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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Comment développer une nouvelle stratégie pour sa communauté?

8 Janvier 2024, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Je pars d'un article qui met en avant le problème stratégique de toute organisation. Martin Vetterli, le directeur de l'École Polytechnique de Lausanne (EPFL) le constate dans le domaine de la formation et de la recherche. Raison de plus pour que l'église se penche sur cette problématique. Avez-vous une stratégie de développement pour votre communauté?

Revoir sa stratégie
Comme notre blog s'adresse en priorité aux «professionnels» de nos communautés, nous ciblerons spécialement la gestion du ministère. Le pasteur est très souvent accaparé par la gestion du programme de la semaine et en plus se coltine des imprévus comme des cérémonies d'enterrement, des mariages, des visites de malades. Il est submergé par des «détails» qui ont toute leur importance. Où aurait-il la possibilité de penser d'une manière stratégique? Il fait fonctionner un «moulin» qui tourne depuis longtemps et qui produit encore sa «farine». Ne serait-il pas important, surtout dans ces temps de profonds changements, de réfléchir à la stratégie à long terme du développement de votre communauté? Pour réfléchir à la stratégie, il faudra d'abord mettre de côté, en tout cas de temps en temps, ne serait-ce qu'une fois par année, la masse de détails qui encombre. Certes, on a tous des sortes de stratégie.
 

Comme la stratégie du fil tendu pour suspendre le linge.
C'est la plus répandue. C'est le fil qui est la ligne stratégique. Il ne change pas de position. Ce qui va changer, c'est le linge ou les objets qu'on va y suspendre. On y «sèche» des vêtements pour enfants, pour des jeunes, pour des adultes. Ces habits peuvent être vintage, à la mode, qu'importe, pourvu qu'ils sèchent. Comme pour le lavage, on reproduit chaque semaine, les mêmes gestes (liturgiques) de préférence. C'est un modèle qui a fonctionné. On n'avait pas besoin de se creuser la tête pour savoir où accrocher le fil. C'est un peu ce que critique Vetterli pour le CNRS.

Cette stratégie a été améliorée par les instituts et facultés de théologie. En premier lieu par les produits de lavage adaptés aux différents «tissus» socio-culturels et aux «taches» à éliminer. On a  même remplacé la corde par des séchoirs électroniques et la personne qui lave porte des écouteurs pour écouter de la musique chrétienne pendant son processus de lavage. Vous pensez que je divague avec mes exemples, mais j'utilise simplement le langage parabolique que le Christ a utilisé avant moi.

Comme aujourd'hui la stratégie du labyrinthe
Pour le pasteur, le monde socio-culturel et spirituel ressemble de plus en plus à un labyrinthe. On sait qu'il y a une sortie, mais on ne sait pas où la localiser. Elle a un nom: Jésus-Christ. Pour y arriver, auparavant on suivait un fléchage avec des écriteaux textuels. On suivait un plan de montage comme pour un meuble IKEA, à l'image des quatre lois spirituelles. Or, les gens aujourd'hui, lisent de moins en moins et ils se perdent même avec une bonne explication, parce qu'elle utilise un langage logique et raisonnable que nos concitoyens ne maîtrisent plus.

Hélas, dans le labyrinthe, on circule différemment. Le principe de base, c'est la recherche d'une solution et de la sortie. La plupart du temps les gens ne savent même pas ce qu'ils devraient rechercher. On leur montre souvent un plan de montage, sans leur montrer l'image du «meuble» final, parce qu'honnêtement nous n'avons pas l'image du Christ. Nous ne pouvons que leur montrer un vocable, un mot. Nous avons bien sacralisé ce mot ou bien on l'a transformé en icône, mais aucun des deux n'est pas très efficace.

Le pasteur, aujourd'hui, est un chercheur de stratégie et celle-ci diffère selon le public, qu'il a devant lui. La notion de recherche comme décrit dans Luc 11:9 est la mentalité de base à développer. C'est dommage que le système d'enseignement scolaire, dont le pasteur s'inspire, ne valorise que très peu, le «chercher» par soi-même. Certes nos concitoyens cherchent dans d'autres spiritualités que celles du christianisme, parce que quelque part on les a dégoûté par nos comportements. 

