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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Disciple et influenceur

17 Novembre 2022, 09:00am

Publié par Henri Bacher

Par influenceur, nous faisons référence à ces personnes, homme ou femme, jeune ou vieux qui se font le relais, souvent très offensif et percutant d'une philosophie, d'une politique, d'un style de vie lié à la nourriture, aux loisirs, à l'écologie, à la musique, à la danse (les fameux shuffles) ou à la mode. Les chrétiens s'y sont aussi mis. On pourrait dire que c'est un disciple qui influence la toile.

Disciple et influenceur

Le modèle biblique de l'influenceur, c'est Jean-Baptiste
Il n'était pas disciple direct du Christ, mais celui qui lui ouvre le chemin (Matthieu 3:1-3). Il était connu pour sa manière de s'habiller, de se nourrir. Il officiait dans la nature, pas dans un bâtiment-destiné-à-la-spiritualité comme une synagogue. Il me fait penser aux influenceurs sur les réseaux sociaux, homme ou femme. Ils sont repérés grâce à leur aspect physique. Ils ont du charme télévisuel. Ils sont particuliers de par leur physique, beau ou moche, mais jamais quelconque, de leur bagout, de l'originalité de leur message ou contribution. Ce ne sont pas des répétiteurs d'un message ancien. Plus ils sont orignaux, plus on les suit et on les écoute. 

L'influenceur évangélique actuel
Il est comme ce marcheur qui sort du bois et continue sa route sur un 
chemin asphalté (numérisé). Il n'a pas eu le temps de changer de chaussures et elles sont encore pleines de boue. Cette «boue» dans ma parabole, c'est ce qui fait partie du sol boisé. Ce n'est pas du tout négatif, ça fait partie de la forêt. On marche en forêt avec des chaussures adéquates. Nos «chaussures» spirituelles viennent de la Réforme et des mouvements de réveils du 19ème siècle et rien n'empêche, aujourd'hui, de marcher ainsi sur la route asphaltée. Donc, le chrétien influenceur prêche, parle, montre, prend exemple sur son expérience tirée dans les sous-bois, alors qu'il est ailleurs, dans un autre univers. Il pense que comme il parle de la part de Dieu, forcément le Saint-Esprit fera le nécessaire pour que son message soit accepté et compris. Il monte sur la scène des réseaux sociaux avec son attirail de marcheur protestant, évangélique, tout en copiant maladroitement l'influenceur tiktokeur, instragrammeur, twitteur. De plus, on mise encore trop sur le message formaté dans la culture de l'écrit (de la forêt) qui va permettre le contact avec le Christ. On reste encore toujours dans le calvinisme classique: ce qui est important, c'est la prédication pour accéder et pour développer la foi. Or, Jésus n'est pas spécialement connu pour ses prédications.

L'influenceur évangélique au 19ème siècle
C'est les mouvements de réveil de ce siècle qui sont à l'origine des églises évangéliques du continent européen: baptistes, pentecôtistes, darbystes, etc... Je me suis posé la question comment ces mouvances ont pu se développer aussi largement seulement en quelques décennies. C'est vrai qu'on assiste à une accélération de l'histoire qui a été boostée par la généralisation du système scolaire. Les gens lisaient, les leaders de ces mouvement comme Nelson Darby, écrivaient, voyageaient un peu (ils n'avaient pas les vols easy), mais pourquoi ces prédicateurs du Réveil ont-ils eu autant de succès? Je pense que leurs doctrines théologiques ont été en premier acceptées par ce qu'on appelle en marketing les Early Adopter. Ce qui fait qu'une personne devient «primo-acceptante», c'est qu'elle accepte et se mobilise pour quelque-chose qui est fondamentalement nouveau. Ce fut déjà le cas à la Renaissance avec la Réforme.

C'est l'exemple de l'Iphone d'Apple. Ceux qui ont boosté la commercialisation massive de ce smartphone ce sont ces «primo-acceptants». Jobs n'a pas seulement changé la forme du téléphone ou sa couleur ou son maniement, comme nous, on pourrait être tenté de changer la forme du culte, des chants, de la liturgie. Il a créé une nouvelle culture numérique, de nouveaux besoins, de nouvelles manières d'appréhender la réalité et de la développer.

Se pose alors la question de la nouveauté que nous proposons. Nous ne faisons que ressasser un vieux message: tu es pécheur, tu es condamné par un juge, qui bien sûr te pardonne. Certes, nous l'habillons musicalement, visuellement, en audio, en vidéo, mais ce n'est pas ça la nouveauté que les gens attendent. Je ne suis pas entrain de dire qu'il faut mettre la croix au rencart. Nous essayons au travers d'une nouvelle formulation de la notion de salut de créer de la nouveauté. Je dis bien nous «essayons».

Ces «primo-acceptants» deviennent des influenceurs
C'est ça la clé de la propagation d'une doctrine nouvelle ou d'une nouvelle manière de voir le salut. Comme avec les réveillés du 19ème siècle. Ces «primo-acceptants» évangélisent leurs familles, leurs voisins, créent des lieux de culte dans leurs fermes ou lieux de vie, sans l'incitation d'une hiérarchie ecclésiastique. Encore aujourd'hui, en Suisse romande, dans les milieux dits «frères, étroits ou larges» on reconnaît leur origine à leur nom de famille dont les ancêtres ont été ces «primo-acceptants». 

Nouvelle théologie?
Donc, avant de relooker une activité cultuelle, efforcez-vous de proposer une nouvelle théologie qui s'articule avec une nouvelle manière de vivre la communauté chrétienne, surtout le dimanche matin. Par théologie, nous entendons la manière de décrypter spirituellement la réalité à la lumière de la Bible. En sachant que toute théologie est une grille de lecture, un filtre qui garde et élimine ce qui convient le mieux pour le moment. Ce n'est pas pour rien que la Bible elle-même est une suite d'interprétations des réalités tout au long de l'histoire humaine. Pour nous, le Credo est la forme la plus simple à respecter pour ne pas tomber dans les extrêmes.

 

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