Comment réenchanter notre spiritualité?
Vous allez trouver scandaleux de mélanger le business du luxe et la foi chrétienne, mais le Christ utilise par exemple l'exemple d'un juge inique (Luc 18:1-8) pour illustrer une vérité spirituelle. Je trouve très intéressant que, entre autre, c'est l'industrie du luxe qui attire l'attention sur le réenchantement de l'existence*. Pourquoi? Peut-être avons-nous oublié de rappeler à nos concitoyens que Dieu peut aussi offrir une nouvelle aspiration collective d'espérance, qui va au-delà de sauver la planète.
* Article du Nouvel Observateur (N° 3107) avec comme titre
«Vers l'infini et au-delà» Voir les pointes de l'article en fin du post.
Résumé pour les gens pressés
Si les grandes maisons du luxe investissent de nouveaux territoires pour réenchanter l'achat, à plus forte raison, n'aurions-nous pas le potentiel pour offrir aussi et surtout pour transmettre des messages, un style de vie qui donnent envie, pas d'acheter, mais d'expérimenter la spiritualité chrétienne? Voici donc quelques pistes de réflexion, où nous posons aussi des bémols à cette théologie «mortifère» héritée du 19e siècle qui avait donné de bons résultats, mais qui aujourd'hui tourne à vide.
«Ici et maintenant»
Par le passé, c'était le grand slogan de nos activités spirituelles. La théologie issue des Réveils du 19e siècle, nous colle encore à la peau spirituelle. Elle attirait notre regard, vers le bas, sur notre nature pécheresse, sur nos comportements inspirés par l'esprit du monde. Le chrétien devait se séparer du monde, se convertir avec comme corollaire de ne plus boire de l'alcool, de ne pas aller danser, de ne pas fumer. Et j'ajouterai où les femmes sont soumises aux hommes. Heureusement, ce n'est de loin plus le contenu de la prédication aujourd'hui. Bien sûr, à l'époque, il y a eu aussi tout un mouvement pour aider les pauvres, comme avec les salutistes (Armée du Salut) qui font encore aujourd'hui un travail extraordinaire qui a inspiré bien d'autres mouvements. Mais notre théologie était principalement axée sur le fait qu'on était condamné éternellement si on n'acceptait pas le Christ.
Le «Ici et maintenant» se concentre aujourd'hui sur l'écologie et nos petites ou grandes peurs existentielles. Nous sommes invités à sauver la Terre, le climat. À soigner nos équilibres alimentaires, psychologiques, de santé. Peu à voir avec le réenchantement. Notre spiritualité a l'art de nous amener au prétoire, devant un juge. Les réseaux sociaux noircissent la réalité lorsqu'ils montent en épingle les violences qui apparaissent en gros titre, comme si à chaque coin de rue se trouve un brigand potentiel. Dans certains pays, oui, mais pas en France ou en Suisse. Notre vision de l'existence est complètement déformée par ces réseaux qui ne font qu'exagérer la réalité obscure, pour mieux nous proposer leur manne publicitaire, car nous raffolons de la méchanceté du monde.
La théologie du Royaume de Dieu
Je vous rappelle que le message principal du Christ était celui de la venue du Royaume de Dieu. Il faisait regarder ses concitoyens vers le haut, vers un avenir radieux et plein de promesses. Tout son travail était de montrer, au travers de ses messages et de ses miracles, que ce Royaume pouvait déjà commencer à exister sur terre. Quel est notre «Royaume»? Sauver le climat? Peut-être, sûrement, mais ce n'est pas trop encourageant. Je ne suis pas un climatosceptique, mais le Christ, qui était dans un pays occupé par des étrangers, avait une approche d'espérance.
Comment traduire la notion de «royaume» dans un contexte européen qui abhorre tout système politique, y compris la royauté ?