Quelles sont les conséquences de cette approche de chercheur?
Le pasteur est appelé à expérimenter des solutions et à favoriser ceux qui essayent quitte à se tromper comme dans un labyrinthe. Avant, on lui avait enseigné à suivre un plan bien défini. On pouvait l'appeler «théologie», «catéchisme», «liturgie», etc... Se pose alors la question comment, on va authentifier le Chemin avec un grand C? Le texte de «montage»? L'expérience émotionnelle, vécue pendant la recherche? Le bien être que peut provoquer une activité ésotérique comme le yoga qui est aussi une recherche d'équilibre intérieur? C'est le chrétien qui trouve la sortie, et qui va pouvoir témoigner comment il s'est pris pour «sortir et revenir». D'où l'importance, non du plan, du guide, mais de la personne qui connaît le chemin parce qu'il l'a parcouru. Le plus important, ce n'est pas la connaissance d'un texte ou d'une expérience spirituelle, mais de pouvoir témoigner qu'on a trouvé le Christ. C'est le témoin qui est la clé de voute du christianisme et pas une théologie, un «montage». Nous faisons fausse route en multipliant les «plans», les «guides», nous devons multiplier les témoins.

Un exemple
Tout récemment, j'ai rencontré une jeune femme, qui, certes, pendant son adolescence avait fréquenté de temps en temps un groupe de jeunes évangéliques, sans comprendre grand-chose aux études bibliques. Elle ne s'est pas convertie. Elle n'a pas appris par cœur le guide, le plan (du salut) et elle a laissé tomber toute fréquentation d'un groupe chrétien, parce qu'elle n'y comprenait rien et surtout n'arrivait pas à faire le «montage». Par contre, elle s'est forgée une sorte de spiritualité où elle parlait très souvent à quelqu'un qu'elle nommait «Univers». Elle a même expérimenté des réponses pratiques à des demandes d'aide qui sont venues, comme elle dit, pas par hasard, mais comme une réponse à sa prière. Je ne lui ai pas dit qu'elle se trompait (de chemin), mais que moi, j'appelais cet «Univers», «mon Père céleste». J'ai témoigné de mon appartenance. Je lui est conseillé de continuer à chercher, à approfondir cette relation au travers de ses conciliabules intimes. Cette femme trouvera la sortie ! Aussi à cause d'un autre élément qui devra être mis en évidence dans le labyrinthe: le travail du Saint-Esprit.

Le travail du Saint-Esprit dans le labyrinthe
Nos plans de salut à connotation scolaire, pouvaient assez facilement mettre l'inspiration du Saint-Esprit en sourdine. Le plan était très clair. Il suffisait de le suivre et de l'appliquer. Croire, voulait dire appliquer le plan. Comment appliquer un plan quand tu as de la difficulté à assembler? Pas par manque de volonté, mais simplement parce que ce n'est pas ta tasse de thé, surtout culturellement parlant.

Je vais proférer quelque chose qui va vous choquer. Depuis la Réforme et des Réveils du 19ème siècle, c'est la Parole (surtout écrite) qui avait le lead dans la spiritualité réformée et évangélique. Le Saint Esprit, on ne savait pas trop, à part chez les pentecôtistes et plus tard chez les charismatiques comment «dealer» avec lui. Il restait bien en place dans la Trinité, mais on n'essayait pas trop de le faire intervenir directement. C'est plutôt le texte biblique qui «parlait» puisqu'on pouvait le comprendre avec notre intelligence et notre logique humaine. Ce procédé de captation a fait des merveilles, mais aujourd'hui, dans notre labyrinthe, c'est le Saint Esprit qui aura le lead. Le texte biblique aura, par en dessous, le rôle de contrôle. Toute expérience, tout témoignage devra être filtré par la Bible.

Apprendre et utiliser le potentiel du Saint-Esprit
C'est ça, l'enjeu de nos communautés évangéliques. Savoir comment discerner quand et comment le Dieu trinitaire, Père, Fils et Saint-Esprit, parle et agit prioritairement par le Saint-Esprit. La Bible ne fait pas partie de la trinité. Dans le labyrinthe, il faut avant tout rechercher l'inspiration du Saint-Esprit.

 

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