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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Il est temps de changer de braquet pour la formulation théologique de nos messages

3 Avril 2025, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Nous allons faire un petit tour historique pour comprendre d'où viennent nos colonnes vertébrales théologiques. Et en quoi elles nous pilotent aujourd'hui. Bien sûr, il est clair que je vais égratigner pratiquement tous nos courants chrétiens issus des Réformes du 16ᵉ siècle. Cette démarche, qui va résumer presque cinq siècles, sera forcément caricaturale. Ce qui est intéressant à noter, c'est que, même si des dénominations chrétiennes disparaissent ou se fragilisent, elles laissent toujours des traces dans chaque nouveau courant. Je vais surtout mettre l'accent sur les coups de boutoir technologiques, socioculturels, politiques qui, à chaque époque charnière, ont fait changer l'église de direction et créé une composante théologique dominante.


Les origines de nos courants théologiques
 

Les Réformes du 16e siècle en Europe
Ce fut le «péril jaune» des catholiques qui devint réalité. Initié par des Calvins, des Luthers, des Bucer, des Zwingli. Ils sont en train de sortir du «cadre» de la sphère socioculturelle européenne. Leur théologie a répondu à l'angoisse générée à la fin du Moyen Âge par la peur de l'enfer. Ils ont répondu par la mise au point de la théologie de la grâce de Dieu. Tout le monde était convaincu d'être pécheur et méritait d'être condamné. La théologie des bonnes œuvres pour se racheter montrait ses limites. Dieu pardonne sans contrepartie sous forme de bonnes œuvres. De plus, et c'est là que souvent nos théologiens pâtinent dans le «kirsch», ils oublient d'y associer l'invention du levier technologique de l'imprimerie ou plutôt des lettres mobiles qui a permis de diffuser largement et à grande échelle les idées de la Renaissance. Elle devint le soubassement de l'école républicaine et des théologies réformées très fortement liées au système scolaire et à la pensée. On pense Dieu avant de pratiquer la foi. On n'imagine pas une spiritualité qui n'a pas été pensée à la manière scolaire.

Les Évangéliques de tout bord, allant du pentecôtisme au baptisme se sont tirés du moule des Réformes
Ils voulaient retrouver une foi personnelle, concrète, liée au quotidien. Ils en avaient marre de cette spiritualité rationnelle, logique, analytique, pilotée par des «fonctionnaires» ecclésiastiques payés par l'État, comme encore aujourd'hui en Alsace et dans certains cantons suisses.  Ce qui ne veut pas dire qu'un fonctionnaire ne peut pas être un vrai disciple du Christ, mais, quelque part, on lui demande de respecter celui qui le nourrit. Le déclencheur socioculturel de ces réveils spirituels qui a surtout commencé dans les pays anglo-saxons fut plutôt les questions sociales et économiques. Ce fut aussi l'époque du lancement du marxisme et des luttes sociales. Le syndicalisme se lança aussi en même temps. La théologie des Réveillés du 19e siècle était imbibée par le souci de prendre soin des pauvres. L'Armée du Salut a été lancée à cette époque. Comme le fondement de leur spiritualité se basait sur la conversion, surtout à la manière de l'apôtre Paul, ce que j'appelle 
«effet de retournement d'une crêpe», ils ont eu à cœur l'évangélisation et surtout la Mission. N'en déplaise à nos théologiens réformés, entre autres à ceux qui actuellement les traitent de sectaire à éliminer de la sphère publique et académique, ils sont à l'origine d'une importante croissance du christianisme dans le monde. Leur «faiblesse» théologique qu'ils cherchent à combler aujourd'hui en se lançant dans l'académisme évangélique n'est peut-être pas la meilleure réponse. 

Et aujourd'hui? Quel est l'avenir de l'évangélisme?
Il n'y a pas, comme lors de la Renaissance, un profond changement de la pensée, dont le moule catholique de l'époque a essuyé les plâtres. Aujourd'hui, avec le numérique et les réseaux sociaux, c'est le plus grand ennemi du christianisme qui prend le lead dans le monde. C'est Mammon! Avec des leviers technologiques d'une telle puissance qu'ils risquent de marginaliser le christianisme et d'accomplir la parole du Christ qui se demandait si, à son retour, il trouverait encore la foi (Luc 18:8). L'autre phénomène inquiétant, c'est l'accélération de cette conquête fulgurante. On n'a pas le temps de s'organiser et d'y faire face. Et comme nos théologiens évangéliques classiques essayent encore de chercher une certaine légitimation face aux académies réformées, on risque de ne pas voir passer le train. Et puis, tous les trains ne vont pas forcément dans la bonne direction. Comme celui de certains évangéliques qui ont lancé la théologie de la prospérité, voyant bien que même les croyants comprennent avant tout le langage de l'argent et du commerce. Tu investis, par le truchement de ta dîme dans l'église, et Dieu te donnera, en retour, de la prospérité. Peut-être, mais ce n'est pas, en tout cas, la norme générale à appliquer. La tendance de cette théologie de la prospérité me rappelle Johann Tetzel, du temps du réformateur Luther en Allemagne. Ce moine dominicain du 16ᵉ siècle qui devint vendeur d'indulgences et inspira involontairement les 95 thèses de Martin Luther a probablement essayé de répondre à cette peur de l'enfer à sa manière. Il mit au point une compréhension du pardon de Dieu très accessible au commun des mortels. Facile à appliquer et très concret. Tu achètes une indulgence et tu es sauvé. De plus, ce n'était pas pour lui qu'il récoltait cet argent, mais pour la construction de la cathédrale Saint-Pierre à Rome. En même temps, le pécheur participait à l'édification d'un symbole chrétien qui a encore aujourd'hui toute sa valeur patrimoniale.

La théologie de la prospérité ressemble au système boursier. Tu investis dans des «actions». Le problème, c'est que ce système profite souvent plus aux dirigeants et à certaines entreprises privées dites chrétiennes qui se remplissent les poches.

Y a-t-il une solution ?
O Elle ne se trouve pas dans la re-formulation du message de la Grâce. Les gens actuellement, n'ont plus peur de l'enfer. C'est une pensée archaïque, selon nos philosophes et autres blablateurs des réseaux sociaux mainstream. D'autre part, ce message de mettre la personne devant un juge qui la gracie, alors qu'elle ne se sent pas coupable, comme les gens de la fin du Moyen Âge, ne trouve aucun écho. Donc, pour faire passer la pilule, on met en avant l'amour de Dieu pour nous. Mais l'occidental s'en fout d'un juge qui le déclare coupable, tout en affirmant qu'il vous aime. C'est plutôt antinomique.
O Par contre, si on analyse la situation des gens aujourd'hui, on constate qu'ils cherchent à être protégés. Les réseaux sociaux veulent nous protéger en nous enfermant derrière des mots de passe, des vérifications à deux étapes, etc... 

Pour moi le cadenas symbolise le besoin de protection

 

 

Pour Pâques, mettez l'accent sur le thème de la protection.
Une idée de prédication.

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