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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Construire ou rénover? Quelques conseils financiers et pratiques

26 Octobre 2023, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Ma réflexion ne se fait pas à partir d'un projet déjà «voté». Ce qui m'intéresse, c'est se poser la question du pourquoi, du but, de la nécessité avant de définir un projet. Ces questions se posent moins pour des églises historiques, comme les catholiques et les réformés, qui doivent surtout remplir un édifice qui se vide de plus en plus. Mais elles concernent les églises, dites évangéliques, qui pensent devoir investir dans de nouveaux bâtiments pour augmenter leur influence. 

Qui lance le projet?
Souvent ce sont des artisans à la retraite qui ont le savoir-faire, mais aussi la santé. Leur initiative est souvent la bienvenue, car ce sont aussi eux qui vont s'investir pour les rénovations ou même dans la construction. De plus, ils travaillent bénévolement et certains ont le charisme pour entraîner d'autres dans leur aventure. Ces retraités ont peur de s'ennuyer et ce genre d'occupation est parfaitement à leur portée. Je ne méprise pas ces personnes, mais des projets qui vont influencer du point de vue financier une ou plusieurs générations, doivent se lancer d'une autre manière. Il faut s'inspirer de l'entreprise.

Financement?
Avons-nous le financement? Faut-il faire un emprunt bancaire? Si oui, avons-nous le potentiel de personnes suffisamment jeunes qui pourront prendre en charge le remboursement sur plusieurs années? Il faudrait même faire voter la réalisation du projet par les moins de 50 ans, par ceux qui auront la charge du remboursement. A moins d'avoir un legs ou des personnes qui sont prêtes à investir sans remboursement.

Faire une étude de marché? 
Ce projet, est-ce un projet de prestige? Une nécessité absolue, vu le peu d'espace disponible pour accueillir le public actuel? Quels sont les «concurrents» sur le même espace géographique? Sommes-nous mieux outillés théologiquement, culturellement pour répondre aux besoins spirituels de nos contemporains?  Ou répondons-nous à un public, dont personne ne s'occupe? Avons-nous le potentiel d'encadrement pour augmenter notre espace de travail? Ce serait comme une entreprise commerciale qui augmente sa surface de vente, mais qui n'a que peu de vendeurs pour attirer le client. Même si l'église ne peut pas se comparer à un commerce, il y a des similitudes. Si votre communauté n'a pas l'ADN de l'évangélisation, ce n'est pas un nouveau bâtiment, même rénové, qui va combler ce manque d'enthousiasme. Ce travail d'étude, pourrait se faire en relation avec des communautés existantes, sur le même espace. Que pourrions-nous apporter en complément du travail des autres? En général, on s'implante et puis par la suite on cherche à créer des relations de coexistence. On pourrait peut-être imaginer un partage de locaux?

Prendre en compte l'évolution du «religieux» et de la spiritualité évangélique
En Europe, comme, de plus en plus, dans beaucoup d'autres pays, la culture et l'économie nous «tribalisent». D'une culture scolaire, plus ou moins homogène, nous nous divisons de plus en plus en «tribus». Pas seulement à cause de l'immigration, mais la musique, le sport, les réseaux sociaux, la culture numérique nous formatent à fonctionner par «tribus». Nous avions l'illusion qu'un seul type de communautés pouvait répondre à l'ensemble de la population. C'est pourquoi en Europe, le bâtiment église, catholique, réformé, luthérien, etc... pouvait répondre principalement aux besoins socio-culturels et religieux de nos contemporains. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Peut-être même le style-bâtiment église correspond de moins en moins au développement de l'église. Je donne, par exemple le supermarché. Il y a encore ceux qui vendent sous leur propre enseigne et dans leurs locaux, mais d'autres et ils sont en progression, abritent une multitude de boutiques et même des commerces concurrents sous le même toit. Et si au lieu de construire une nouvelle salle de culte, on ne louait pas un espace dans un centre commercial? Quitte à louer ensemble, à plusieurs communautés de type différents, le même espace. Le «allez» dans le monde, devient souvent «venez chez nous» dans notre nouvelle salle de culte sonorisée, «scénarisée-avec scène», «projectionnisée», «spectacularisée», «musicalisée», etc...

Les finances
C'est bien là que se joue l'avenir de nos communautés. Nous sommes en perte de vitesse considérable. Nous diminuons et de ce fait les dons des chrétiens vont suivre la même pente. L'Europe se déchristianise à vue d'
œil et c'est aussi le cas des États-Unis, grand pourvoyeur de financements en Europe. 

Graphique transmis par Jacques Nussbaumer sur Twitter

Les catholiques maintiennent encore le cap, grâce à l'immigration de chrétiens catholiques venant de l'Amérique du sud. Nos communautés évangéliques françaises se renouvellent aussi, encore, en partie par l'immigration des anciennes colonies francophones en Afrique (commentaire personnel).

* Le «none» peut avoir une croyance, sans appartenir à une communauté chrétienne ou religieuse.

Quelques conseils
Surtout si vous devez emprunter de l'agent à des banques. Faites voter le projet de construction ou de rénovation par la tranche d'âge de ceux qui vont financer à long terme. Pour les personnes retraitées n'autoriser le vote que pour ceux qui pourraient faire un don important ou un leg.

Ne cherchez pas votre financement aux USA. Ils sont aussi également en perte de vitesse. 

Nous sommes dans un tel changement culturel qu'on ne sait pas du tout comment les choses vont évoluer et de quelles formes de construction l'église du futur aura besoin.

Article complémentaire sur le même thème:
Faut-il réaménager nos lieux de culte pour les rendre plus attractifs?

Nous nous retrouvons dans un pays de mission et nous devrions réfléchir, non à partir des bâtiments à construire ou à rénover, mais sur l'impact que nous voulons avoir sur nos concitoyens qui ne sont même plus catéchisés.

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