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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

La persévérance, le parent pauvre des membres de nos communautés?

18 Janvier 2024, 08:00am

Publié par Henri Bacher

C'est le thème le plus recherché sur notre blog en matière d'idée de prédication. Cette faiblesse du chrétien actuel, est-ce un «accident», un problème spirituel ou plutôt culturel?

Les constatations d'usage
O Les membres de la communauté filent ailleurs, là où l'herbe est plus verte.
O Ils ne sont plus assidus au culte et croient pouvoir se ressourcer en suivant des cultes sur le net.
O Ils ne suivent plus les études bibliques, surtout la génération des jeunes adultes.
O Ils ont de la peine à suivre une prédication qui dure plus qu'un quart d'heure.
O Ils n'aiment pas les chants du 19ème siècle qui sont bien supérieurs dans leur contenu doctrinal que les chants pop rock d'aujourd'hui.  
O Le groupe de jeunes a plutôt tendance à devenir une activité socio-culturelle et non un lieu d'enseignement de la foi chrétienne.

Les difficultés pour être persévérant
Bien sûr, dans la vie, il est difficile de séparer le spirituel du culturel ou du socio-culturel, mais je suis convaincu qu'un certain nombre de chrétiens se lassent d'aller au culte ou aux activités d'enseignement comme les études bibliques, simplement parce que les pasteurs veulent obliger les chrétiens à entrer dans un moule, qui a certes été utilisé durant presque deux siècles et qui a porté de bons fruits, mais qui aujourd'hui est trop lourd à tirer. Ça a de moins en moins à voir avec le spirituel. C'est plus facile d'accuser le chrétien de manquer de persévérance que de remettre en question sa vision pastorale, son style de prédication, son management de communauté. Les croyants rechignent à suivre des cours montés dans le style scolaire. Ils ne veulent plus être considérés comme des «écoliers». Regardez par exemple le vocabulaire utilisé pour promouvoir une activité spirituelle: lecture, cours, études, explication, écouter et regarder un pasteur qui lit son texte composé pour être lu comme dans un livre,

Et si on supprimait, de temps en temps, la prédication au profit du partage interpersonnel?
Désolé, je touche à la «prunelle» du culte. La fréquentation régulière d'activités liées au vécu communautaire se résume très souvent à l'enseignement de type scolaire: il faut persévérer, même si tu t'ennuies à mort pendant l'activité cultuelle. En voulant mettre l'accent sur l'adaptation culturelle, comme un style de musique adapté à la modernité, la technique de scène du stand-upper, vos cultes vont souvent faire pâle figure (du point de vue de la culture dominante). Je ne mettrais pas l'accent premier sur l'enseignement, la transmission d'un message de persévérance sous forme de prédication, d'études bibliques. Ce qui aide à persévérer, c'est de voir et de fréquenter d'autres chrétiens qui sont des modèles et qui osent partager leurs expériences. Quand on se contente le dimanche matin de juste diffuser un concept, certes biblique, en laissant les participants, assis côte à côte, comme dans une boîte de sardines, recouvert de «l'huile» bienfaisante et conservatrice de la prédication, on n'ira pas plus loin pour encourager la persévérance. Ne serait-il pas plus judicieux de faciliter le partage d'expériences? D'autant plus que les pasteurs négligent l'aspect internet qui offre souvent des enseignements bien plus percutants. Comme le couple fondateur de la chaîne d'églises Hillsong qui lance un ministère 100% numérique. Bien sûr, vous pouvez les snober, mais peut-être pourriez-vous mettre l'accent sur l'apprentissage de la persévérance par l'échange interpersonnel. Le pasteur deviendrait, moins un producteur de «messages» qu'un sélectionneur de contenus sur le web. Par contre, il va se charger de proposer ce que le net n'offre que d'une manière parcimonieuse: se regarder yeux dans les yeux et oser partager ses faiblesses, mais aussi ses victoires. Comment organiser un culte le dimanche pour faciliter le partage, l'encouragement, de personne à personne? D'habitude on le fait, dans l'après-culte avec un verre à la main, mais je ne parle pas de ça. Les croyants seraient bien plus attirés par une «mise-en-culte», paramétrée, formatée pour faciliter les échanges, le contact «yeux dans les yeux». C
e genre d'activités ne se trouve pas sur le net, d'autant plus que celui qui partage, en étant présent physiquement, ne peut pas tordre facilement sa réalité, comme ceux qui s'expriment sur les réseaux sociaux. Désolé, de ne pas pouvoir, pour l'instant, vous offrir un modèle qui fonctionne, mais je pense que la culture numérique devient tellement dominante qu'elle va imprégner toute activité, aussi dans l'église, comme une inondation. 

La culture numérique opère comme une inondation

La culture numérique opère comme une inondation

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