Changer de spiritualité ou même de religion, ça peut devenir galère
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C'est en regardant l'interview de Leila Slimani, la romancière d'origine marocaine, que nous nous sommes intéressés à la question de l'intégration dans une communauté chrétienne pour des personnes qui viennent d'un tout autre contexte socio-culturel que celui de l'église. L'écrivaine goncourisée, qui a grandi à Rabat et est arrivée à Paris pour les études, explore avec le talent qu'on lui connaît ce qu'est l'intégration dans un pays. Nous souhaitons plutôt explorer l'intégration dans une nouvelle spiritualité. Avons-nous les mêmes problèmes d'adaptation? Nous pensons que oui!
@quotidienofficiel « On veut en être, et en même temps, comme on est vexé de ne pas en être, on en rajoute sur sa différence » a écrit Leïla Slimani. L'écrivaine goncourisée, qui a grandi à Rabat et est arrivée à Paris pour les études, explore avec le talent qu'on lui connait ce qu'est l'intégration dans un pays. #sinformersurtiktok #interview #immigration #prixgoncourt #leilaslimani #témoignage ♬ son original - Quotidien
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Que peut-on tirer de cet interwiev?
O Nous ne mesurons pas ou pas encore le saut que des pas-encore-chrétiens doivent faire pour rejoindre nos communautés classiques.
O Je relève juste quelques bouts de phrase ou certains mots qui en disent long sur les problèmes d'adaptation, aussi pour rejoindre une communauté chrétienne.
O Peur - arrachement - perdre son intégrité - on se sent humilié de demander - peur de trahir - douleur de l'assimilation - ça prend du temps - à partir où on a des amis ... - ce n'est pas les lieux qui sont importants, mais les gens.
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Nous sommes handicapés par notre propre culture
O Une culture, quelle qu'elle soit, n'est jamais conçue pour s'adapter universellement. Nous, les Occidentaux, avons été convaincus que le système scolaire était le mieux adapté pour y soumettre le monde entier. Il faut partir de la constatation que nous pouvons faire tous les efforts possibles pour intégrer des étrangers dans nos structures religieuses et spirituelles sans jamais parvenir totalement à un bon résultat. Leila Slimani est un exemple parfait. Elle a décroché un prix Goncourt, parle le français comme une parisienne du 16e arrondissement, et pourtant, elle souffre!
O De plus, dès qu'on parle d'étrangers, on pense à d'autres ethnies, d'autres nationalités, qui viennent de l'étranger, géographiquement parlant. Pour moi, le plus grand nombre d'étrangers se trouvent être nés et scolarisés en France, mais ils grandissent avec la culture numérique, dont même le biberon risque d'être connecté.
O Cette génération biberonnée au smartphone, lorsqu'elle se convertit et débarque dans nos communautés, risque de ressentir les mêmes difficultés que Leila Slimani.
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Généralement on pense qu'une conversion va tout renouveler
O Souvent, nos interprétations littérales du texte biblique, par exemple (Romains 12:2 ou 2 Corinthiens 3:18), nous orientent vers cette conviction. Sauf qu'on a aussi appliqué cette transformation aux aspects culturels. Nous ne comprenons pas que nos interlocuteurs pas-encore-chrétiens, qui se convertissent, n'arrivent pas à suivre les standards socioculturels et même spirituels, internes à la communauté, qui sont aussi mâtinés de culture. Par exemple, est-il possible qu'une personne illettrée puisse comprendre Dieu pour vraiment accéder à une pleine maturité? Si vous en doutez, il faudra faire abstraction des patriarches, comme Abraham, Isaac, Jacob, qui probablement n'avaient pas appris à écrire et à communiquer par un texte.
O Nous ne nous rendons pas compte que notre évangélisation, depuis le 19ᵉ siècle, était largement facilitée par les réformés et les catholiques qui ont largement catéchisé le monde occidental. On pourrait aussi parler d'alphabétisation spirituelle. Au contraire, aujourd'hui, on se fait «catéchiser» par le numérique et les réseaux sociaux que les personnes de l'hémisphère sud et les nouveaux «smartphoniens» maîtrisent à merveille.
O Lorsque nous introduisons de nouveaux convertis dans nos vieux tissus ecclésiastiques, on risque de provoquer les mêmes souffrances que pour Leila Slimani.
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Créer des sas d'intégration
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O Pour les missionnaires de l'hémisphère sud, du 19ᵉ et du 20ᵉ siècle, le sas d'intégration a été l'école. Ils ont d'abord construit des bâtiments, et puis ils ont encouragé, voire contraint, la plupart des enfants et aussi des adultes à se soumettre à cet outil culturel qui va aussi grandement favoriser la colonisation. Ils n'avaient pas besoin de repenser leur théologie. Ils ont appliqué celle de leurs pays d'origine qui a été conçue dans le moule scolaire.
O Le problème aujourd'hui, c'est que ces «migrants» du numérique et des réseaux sociaux n'acceptent plus d'être contraints par une structure à connotation scolaire, ni par une théologie «académique».
O En réalité, c'est l'ancien monde qui se fait coloniser par les réseaux sociaux, par l'IA (Intelligence Artificielle). Ils ne nous imposent plus leurs «écoles», mais leurs écrans (souvent de fumée), leurs algorithmes. Ils ne nous tentent plus avec des livres, mais nous offrent un ciel ruisselant d'or et d'argent en parlant par exemple, dans le domaine chrétien, de théologie de la prospérité. Heureusement qu'il y a aussi des approches spirituelles plus conformes à l'esprit de l'évangile.
O Un des sas à promouvoir ce serait de favoriser la constitution d'une sous-communauté qui va s'adosser à l'ancienne entité sous le même toit. Tout en créant des liens non liturgiques de type cultuel, comme le partage des finances, les services à la personne, la relation d'aide, les actes officiels comme les baptêmes, les mariages et les enterrements. Le conseil et le pasteur chapeautent un réseau pluri-fonctionnel, voire pluri-spirituel, dont la base est le Credo. Ce qui permettrait, par exemple, que des croyants qui souhaiteraient vivre une spiritualité plus émotionnelle ne s'échappent pas dans une communauté externe. Ou des «smartphoniens» qui ont fait un excellent parcours d'acclimatation désirent, au moins de temps en temps, goûter à une spiritualité «vintage». Comme pasteur, c'est un travail d'acrobate!
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Fraterpoly une autre manière d'intégrer de nouveaux convertis
C'est le repas qui sera le sas d'intégration et pas un cours de type scolaire. Manger ensemble ne nécessite aucun apprentissage préalable. C'est un vecteur à valeur universelle qui traverse toutes les cultures. Un repas Fraterpoly peut justement déboucher sur une mini-communauté du dimanche matin sous-le-même- toit.