Comment apprendre aux chrétiens à témoigner ?
Pourquoi est-on bloqué quand il s'agit de témoigner ?
On ne connaît le Christ qu'au travers d'un texte amplifié par la culture scolaire, liée à l'écrit et à la lecture. Donc, pour nous, témoigner, veut dire formuler un message, selon les paramètres du texte imprimé, si possible cohérent, pour notre interlocuteur. Et ça nous bloque parce qu'on ne sait pas comment mettre ce Christ en message. On lance des slogans comme « Jésus t'aime », mais c'est comme si on disait à une personne que le roi d'Angleterre l'aimait. Il n'a plus aucune notion que ce Jésus est fils de Dieu. C'est notre expérience, notre foi et elle n'est plus partagée, puisque nos contemporains ne sont plus, pour la majorité, catéchisés. On applique aussi une autre méthode qu'on a mise au point pour faciliter le témoignage. Ce sont les quatre lois spirituelles élaborées par Bill Bright, le fondateur de Campus pour Christ. Les gens sont très réfractaires à ce genre de formulation, car d'emblée, même si on leur dit que le Christ les aime, on les met devant un juge, puisque c'est la deuxième loi : tu es coupable. Ça te fait une belle jambe que le juge te dise : je t'aime !
Parler, par nos actions, en faveur du Christ
C'est ça le témoignage. C'est en premier vivre notre foi devant et avec nos voisins, nos amis, nos collègues de travail et non pas gloser sur notre foi. C'est pourquoi nous pensons que l'incarnation du Christ est le modèle parfait pour le copier sur la manière de témoigner.
Mais j'ai pour moi un témoignage plus grand que celui de Jean: les œuvres que je fais, celles-là mêmes que le Père m'a donné à accomplir, parlent en ma faveur et montrent que le Père m'a envoyé. Jean 5:36
L'incarnation du Christ comme modèle de témoignage
Pour se faire connaître, le Christ a très peu utilisé le message oral (par exemple en prêchant) ou en faisant référence aux textes de l'Ancien Testament. Nous sommes appelés à témoigner du Christ pour le faire connaître autour de nous, utilisons donc sa manière de témoigner. Il témoigne par ce qu'il fait et ce qu'il vit avec les gens. Il entre dans leur quotidien, dans leurs difficultés, mais aussi dans leur joie, comme le mariage à Cana. Son portrait de Christ, comme à l'image ci-dessus, se confond avec ce qu'il fait, entre autres avec ses mains guérisseuses, son aide, son écoute, ses conseils.
Quelques conseils pour entrer en matière, sans tomber sur les gens
Il demande de l'aide à quelqu'un avant d'aider. C'est l'histoire de la Samaritaine au puits de Jacob (Jean 4). Ce qui va provoquer une longue conversation qui va changer la vie de cette femme.
Il regarde et il voit une personne parmi des dizaines qui ont besoin d'une aide (Jean 5). Témoigner, c'est savoir choisir la personne qui sera prête à tendre l'oreille. Témoigner veut aussi savoir prolonger par un miracle, ce qu'on dit du Christ. Je sais que c'est difficile et j'ai aussi prié pour des personnes qui n'ont pas été guéries. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas essayer.
Il entend l'aveugle Bartimée appeler à l'aide malgré la présence d'une foule bruyante (Marc 10). Entendons-nous les « soupirs de souffrance » au travers des conversations autour de nous, dans un groupe ? C'est une possibilité d'approcher cette personne pour lui proposer peut-être votre témoignage, comment Dieu vous a aidé.
Une autre personne vous oriente peut-être à vous mettre en route, comme la mère de Jésus lorsqu'elle constate qu'il y a pénurie de vin pour les convives (Jean 2).
Il y a Philippe, le premier « carrosse-stoppeur » dans Actes 8 qui témoigne de sa foi sur inspiration directe du Saint-Esprit. Ça m'est arrivé lorsqu'un jour de pluie, en roulant pour rentrer à la maison, je comprends intuitivement que le Saint-Esprit me suggère de prendre en stop une personne qui marchait le long de la route, mais dans la direction opposée de la mienne. J'ai fait demi-tour et, dans la conversation qui a suivi, elle s'est plaint que Dieu ne lui aidait jamais. Ce que j'ai pu démentir, illico. Bon, cet exemple ne se reproduit pas chez moi tous les jours. Ce que nous mettons sous le label « hasard » n'est souvent qu'un clin d'œil de la part de Dieu pour donner l'occasion de témoigner.
Il y a les circonstances dramatiques de la vie, comme le naufrage du bateau que Paul a dû prendre comme prisonnier pour rejoindre Rome (Actes 27). La fin de vie d'une personne peut devenir un puissant témoignage pour Dieu. Comme aussi la manière dont on vit le chômage, la maladie, un accident.
Remarques importantes
Notez que ces témoignages sont liés à des lieux. C'est-à-dire des endroits réels, avec des faits réels, concrets, pratiques. Comme chrétiens occidentaux, nous donnons la prééminence à des pensées, souvent tirées d'un livre, tandis que du temps de Jésus, il met l'accent sur la réalité des gens. Nous distribuons des tracts imprimés ou nous diffusons des clips vidéo de témoignage, mais il est le plus efficace lorsque nous l'insérons dans les circonstances du moment, au contact physique et non virtuel de la personne en face de nous. Par le passé, on a beaucoup investi dans l'imprimé pour témoigner, comme aujourd'hui on privilégie le numérique. C'est un oreiller de paresse, car le témoignage de un à un, en « live », nous permet aussi d'amorcer une suite concrète au témoignage.
Le témoignage doit être sérieux
Ceci est un autre frein au témoignage, surtout si nous mettons notre interlocuteur en face de ses responsabilités et en face d'un Christ mort pour lui. Ce qui ne veut pas dire qu'il ne faut pas en parler, mais ce n'est pas conseillé de commencer par l'argument essentiel. Le chrétien commence souvent par enseigner au lieu de rencontrer, et le rire, la joie est très souvent un facteur d'ouverture pour tendre l'oreille. Une personne qui s'éclate lors d'un match de foot est aussi un témoignage, d'équilibre, de confiance dans la vie. Une personne qui cuisine un bon plat pour ses invités peut aussi être un témoignage de bonté.
Comment encourager le témoignage ?
Nous vous proposons d'organiser au printemps et en automne, sur deux dimanches de suite, au culte, un espace cultuel où des personnes donnent des exemples où elles ont eu l'occasion de témoigner. Il ne s'agit pas de rendre compte de l'effet que ça a produit à long terme, mais juste de montrer des initiatives qui peuvent avoir raté ou permis d'aller plus loin, sans forcément déboucher sur une conversion. C'est une formation au témoignage, par l'exemple. Aussi un encouragement où on peut partager son manque d'enthousiasme pour le témoignage, ses appréhensions, ses peurs, sa timidité.
Une autre piste à explorer
Nous sommes les mains du Christ
Les auteurs de ce clips montrent comment nos mains remplacent les mains du Christ sur la terre.