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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Nous sommes en crise, réjouissons-nous!

8 Septembre 2022, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Nous sommes en crise, réjouissons-nous!

Crises politiques, géopolitiques, écologiques, économiques, monétaires, sociétales, éthiques est-ce vraiment une bonne nouvelle pour l'église? Sans hésiter je dis «oui»! Nous sommes devant une fenêtre de tir exceptionnelle, qui a tant d'antécédents dans l'histoire de la communauté chrétienne.

Ce que l'Histoire nous apprend

À commencer par la destruction du Temple à Jérusalem par les romains, en 70. Ce fut une crise majeure pour le judaïsme et en partie pour les débuts du christianisme, puisque le courant de Jacques, le frère du Christ (Actes 12:17), très attaché au renouvellement du judaïsme de l'intérieur, a sombré définitivement au profit du courant défendu par Paul. Paul qui faisait partie avant sa conversion, du parti des pharisiens, qui allait, eux aussi, profiter de ce cataclysme pour développer l'essor des synagogues sur tout le pourtour de la Méditerranée. Cette spiritualité, qui, par la force des choses, a dû se passer des sacrifices dans le Temple. Or, Paul a pu profiter de cet appel d'air, puisqu'à l'époque l'attrait pour le judaïsme des synagogues, dans l'empire romain était très important. On estime à 6 à 8% d'adeptes du judaïsme dans l'Empire romain*. Le livre des Actes montre clairement que le premier terreau pour l'innovation chrétienne était les synagogues. Comme si Dieu avait préparé l'essor du christianisme en faisant «exploser» le Temple.

La crise de l'exil de Babylone au XIème siècle avant notre ère a produit un renouvellement de la spiritualité judaïque de l'époque.

Saviez-vous, que la révolte des Maccabées, environ deux siècles avant la naissance du Christ, a fait émerger dans le judaïsme l'idée de résurrection des morts qui préparera l'acceptation de celle du Christ. Alors que les juifs de l'Ancien Testament, en général, étaient plutôt des croyants qui pensaient qu'il n'y avait pas de résurrection et que le «sheol»** clôturait l'existence humaine.

On a coutume de penser que c'est la seule conversion de l'empereur Constantin, au IVème siècle de notre ère, qui a permis l'essor de la foi chrétienne en Europe, alors que l'empire avait déjà commencé, au IIème siècle, a être miné par une crise climatique, puis au IIIème siècle par une crise monétaire, etc... Les élites gréco-romaines perdaient confiance dans le polythéisme de l'époque et que ces différentes crises ont ouvert ce que l'anthropologue Dominique Desjeux* qualifie «d'horizon d'attente». Se pose donc la question actuelle: «qu'elle est l'horizon d'attente aujourd'hui»?

Je passe sur les autres crises historiques qui ont préparé d'excellentes réponses du christianisme, comme celle du Moyen-Âge et de l'invention de l'imprimerie.

Aujourd'hui la combinaison de la crise ukrainienne, de la pandémie de la Covid, du réchauffement climatique, de la montée du populisme, du non fonctionnement de la politique parlementaire, de la montée de la Chine et de l'Asie face aux États-Unis nous ouvrent de nouvelles opportunités. Ainsi que la révolution du numérique.

* Le marché des Dieux, Dominique Desjeux, Ed. PUF (page 18).
** Sheol (en hébreu : שאול), parfois écrit Shéol, est un terme hébraïque intraduisible, désignant le «séjour des morts», la «tombe commune de l'humanité», le puits, sans vraiment pouvoir statuer s'il s'agit ou non d'un au-delà.

Que faut-il mettre en avant?

La défense d'un certain judéo-christianisme, comme avec le combat d'une importante frange des chrétiens nord-américains, lors des dernières élections américaines? Ou celle de la polarisation «zemourienne» anti-islam? Est-ce «l'horizon d'attente» de la majorité des gens qui nous entourent? 

 Que proposons-nous?

Oui, bien sûr, on inonde les réseaux sociaux avec des versets bibliques. En croyant que ces versets fonctionnent comme un bouton numérique: on appuie et l'écran intérieur s'allume automatiquement avec la réponse qui englobe l'aspect général de la vie. Alors que ne n'est qu'un «pixel» de vie. Et ce n'est pas un pixel qui va te confectionner «l'écran» de ta vie.

Un Dieu bon. Pas le Dieu nounours, new-âge, approximatif, bon enfant style père Noël, mais ce Dieu qui ne considère pas les humains comme des ennemis. D'ailleurs ce serait ridicule de croire que nous puissions avoir ce pouvoir de faire peur à Dieu. C'est bien Satan qui nous a mis ça dans le crâne.

Dieu passe son temps à faire du bien aux hommes, mais surtout incognito. Chaque fois que nous disons «j'ai eu du pot», nous devrions dire merci mon Dieu. Même s'il laisse les romains «exploser» le Temple de Jérusalem, car nous ne pouvons pas comprendre l'enjeu qui se cache derrière les crises et les catastrophes de nos vies.

Un Dieu qui nous rend libre. Libre de lui faire un doigt d'honneur sans qu'il nous écrase comme une mouche. Alors que le monde politique et religieux veut justement nous mettre dans une cage, soi-disant pour nous protéger. Les régimes politiques dits «à poigne» ont le vent en poupe. On ne peut aimer quelqu'un que si on a eu le choix d'accepter ou de refuser sans qu'il y ait des contraintes financières, de sécurité. Ou l'illusion d'une plus-value sur terre, comme avec la théologie de la prospérité: plus tu fais des dons à l'église, plus tu t'enrichiras.  Pourquoi présentons-nous, presque toujours, notre relation à Dieu, sous l'angle du donnant-donnant: si tu te convertis, tu auras le bonheur, si tu demandes pardon, tout ira mieux, si tu pries et lis la Bible régulièrement tu vas être approuvé par Dieu, si tu respectes scrupuleusement les dix commandements ta vie sera sublimée. C'est une théologie de marchandage et non le résultat de l'amour que j'ai pour Dieu. Instinctivement, si tu aimes une fille, ou un garçon, ton épouse, ton conjoint, tu vas essayer de lui faire plaisir, de répondre à ce qu'il attend de toi. Si tu le fais par devoir, par peur d'être répudié, alors, permets ma vulgarité, je n'ai qu'un mot à la bouche: merde!

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