Souffler sur les braises

9 Mai 2024, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Nous partons d'une pub (voir ci-dessous) pour vous sensibiliser à une manière de percevoir l'au-delà au travers d'un «souffle» spirituel parabolisé par un slogan crié par un berger sur des montagnes d'alpage.

Comment décrypter cette pub pour nous?
Ce qui m'intéresse dans ce clip qui fait la promotion d'un fromage, c'est la voix du berger, en arrière-plan, qui fait la promotion de la marque Ossau-Iraty. C'est une voix irréelle qui occupe tout l'arrière-plan et qui couvre toute la montagne. Elle vient de la profondeur de la montagne et elle s'adresse à la profondeur de nos tripes. Le vrai message de cette pub, ce n'est pas le contenu informatif visuel, direct, pour un fromage, mais c'est un appel à se connecter à quelque chose qui est plus que de la nourriture: un univers mental qui essaye de nous dire que ce fromage va vous apporter une connexion à un bien-être qu'aucune substance alimentaire ne peut vous apporter.

Pourquoi, chercher un modèle non biblique pour promouvoir cette «nostalgie» d'un au-delà différent, rayonnant, prometteur de quiétude, de bonheur?
Comme nous avons enfermé la spiritualité, depuis la Renaissance dans des mots, des phrases, des doctrines, des concepts qu'il faut d'abord passer par la moulinette de la pensée, on perd notre «latin» pour encourager nos concitoyens à écouter cette «sonorité de la montagne» qui justement ne peut pas se rendre compte par des mots, des phrases, «scolarisés». La transfiguration du Christ fait partie de ces perceptions de l'invisible intraduisible. La descente du Saint-Esprit à Pentecôte en est un autre exemple.

Comment créer et promouvoir ce souffle qui va faire grandir la flamme des braises intérieures de chaque individu?
Elles existent, puisque Dieu a mis dans chaque individu la pensée de l'éternité (Ecclésiaste 3:11). Les rites mortuaires, depuis la nuit des temps, qui imprègnent la spiritualité de toute religion attestent de ces «braises». Ce sont comme des braises sur lesquelles nous devons souffler. Le feu couve, mais le monde l'a recouvert de beaucoup de cendres de nos existences ratées, brûlées. Je ne suis pas en train de vouloir promouvoir un réveil massif que beaucoup souhaitent. Juste souffler sur des braises! Disons-le aussi tout de go, les braises ne nous permettent pas d'entrer au paradis, mais Dieu a créé une accroche intérieure pour y fixer le salut que chacun doit demander personnellement.

Tout simplement, nous pouvons rendre perceptible ce souffle en en parlant. Se réjouir dans nos conversations des perspectives extraordinaires qui sont devant nous. Avez-vous rencontré beaucoup de chrétiens qui partagent spontanément ce message d’une éternité radieuse? C'est justement une lacune personnelle que j'aimerais combler. Avec mon épouse, nous allons commencer, en débutant ensemble notre journée, d'avoir un mot d'encouragement mutuel: nous sommes en route vers le meilleur, le plus extraordinaire, vers l'éternité avec Dieu. Ce n'est pas la méthode Coué, mais un réel encouragement parce que nous y croyons. Nous n'osons plus le proclamer devant les pas-encore-chrétiens pour ne pas paraître utopistes, exaltés, hors réalité. Ça peut paraître aussi incongru que de vendre un fromage en faisant résonner la marque de celui-ci sur les alpages, mais nos concitoyens doivent sentir que nous en sommes profondément convaincus. C'est notre conviction qui va peut-être leur parler en premier et notre bonheur de faire de ces rachetés dont les braises se sont transformées en feu.

Il est clair que nous avons principalement dévolu ce souffle aux créations musicales qui peuvent être de puissants supports pour enclencher une recherche spirituelle, sauf que nos productions se noient souvent dans un fond sonore où l'oreille est habituée. Et puis, dans nos contacts personnels, nous n'allons pas leur chanter un chant chrétien. La Bible et principalement les Actes mettent l'accent sur le témoignage personnel.

L'église a souvent voulu convaincre en endossant les mêmes combats que le monde non-chrétien
Sans critiquer, par exemple, «Stop-Pauvreté»* dont nous apprécions le travail ou les mouvements écologiques, je pense qu'ils sont importants et nécessaires, mais ce n'est pas eux qui vont amener nos contemporains dans nos communautés. Finalement, il n'y a pas vraiment besoin d'être chrétien pour défendre la nature et les pauvres. Bien d'autres religions font de même. Or, j'ai l'impression que ces mouvements accaparent tout un potentiel qu'il faudrait réorienter vers l'essentiel, celui de la promotion de l'éternité avec Dieu.

* Un clip vidéo que nous avons créé gratuitement pour promouvoir le travail de Stop-Pauvreté.