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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

La Bible: carte ou territoire?

23 Septembre 2021, 08:00am

Publié par Henri Bacher

La Bible: carte ou territoire?

Dans ce passage d'une culture scolaire à la culture numérique comment devrait-on expliquer la Bible? Nous proposons d'explorer le binôme «carte» et «territoire». Nous avons souvent pris la Bible comme reflet réel du «territoire» spirituel. Une carte, même très, très précise, ne peut pas se confondre avec la réalité du terrain. Comment valoriser l'importance de la «carte», sans tomber dans la confusion entre carte et territoire?

 La Bible, une carte routière?

La théologie et la spiritualité développées à partir du texte et du livre, nous ont éduqués à explorer la réalité, surtout spirituelle, premièrement au travers du mot, puis de la phrase. Le discours sur la réalité a pris le pas sur l'expérimentation de celle-ci dans le cadre de la communauté cultuelle. Le mot fait office de sésame pour entrer dans la réalité des choses. Le texte écrit (les phrases) se comporte comme une grille de lecture de la réalité. C'est comme si on prenait une carte pour comprendre la réalité d'un territoire. C'est sûr, qu'une carte peut nous donner des tas d'indications. D'ailleurs le GPS en voiture, qui est lecture d'une carte, nous permet d'arriver à bon port, mais le GPS ne nous permet pas de discerner les vrais enjeux du moment. Il ne nous dira pas s'il faut quitter la route pour aider un pauvre malheureux, comme avec l'exemple de la parabole du samaritain. C'est pas dans ses attributs et fonctionnalités. Il donne le tracé du chemin exact. Ainsi en est-il de la Bible. Pour connaître le chemin «rectiligne», le meilleur, le plus efficace, il faut consulter la Bible.

Le rôle du Saint-Esprit

C'est lui, seul, qui peut nous guider dans notre réalité. Le texte imprimé n'est que le viseur pour atteindre la cible, mais le Saint Esprit c'est celui qui connaît la réalité et surtout la mienne. Avec le catéchisme, par exemple, on a appris aux enfants, aux jeunes, aux nouveaux convertis à savoir déchiffrer une «carte». Les études bibliques pour adultes remplissent parfois le même rôle. Par contre, le Saint-Esprit, c'est lui seul qui connaît le tracé idéal de nos vies (le territoire) qui n'est pas forcément celui du GPS. Ce tracé ne sera pas en contradiction avec les indications fournies par la Bible, mais il fera du sur-mesure. Il va opérer à la demande. Demande qui vient de sa part ou selon les besoins qu'on va lui exprimer pour notre vie. Il va nous inspirer. Cette inspiration peut s'obtenir personnellement à l'aide de la prière, par des intuitions, mais aussi, communautairement, par les dons spirituels qui sont souvent partagés par des personnes qui font la même route que nous. 

Les églises qui se réfèrent presqu'uniquement à la Bible pour se diriger dans la vie, amputent la vie spirituelle en mettant le Saint Esprit en arrière-plan. Le problème de la culture de l'écrit et de la lecture, c'est de s'être comporté, comme interpréteur exclusif de la réalité, au lieu d'y associer l'action du Saint Esprit. Les adeptes de la nouvelle culture numérique liée aux émotions, vont se comporter de la même façon. Ils vont croire qu'au travers des émotions, des images, des impressions, du mouvement, de la musique, cette nouvelle culture sera le meilleur connecteur avec Dieu.

Comment gérer cet équilibre entre Bible et Saint-Esprit?

1. Ne pas mettre le texte biblique au même niveau que le Saint-Esprit. L'Esprit est l'inspirateur des «cartographes», des «scribes» qui ont composé le texte sacré, mais ce ne sont pas eux ni leur texte qui sont sur le devant de la scène. Bien sûr, les théologiens ne m'ont pas attendu pour affirmer ce que j'essaie d'expliquer, mais il faut bien se rendre à l'évidence que cette notion de la Bible quatrième personne de la Trinité est bien installée dans la mentalité et dans la culture évangélique. Et ça a bien aidé le théologien à profiter de cette élévation du texte sacré pour pouvoir exercer son influence de discoureur biblique.

En fait, lors de notre conversion, la relation au Saint-Esprit est préinstallée comme une fonction wifi sur un smartphone. Elle est même directement et automatiquement connectée à la «boîte spirituelle de Dieu», sans besoin d'un code d'accès de notre part. Le contrôle de la connexion se fait en amont chez Dieu, lui-même. Il nous connaît depuis bien avant notre naissance. 

Mais pourtant, on peut définitivement déconnecter cette connexion et la Bible nous explique que c'est le péché contre le Saint-Esprit. 

Luc 12:10 (BFC) Quiconque dira une parole contre le Fils de l'homme sera pardonné; mais celui qui aura fait insulte au Saint-Esprit ne recevra pas de pardon.

Le Saint-Esprit va donc opérer et gérer des tas de fonctionnalités en sous-main et en continu d'une manière invisible, comme par exemple la conviction que nous sommes sauvés ou la faculté de faire confiance à une promesse de Dieu. Il nous fait aussi comprendre le déchiffrage de la «carte biblique». Voici un clip pour expliquer comment savoir si on est branché sur la «boîte spirituelle de Dieu»:

2. Il faut se méfier de ces spécialistes «cartographes» qui se nomment exégètes, théologiens qui vous décrivent la réalité (le territoire) de l'action de Dieu par déduction uniquement à partir de la carte. 

Qu'est-ce qui est le plus important pour le chrétien?

Je vais vous raconter une histoire personnelle pour illustrer ce travail du Saint-Esprit. Je rentrais, un jour de grosse pluie, à la maison. Je vois à un kilomètre de chez moi, un jeune homme qui marche, sans protection contre les intempéries, sur le bas-côté dans la direction opposée. Une conviction s'installe en moi. Je décrypte que le Saint-Esprit me dit de faire demi-tour pour amener cette personne vers la destination qu'il souhaitait. Je ne suis pas un samaritain dans l'âme, j'ai essayé d'argumenter pour échapper à cette conviction du moment et finalement j'ai obtempéré. Dans la voiture, j'ai questionné le jeune homme d'une manière précise, je m'y sentais obligé au vu de l'intervention de l'Esprit. Je savais que pour Dieu, ce n'était pas simplement le fait d'aider quelqu'un. Ma question était la suivante: est-ce que vous croyez en Dieu? Il m'a expliqué que ce Dieu dont je parlais, ne l'a jamais aidé et qu'il n'y croyait pas. J'ai pu lui dire que c'est justement Dieu qui m'a explicitement demandé de l'aider. Je ne sais pas ce que ce jeune homme est devenu, mais ça montre le fonctionnement du binôme carte/territoire: la Bible donne la parabole du samaritain comme «guideline», mais c'est le Saint-Esprit qui va pouvoir transposer cette parabole dans la vie de tous les jours, souvent d'une manière surnaturelle. Sans trompette, sans extase, sans effusion, juste une petite conviction. Beaucoup de chrétiens appliquent la Bible dans la vie, d'une manière scolaire, ou en sous-main, inspiré par l'Esprit. Ce n'est pas à négliger et il y a des résultats très probants, mais lorsqu'on implique le Saint-Esprit, d'une manière effective, dans nos décisions, le gestion du quotidien devient beaucoup plus efficace et concrète.

Conclusion

La dessinatrice Ma' nous explique d'une manière visuelle cette relation entre Saint-Esprit et Bible. Le cœur de notre relation avec Dieu, c'est le Saint-Esprit, mais la Bible nous la tenons à la main.

La Bible: carte ou territoire?
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