélation:

La puissance sans limites de Dieu et ce qu’il est lui-même sont des réalités qu’on ne voit pas. Mais depuis la création du monde, l’intelligence peut les connaître à travers ce qu’il a fait. Les êtres humains sont donc sans excuse. Romains 1:20

 

Pourquoi voulons-nous mixer le texte biblique et son étude avec une approche largement inspirée par le mouvement écologique?

 

L’intéressant dans ma proposition, c’est de coller à l’aspiration des gens d’aujourd’hui. Il y a une vraie prise de conscience que la nature est vraiment importante pour les humains. Il y a un engouement très fort pour notre environnement physique. Les hommes commencent à s’intéresser à quelque chose que Dieu a fait, même si la majorité des terriens ne voit pas le Créateur derrière la création. Ne faudrait-il pas se réjouir de cet intérêt, dicté, bien sûr, par des circonstances climatiques défavorables et par une large médiatisation de ces problèmes? Les journalistes et les chercheurs commencent à ouvrir un boulevard pour faire connaître le Créateur. Les gens, en général, ont plus confiance dans le scientifique que dans le prêtre. C’est une vraie aubaine pour l’évangélisation et nous avons de puissants arguments pour convaincre nos concitoyens, à condition, de ne pas tomber dans le «scolaire». 

 

Le binôme Bible et Création ne peut pas se séparer. C’est ma réponse à la question posée. Mais j’ai aussi une critique. On a relégué la création de Dieu à une carte postale, juste pour admirer le Créateur. Je ne crois pas que Dieu ait construit un univers aussi extraordinaire et complexe, pour le réduire à de beaux paysages et couchers de soleil. La Création est un livre ouvert pour améliorer notre compréhension de Dieu, sauf que nos théologiens ont toujours le nez dans des textes, au lieu de lever aussi les yeux sur les étoiles et dans l’infiniment petit.

La bouée c’est le texte révélé qui nous indique l’entrée dans le port. C’est l’histoire du salut. Cette histoire est lestée par la Création. Sans la création, la Bible flotterait d’une manière incohérente. Elle est enchâssée dans la création comme un diamant dans une bague. Le problème, c’est que chaque culture a une tendance hégémonique. Au bout de quelques temps, elle a un comportement dictatoriale. Ainsi en est-il de la culture du livre. Elle a mangé ou mis la spiritualité chrétienne sous sa coupe, au lieu de continuer à la servir. Il faut donc trouver un recentrage en prenant en compte le deuxième “livre” de révélation.

La bouée c’est le texte révélé qui nous indique l’entrée dans le port. C’est l’histoire du salut. Cette histoire est lestée par la Création. Sans la création, la Bible flotterait d’une manière incohérente. Elle est enchâssée dans la création comme un diamant dans une bague. Le problème, c’est que chaque culture a une tendance hégémonique. Au bout de quelques temps, elle a un comportement dictatoriale. Ainsi en est-il de la culture du livre. Elle a mangé ou mis la spiritualité chrétienne sous sa coupe, au lieu de continuer à la servir. Il faut donc trouver un recentrage en prenant en compte le deuxième “livre” de révélation.

En quoi, le théomimétisme peut être une aide à la compréhension de Dieu et permettre le développement de l’église?


Observer le fonctionnement de la nature, comme le font les scientifiques, nous permet de comprendre comment Dieu agence la vie. On peut en tirer des exemples de développement et de comportement. Lorsque le scientifique découvre que c’est grâce à la diversité que la nature se rend résistante aux contraintes extérieures, on peut se demander si les grandes multinationales ecclésiastiques ne sont pas en train de rendre l’église vulnérable aux persécutions au lieu de la renforcer. Est-ce que dans le cas de ces développements modernes de l’église on ne prend pas plutôt exclusivement exemple sur le marketing, donc sur  le monde économique, au lieu de s’inspirer de la création de Dieu? Ce qui ne veut pas dire que le management ou même le marketing ne nous enseigne rien. Dans l’implantation d’une église, on garde les yeux rivés sur un sujet sans l’envisager dans sa globalité. La nature nous enseigne l’interdépendance et le modèle utilisé très souvent par les biomimétistes, c’est la forêt. Dans le cadre du vivant, il y a une gamme de relations qui s’élaborent. Celui de la compétition, comme la mauvaise herbe qui gangrène les plantations ou celui du vivre en symbiose, comme la forêt où se mêle grands et petits arbres, fougères et plantes comestibles pour les animaux. Il peut aussi y avoir des prises de pouvoir par une seule espèce plantée par l’homme, comme l’extension de la plantation des palmes ou une forêt de séquoias, plantée par un protecteur du séquoia, que j’ai visité près de San Francisco. Il n’y avait, dans cette forêt, que ce type d’arbres et à la sortie j’ai demandé à l’un des guides pourquoi on n’entendait pas un seul chant d’oiseau. On m’a répondu que les séquoias qui colonisent en masse un espace, ne permettent pas la production de nourriture pour les oiseaux (petits fruits, etc.). Ne pourrait-on pas imaginer que les églises travaillent en symbiose pour s’étendre dans un espace urbain ou campagnard? La compétition consomme beaucoup d’énergie et on a surtout tendance à croire qu’une petite entité ecclésiastique, n’a plus vraiment sa place. Il faudrait commencer par travailler sur la symbiose entre deux communautés chrétiennes. Comment l’une peut tirer parti de l’autre sans se cannibaliser? Ne parlons pas des plantes invasives ou des animaux importés dans un espace où personne ne limite leur développement. Dans quelle mesure on n’a pas parfois importé ou exporté des types d’églises qui se sont comportés comme des envahisseurs. La diffusion de l’évangile ne s’apparente pas à une conquête de type colonial. Certaines populations sont peut-être réfractaires à la foi chrétienne, parce qu’on les a envahies au lieu de les aimer et d’aimer aussi leur culture et leur style de vie.

Regardez

Ce serait vraiment intéressant d’explorer le texte biblique en le faisant s’entrechoquer avec le «livre» de la Création. Jésus le faisait déjà lorsqu’il dit: “Regardez le lys des champs…(Matthieu 6:24-34). Aujourd’hui, il dirait peut-être «regardez la lune qui stabilise la terre dans sa rotation, sinon, elle aurait un parcours erratique». C’est l’image de la femme par rapport à l’homme ou vice versa.

*Théomimétisme: vocabulaire bricolé par l’auteur

Pour de plus amples informations sur le biomimétisme et la bio-inspiration:

Hors Série «Sciences» (M02888 - N° 27 du 16 juin 2017)  du Journal La Vie: La Nature pour modèle. C’est uniquement un hors série de vulgarisation scientifique.

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