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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Lettre ouverte aux femmes qui aspirent au pastorat féminin

23 Octobre 2023, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Chère sœur,

Votre aspiration est certes légitime en la comparant aux revendications des femmes hors de l'église, qui luttent pour l'égalité des salaires, pour obtenir les mêmes postes à responsabilité que les hommes. Les hommes, dans nos milieux évangéliques, enfin pas tous, vous répondront que justement l'église n'est pas une entreprise et qu'elle doit appliquer des règles bibliques. C'est une stratégie astucieuse pour garder le pouvoir. J'irais même plus loin. Vous vous faites entuber par la gente masculine, qui se réfugie derrière des textes bibliques qui fonctionnent, selon leur interprétation comme des remparts. Je suis sûr, que là, vous les femmes, vous applaudissez. Enfin un mec qui soutient notre combat! Malheureusement, je ne vous soutiens pas dans toutes vos revendications. Pourquoi acceptez-vous de vous former dans des facultés de théologies qui ont été pensées par des hommes, pour des hommes? Comment peut-on souscrire à une vision du pastorat qui s'adapte à un rôle uniforme, stéréotypé, normatif qui pourrait s'appliquer aux hommes, comme aux femmes, sans distinction. Dans les programmes de formation en faculté, il faudrait envisager une formation spécifique. En fait les hommes ont réussi, à vous qui allez dans une faculté de théologie, à vous imposer leur manière de voir et d'exercer le pastorat. Chez les évangéliques, il y a combien de femmes qui sont doyennes d'une faculté? Bravo, vous restez soumises aux hommes comme la Bible vous le demande. Dieu aurait-il créé un homme et une femme juste pour faire des gamins?

Je vous soutiendrais, si vous n'acceptiez plus d'entrer dans le moule «masculin» et que vous travailliez, non pas à mettre au point, un pastorat «féministe», mais un ministère qui s'emboîte dans celui de l'homme, sans hiérarchie. Un peu comme la relation sexuelle du couple, différents, mais d'égal à égal. Je souhaiterais un ministère «d'emboîtement». Je suis sûr que ce je viens d'écrire, vous paraît scandaleux. Ça vous montre à quel point, le diable a réussi à nous tordre qu'on n'ose plus se référer à la plus belle chose que Dieu a créée sur terre. Si la Bible compare l'église à l'épouse du Christ ou comme le prophète Osée le fait en comparant Israël à la fiancée du Seigneur (Osée 2:19). Rassurez-vous, je reste dans la parabole.

Voici, pour terminer quelques pistes à explorer. On compare souvent l'église à une famille, mais une vraie famille se compose toujours d'un homme et d'une femme, sinon on aurait d'un côté que des géniteurs et des mères porteuses. Ce qui, pour moi, voudrait dire qu'il faudrait former, pour diriger une église, des couples et non pas des individus. C'est dommage qu'au début du christianisme dans les Actes, les figures de proue, sont présentées comme des célibataires. Bien sûr, un Paul, qui était toujours sur la route, ne pouvait pas s'occuper d'une famille. On a tellement poussé loin le modèle «standalone» que tout le staff catholique doit rester célibataire et les femmes on les a cloitrées au monastère.

La formation en faculté devrait se faire avec un tronc commun et deux filières parallèles. L'homme, comme la femme doit aussi apprendre «l'emboîtement», chacun à partir de son point de vue. Vous conviendrez que ma vision du pastorat semble bien utopique. On a bien réussi chez les catholiques à imposer le célibat pour le ministère, pourquoi ne pourrait-on pas arriver à engager des couples comme dirigeant d'une communauté? Bien sûr, comme chez les cathos, un mec seul, coûte moins cher qu'un couple. Bon, on engage souvent un couple, à condition que l'épouse ou l'époux soit bénévole! Que l'un a une fonction publique et que l'autre reste dans l'ombre.

Pour commencer, je suggèrerais que nos formations académiques, qui pour l'instant ne forment que des individus «standalone», se penchent sur une formation qui ciblent «l'emboîtement». Le pasteur ou la pasteure devra peut-être trouver dans la communauté qui l'accueille des vis-à-vis, surtout dans son conseil, qui jouent ce rôle de partenaire différent. C'est là que vous vous rendez compte que les conseils qui ont des difficultés à intégrer des femmes, sont à côté de la plaque.  

L'emboîtement
vu sous un angle graphique 

Le cercle représente le ministère partagé. Vous augmentez la taille du cercle, automatiquement les différentes couleurs et nuances vont se réajuster. Le ministère est donné par Dieu. Comme dans un couple, l'emboîtement sexuel est lié à la procréation ainsi qu'au plaisir. Nous sommes appelés à «procréer» le Royaume de Dieu. Toutes les formes d'emboîtement et la taille des espaces sont possibles à condition de se laisser conditionner par le «cercle». Il faudra d'abord trouver la configuration prévue par Dieu, avant de définir l'emboîtement. 

 

Le problème fondamental, c'est qu'on forme les personnes au ministère pastoral comme on forme le professeur des écoles. Qu'il soit homme ou femme, il n'y a aucune différence, il faut juste appliquer le programme prédéfini. Dans l'école, les professeurs sont interchangeables. On ne forme pas à part la femme pour le même emploi que l'homme. L'église n'est plus une école, une yeshiva, c'est un corps socio-spirituel qui doit se gérer à partir des talents, de l'expérience de foi et des différentes sensibilités aussi du point de vue homme/femme. Un ministère plus maternel adossé à un ministère plus paternel?

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