Comment développer l'église dans un contexte peu favorable?
Le oiseaux tisserins qui nichent dans les arbres de nos contrées, semblent très à l'aise dans nos milieux, même s'ils sont d'origine africaine, mais qu'advient-il lorsque leur milieu change? Lorsqu'ils se retrouvent dans le désert du Kalahari où il n'y a plus d'arbres? C'est le problème de nos églises qui se sont développées dans un contexte culturel très favorable en s'adossant à la culture scolaire et littéraire pour se développer. Maintenant que cette vieille culture se fait manger par le numérique et qu'il n'y a plus «d'arbres» pour «nicher» que deviendront-t-elles?
Le tour de force des tisserins dans le désert de Kalahari
Ils prennent les poteaux électriques comme support pour remplacer les arbres qui n'existent pas dans ce désert. Le tisserin est un oiseau sociable, comme les membres d'une communauté. La création de Dieu est ainsi faite que pour chaque difficulté de développement, de croissance, il y a toujours des possibilités de contournement. Sauf que nos cultures liées à des leviers technologiques comme l'imprimerie et maintenant le numérique et qui ne sont pas des créations divines, sont très souvent limitées. Nos cultures sont plutôt des prisons que des tremplins. Combien de gamins n'ont pas pu «s'envoler» dans la vie, parce que l'école demandait un gabarit intellectuel très spécifique, un formatage de base. Mais les réseaux sociaux font pareils, ils nous désapprennent de lire au profit de l'image. Or aujourd'hui, le diplôme est plus un frein qu'un avantage. Pour accéder dans nos facultés de théologie, il faut un bagage scolaire. On est loin du modèle de l'école 42, lancé par Xavier Niel, pour former des programmeurs informatiques où l'on entre dans son école, pas sur la base d'un diplôme, mais sur les talents qu'on a ou qu'on n'a pas. Le talent est une création de Dieu.
Comment prendre exemple sur la création de Dieu pour passer de «l'arbre» européen au «poteau» électrique de notre «désert» spirituel?
C'est bien ça l'enjeu. Nos écoles ne nous apprennent pas à faire ces sauts. Lorsque dans l'entreprise où j'ai travaillé pour financer mon ministère, je proposais une nouvelle idée de développement, la première réponse de mes collègues se résumait à: «mais ça ne va jamais marcher». D'autant plus, que proposer de changer l'arbre européen avec le poteau du Kalahari était illogique au possible. Et pourtant Dieu l'a fait en intégrant directement ce processus de transformation dans l'ADN de ces oiseaux. Notre ADN spirituel est trop souvent formaté par la culture.
Voici quelques conseils pour aller plus loin dans l'adaptation de «l'arbre» au «poteau»:
Dans le choix de vos collaborateurs, privilégiez plutôt le talent que le diplôme, même si un diplômé peut aussi être talentueux. Dans tout le Nouveau Testament, il n'y a eu que l'apôtre Paul qui était «diplômé».
Privilégiez la créativité, c'est l'ADN dont Dieu nous a doté en premier. Il nous a créés à son image. La créativité peut se traduire en pensées, mais c'est surtout le potentiel de créer de nouvelles choses qui doit être prédominant, comme celui de passer de l'arbre au poteau. L'école forme des répétiteurs et peu de créatifs. On demande surtout aux pasteurs de bien répéter ce que l'église enseigne. Aujourd'hui on a besoin de créatifs qui se lancent hors des sentiers battus.
Ne dites jamais «mais ça ne va jamais marcher» avant de l'avoir expérimenté. Choisissez le «talentueux» qui a une idée, donnez-lui les moyens de la réaliser. Dans les débuts de mon ministère, dans les années septante, parmi les moins de quinze ans, j'avais proposé à la direction de la Ligue pour la lecture de la Bible, l'achat d'un autobus postal suisse pour le transformer en salle de spectacle, pour évangéliser les enfants dans un quartier ou un village.
Passer de «l'arbre» au «poteau» veut aussi dire qu'il faut changer de «nidification»
Il ne suffisait pas d'acheter un autobus, juste pour en faire une salle de rencontre ambulante, mais il fallait aussi inventer, innover pour les animations. C'est le défi le plus important. Aujourd'hui on copie le standupper ou le groupe de rock sur scène en investissant des sommes importantes, sans se poser la question si l'ADN créatif dont Dieu nous a doté n'aurait pas des ressources encore plus originales et surtout moins couteuses.
Des ressources basées sur le repas, avec une animation originale