Par l'image du Club Med? Bien désuet aujourd'hui! Le star système hollywoodien? Les vieilles gloires en décrépitude! Les nouvelles stars comme Taylor Swift? Une beauté et un talent qui disparaissent comme de la vapeur au lever du soleil! Les chaînes de télé «hanounisées», «praudisées, «barthésisées» au quotidien? Je pense qu'il faudrait partir des aspirations du moment pour formuler un nouveau concept qui puisse rendre compte de ce que Dieu offre. Lorsque Jésus mettait en avant le royaume, il s'adressait à un peuple juif qui était sous la domination de l'empire romain qui allait détruire son temple? Les juifs aspiraient à retrouver la liberté et leur identité politique du passé. Jésus partait d'une aspiration collective, celle du Messie. Les premiers chrétiens n'ont pas cherché à politiser le messianisme, mais à le sublimer.
Quelle est cette aspiration collective d'aujourd'hui?
Nos concitoyens rêvent de vivre dans un jardin où coulent le lait et le miel (Nombres 14:8), exempt de conflits. Ils font d'ailleurs tout leur possible pour sauver ce «jardin» qu'ils localisent sur terre, par l'écologie, par des systèmes politiques qui essayent de contrôler les débordements de tout bord. Pour moi, comme il semble que nous sommes plus près de la fin du monde, nous retournons aux aspirations du début de ce monde, dans un jardin du type d'Eden. Un endroit pacifié, avec des relations harmonieuses entre les humains, avec un Dieu qui ne fait que se promener dans son jardin-ville, avec au milieu le nouvel arbre de vie, dont les feuilles guériront les peuples (Apocalypse 22:1-3). Un Dieu qui a changé son costume de juge, en celui d'un Père, compatissant, heureux de vivre avec une famille qui l'aura choisi. Nous ne serons pas des bâtards, mais nous aurons toute la légitimité de fils et de filles du Père éternel.
Comment développer un «réenchantement» chrétien?
Le Christ nous invite dans son jardin où coulent le lait et le miel, un espace éternel sans conflits, le paradis quoi! Au début de l'humanité, Dieu a fermé la porte du paradis et en a expulsé les humains récalcitrants, mais il a aussi prévu un retour possible par une nouvelle porte qu'il a mise à disposition, celle du Christ qui dit: «Je suis la porte. Celui qui entre en passant par moi sera sauvé; il pourra entrer et sortir, et il trouvera sa nourriture» (Jean 10:9).
Le message aujourd'hui
Jésus nous attend dans un jardin spécialement préparé pour nous. Avec de belles choses à voir, à entendre comme de supers spectacles son et lumière, un festin culinaire, de belles rencontres. La version de l'Apocalypse, c'est une ville, la nouvelle Jérusalem, mais la ville a moins la cotte actuellement, même si on aime bien visiter les grandes villes du monde.
Luxe: Vers l'infini et l'au-delà de Magali Moulinet (Article du Nouvel Obs)
Alors que la conquête spatiale ne cesse de nous fasciner, les grandes maisons s'engouffrent dans la Voie lactée à coup de silhouettes futuristes, de collaboration avec la NASA et de nouvelles matières innovantes. La maison de mode Coperni, un nouveau venu dans le monde du luxe, pour présenter leur collection automne-hiver 2024-2025, s'inspire, dans sa mise en scène, de l'Odyssée de l'espace de Stanley Kubrick. Leur devise, c'est de se montrer futuriste, tout en ayant un pied dans le présent. Le sémiologue Luca Marchetti analyse très bien ce besoin de nouvelles sensations où l'on quitte la «terre» pour l'espace: notre époque est marquée par les guerres et les crises successives, l'appétence pour la mode tend à diminuer, même pour les ultra-riches. Même dans le luxe on plafonne et on cherche à gonfler nos baudruches luxueuses par un «ailleurs» qui semble donner, au travers d'un habit, d'un bijou ou d'un sac à main, une illusion bien «cheap».