Principes d'interprétation de la Bible dans un contexte d'images
Le contexte d'images, c'est tout l'aspect culturel qui a recours à l'image, soit fixe, soit animée. Peut-on simplement prendre un texte biblique et y mettre des images? Le texte sacré est très critique vis-à-vis de l'utilisation des images dans la spiritualité chrétienne. Où sont les limites? Que penser de toutes ces idées de prédication qui exploitent à fond le potentiel des images? On a plutôt l'impression que le texte biblique ne devient que prétexte et qu'un rajout pour donner un peu de crédibilité.
On n'est plus dans la ligne stricte des Réformateurs
Vous aurez sûrement remarqué que nos idées de prédications ne partent plus d'un texte biblique expliqué par le discours en ayant juste des images pour appuyer le message oral. Un peu comme les histoires qu'on peut raconter, lors d'une prédication, pour illustrer une partie du propos. Notre prédication ne se construit plus autour du texte ou strictement à partir de celui-ci. On pourrait nous reprocher que le texte biblique n'est plus qu'un prétexte. Ce qui est en partie vrai. Nous connaissons donc le problème et nous sommes conscients qu'on n'est plus dans la ligne stricte des réformateurs comme Calvin ou Luther qui mettaient l'explication du texte au centre de la vie communautaire.
Pourquoi dévions-nous du principe de base du système d'interprétation classique?
Nous ne sommes simplement plus dans une monoculture générée par le système scolaire qui faisait la part belle à l'explication, l'interprétation des textes. La culture de l'écrit et du livre a pris le pouvoir en Occident, grâce au levier technologique de l'imprimerie et s'est même muée en «interprétateur» exclusif de la réalité que vivent les hommes. Que serait devenu l'école républicaine sans livres? Je vous signale, juste en passant, que l'église chrétienne n'a pas attendu la généralisation de l'imprimerie pour évangéliser le monde.
On regarde d'une manière soupçonneuse toutes les technologies qui provoquent d'importants déséquilibres écologiques. Pourquoi, n'aurait-on pas le même regard critique sur l'imprimerie, une puissance technique qui a aussi déstabilisé la politique, la religion, la culture? Nous sommes parfaitement au clair que les nouvelles technologies liées au numérique vont encore être pires que l'imprimerie, mais en attendant, nous sommes des «missionnaires» dans ce monde de plus en plus influencé par le numérique. L'ancienne manière de prêcher est encore performante pour certaines personnes, mais jusqu'à quand? La culture numérique liée au monde de la culture, des loisirs, utilise d'autres types d'interprétations de la réalité. Elle utilise surtout l'émotion pour convaincre, vendre, amuser, enseigner.
Quels sont nos principes d'interprétation?
Heureusement que la Bible contient 66 livres et donc aussi 66 types d'interprétation de la réalité. Comment comparer le livre d'Esther, qui ne comporte aucune référence à Dieu, aux lettres de Paul? Ne nous illusionnons pas, les tenants de la culture du livre ont préféré utiliser les textes des apôtres à ceux de l'Ancien Testament. Ils s'expliquaient facilement à la manière scolaire. Nous aussi, on ne s'illusionne pas, nous avons tendance à délaisser les textes de Paul, qui sont difficiles à mettre à la sauce images et vidéos. Par contre, notre modèle d'interprétation, c'est celui des paraboles du Christ. Nous entrechoquons le texte biblique avec des images de notre cru pour en faire saisir les pointes. Ça fonctionne comme si on frottait une pierre avec une autre et ça donne des étincelles (de compréhension). Ce qui ne veut pas dire que nous utilisons exclusivement les paraboles du Christ, mais nous inventons nos propres paraboles, aussi parce que celles du Christ ne sont plus tellement comprises (du point de vue culturel) par nos contemporains. Le berger et les moutons est quelque chose d'étranger pour un citadin. Il faut d'abord passer beaucoup de temps pour expliquer le fonctionnement du troupeau, avant d'entrer dans le message proprement dit. La notion du Royaume de Dieu, est certes encore connue, mais là aussi on ne vit plus en Europe dans des monarchies. Dans le clip suivant, nous vous donnons une idée de ce travail de réinterprétation. Nos paraboles à nous doivent strictement refléter l'esprit du texte biblique, donc il faut connaître parfaitement ce texte. Il faut reprendre les clés du texte et les mettre dans un contexte actuel.
Quel rôle va jouer la Bible si nous ne la mettons plus au centre de notre système d'interprétation?
Disons-le clairement, la Bible reste centrale pour nous. Le texte sacré reste la référence ultime. On pourrait le comparer à un bâtiment immense qui contient des archives de lois, des musées, des bibliothèques, des salles d'exposition. Dommage qu'on ne puisse y accéder que par une seule porte principale. Celle de la lecture. Il faut savoir lire. Aujourd'hui, la culture numérique nous désapprend à lire. L'image et l'audio façonnent notre vie culturelle. Le pasteur classique nous emmène systématiquement dans le secteur «bibliothèque». Il adore ouvrir et montrer les livres de l'apôtre Paul.
Nous créons d'autres entrées parce que le numérique nous permet d'accéder à ce bâtiment par d'autres portes. Le problème c'est qu'aujourd'hui, dans nos églises, les guides formés pour la découverte audio ou visuelle sont encore peu nombreux.
Par exemple, nous nous sommes permis de faire écouter la Bible en créant un auditorium comme celui avec l'évangile de Marc:
L'évangile de Marc lu par la conteuse Marie Ray et illustré par Martine Bacher
https://www.youtube.com/playlist?list=PLh0CLPSwjxqvtT6Lt974a8gz4gECLPNwo
Nous avons aussi ouvert une salle de spectacle ou nous mélangeons clips vidéos et explications visuelles. Voici un exemple d'une de nos séances «cinéma»:
Comment accéder aux plaines éternelles?
Comment accéder aux plaines éternelles. Une histoire de paradis.Une histoire dessinée par Martine Bacher et racontée par Benjamin Kraatz. Une histoire parabo...