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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Comment encourager les jeunes talents dans nos communautés?

30 Octobre 2023, 08:51am

Publié par Henri Bacher

Un des développements d'une communauté consiste à trouver les talents parmi ses membres. Le problème, c'est que majoritairement, comme notre modèle de développement s'inspire de l'école de Monsieur Jules Ferry, le promoteur de «l'école publique laïque, gratuite et obligatoire», nous cherchons des personnes talentueuses qui renforcent le modèle scolaire. Actuellement dans les entreprises on met l'accent sur d'autres qualités, à l'image d'une entreprise dont je m'inspire pour ce post.

En voici le résumé d'une initiative qui vaut qu'on s'y attarde:
Suisse: permettre aux salariés d'entreprendre… au sein de leur entreprise
68 % des jeunes déclarent avoir envie d'entreprendre, selon une étude de l'association Adie. Face à cette envie grandissante des salariés, comment, pour les entreprises, leur donner envie de rester et prévenir la fuite des talents? Au sein de l'entreprise suisse spécialisée en création d'innovations Creaholic, 60 employés, les collaborateurs ont le droit de consacrer 100 heures de travail par an au développement d'un projet entrepreneurial. Ils font ensuite profiter les clients de l'entreprise de leur solution. Si le projet d'innovation fait ses preuves, son créateur peut alors le faire incuber et financer chez Creaholic. Depuis le début de l'initiative, quatorze «entreprises dérivées», aussi appelées «spin-off», ont ainsi vu le jour. Un bon moyen de répondre à la quête de sens au travail en donnant plus d'autonomie aux salariés et en leur laissant travailler sur des projets qui ont du sens pour eux. «Avec cette politique, l'entreprise ne s'y attendait pas, mais répond aussi à la crise environnementale, car de nombreux projets sont en lien avec l'écologie».

Le contexte de l'église
Grosso modo, traditionnellement, nous misons surtout sur les bonnes volontés, sans forcément chercher ceux qui ont vraiment de vrais talents. Peut-être le pasteur a aussi peur d'une certaine concurrence. Nous cherchons les talents pour prêcher, étudier la Bible, présider un culte selon un rituel préfabriqué et facile à appliquer. Il y a aussi le comptable, les responsables du groupe de jeunes ou du culte de l'enfance. Accessoirement, il y les talents de décoration du lieu de culte ou la ou le cuisinier pour les rencontres festives. Tous ces talents vont surtout dans le sens de renforcer l'existant, mais en aucun cas, de trouver des solutions inédites pour atteindre l'extérieur. On laisse ça à des organisations chrétiennes spécialisées dans l'évangélisation. Et par ricochet, nous ne faisons que peu d'efforts pour recruter et améliorer les talents qui auraient directement prise sur l'extérieur.

Un exemple d'une personne talentueuse, modèle pour l'église d'aujourd'hui
Il se trouve dans les Actes avec Philippe, l'évangéliste (Actes 8: 26-40). On se demande où il a appris à évangéliser de cette
manière-là? C'était sûrement un créatif talentueux. Le problème c'est que ces créatifs se sont souvent développés à l'extérieur de la communauté et celle-ci espérait que le fruit de leur travail allait automatiquement remplir les communautés. Ce fut par exemple tout le travail de Jeunesse en Mission ou de Campus pour Christ. Ce modèle fonctionne de moins en moins, parce que la communauté réceptrice de ce travail d'évangélisation a pris la mauvaise habitude de ne pas essayer de s'adapter à ces nouveaux venus de l'extérieur. C'est assez impressionnant de voir que tout le potentiel des écoles de disciples de JEM ne soit pas entré dans le système de la Validation des acquis de l'expérience (VAE) pour le renouvellement des pasteurs. 

Comment encourager les jeunes talents dans nos communautés?

Que faut-il entreprendre?
Ces jeunes talentueux dont aussi 68% se retrouvent dans nos églises, veulent entreprendre quelque chose de nouveau et pas seulement remplir les cases disponibles. Allons-nous leur offrir un espace créatif et expérimental pour tester leurs «exubérances» juvéniles et spirituelles? Surtout que ce sont des personnes qui seraient appelées à travailler directement avec le contexte «socio-culturel» attenant à l'église.

Ce n'est pas évident, mais c'est faisable
Il faut que la communauté accepte de créer des sas intermédiaires de vie spirituelle entre ce que font ces talentueux qui ne rentrent pas forcément dans la culture d'origine de la communauté. Un talentueux, qui sort du cadre, est forcément un brin déjanté comme Philippe qui est le premier évangéliste «carossestoppeur». Bien sûr, il faut aussi des talentueux qui restent dans le «cadre», mais ce ne sont plus les mêmes.

Une conclusion à partir d'une expérience faite dans une communauté évangélique genevoise
Plusieurs artistes (peinture, dessin), surtout, on monté une exposition dans les locaux de l'église avec une sélection de tableaux réalisés par des membres de la communauté. Ce fut une grande exposition, de très bonne qualité artistique, ouverte au public de la localité et elle a eu un certain succès. C'était une initiative d'un groupe de personnes talentueuses. Le problème, à mon avis, c'est qu'on n'a pas pu vraiment mettre en valeur ces talents, à part de voir les tableaux. Il y a bien eu des bénévoles (des bonnes volontés) pour être présents pour accueillir le public, mais ils n'ont pas été formés pour accompagner le public et commenter avec eux et pour eux ce que les artistes voulaient exprimer avec leurs productions. C'est clair que tous les tableaux ne se prêtaient pas comme support d'évangélisation. Pour ce public extérieur, certains artistes talentueux, auraient pu proposer des ateliers d'exploration de la spiritualité, à partir d'une activité artistique. C'est ce que j'appelle ouvrir la communauté aux talentueux qui s'aventurent comme Philippe, l'évangéliste, à la rencontre de personnes complètement improbables.

Arial Pole
Une autre possibilité que nous avons explorée, c'est de travailler avec une chrétienne talentueuse du point de vue sportif (championne suisse, catégorie amateur, en 2022, championne du monde en 2024) à l'élaboration d'un catéchisme basé sur son sport (Arial Pole). Elle pourrait aussi être utilisée dans sa communauté pour catéchiser les plus jeunes, ce qui aiderait à sortir de l'enseignement scolaire.

 

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