Les mécanismes de la création d'une communauté

13 Avril 2023, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Depuis quelques décennies on nous exhorte à implanter de nouvelles communautés. Quel sera le modèle utilisé pour créer ces nouveaux ensembles? Généralement nous reproduisons l'ancien modèle, un peu comme nos missionnaires de l'ancien temps qui suivaient les colonisateurs de l'hémisphère sud. Pour certains, ils ont même pris dans leurs bagages, l'harmonium et les chants du psautier réformé ou du chantoir sur les Ailes de la foi, traduit en langue vernaculaire. Sommes-nous conscients que nous débarquons dans une nouvelle culture et par surcroit que nous n'arrivons plus dans les basques des colonisateurs? Nous allons donc donner quelques conseils que nous avons expérimentés, à petite échelle, sur le terrain.

Les mécanismes de la création d'une communauté

Le clip Jerusalema va nous servir de modèle
pour structurer nos propositions
O Comme pour le clip ci-dessus, une communauté commence toujours par l'association de deux ou quelques personnes qui discutent, échafaudent des plans pour l'avenir, à l'instar du couple de ce clip, qui peut être pris comme le modèle de base d'un système communautaire.

Passez du temps avec quelques partenaires, que vous aurez sélectionnés pour parler et vous ajuster réciproquement dans vos rêves, vos attentes. Surtout ne prenez pas un groupe conséquent de votre communauté d'envoi pour ouvrir une nouvelle succursale plus loin. Vous serez condamnés à reproduire le modèle que vous quittez. Vous ressemblerez à ces missionnaires du 19ème siècle qui ont simplement reproduit un modèle développé dans leur culture d'origine sans repenser une théologie et une manière de se rassembler qui prend en compte la nouvelle culture numérique. On ne clone pas un spiritualité. Le monde actuel a besoin de nouveaux modèles de faire communauté.

O Dans ce clip, la chorégraphie s'accompagne, d'une activité liée à la nourriture. Essentiel dans l'implantation d'une communauté: manger ensemble. C'est un modèle très répandu dans le contexte biblique.

O Le lieu d'implantation est aussi important. Apparemment, ces participants au clip font déjà partie d'une école de danse, mais pour s'exprimer, il leur faut une esplanade. Pour des leaders qui commencent, ne vous focalisez pas en premier sur l'espace physique, comme par exemple la priorité donnée à la construction d'un lieu de culte, en espérant pouvoir le remplir. Ici avec ce clip dansé, ils ont manifestement cherché un emplacement à la suite d'un développement. Si vous avez la vision d'une évangélisation qui doit mettre l'accent sur l'enseignement, une sorte d'école spirituelle, une yeshiva évangélique, c'est le modèle de la salle de classe qui va s'imposer.

Dans le commerce, l'emplacement géographique est très important selon le type de business que vous voulez mettre en route. Pour l'église c'est pareil. Dans les Actes des Apôtres, les évangélistes, les implanteurs d'églises, se sont avant tout focalisés sur les personnes et puis leurs familles, donc leur lieu de vie. Ils ont pris comme base de rassemblement la maisonnée. Aussi sur les opportunités que leur offrait le «hasard» (Actes 16:11-15). Dans ce texte, Paul suit simplement le fil rouge que lui a tendu Lydie, la marchande de tissus, qui les a obligés à habiter chez elle. C'est tout un art de partir des bords d'une rivière pour entrer dans le logis d'une personne et y implanter une «communauté». Sur quelle «rivière», faites-vous de la prospection? A quels endroits traînez-vous les pieds, surtout un jour de «sabbat» où vous êtes obligés de vous enfiler un culte? Et c'est le «fil rouge» qui vous donnera peut-être le lieu d'implantation de votre future communauté.

O Dans ce clip, il y a deux «leaders» qui mettent le tout en mouvement et se sont des personnes talentueuses: avant tout des modèles de comportement, des personnes passionnées par ce qu'elles font. Dans l'économie, dans le monde numérique et artistique, mais aussi dans le domaine de l'église, ce ne sont plus les «diplômés», ceux qui ont suivi un parcours scolaire et académique qui seront les vrais pionniers des nouvelles implantations. Je précise qu'un «diplômé» peut tout à fait être talentueux, mais malheureusement, hier dans le système scolaire et aujourd'hui dans la culture numérique, on produit surtout des «unijambistes» culturels. Nos facultés de théologie, de par leur système de recrutement, tablent plus sur le diplôme, donc sur le cursus scolaire qui produit peu de talents liés à l'art, à l'artistique, à la musique. Notre impact sur nos contemporains s'amoindrit de plus en plus, parce nos promoteurs de la foi, parlent de moins en moins la «langue» des gens que nous voulons encourager à croire.

La culture du livre contre la culture numérique

O Cette performance de chorégraphie, est à l'image de la communauté chrétienne. Il y a ceux qui sont naturellement doués et en plus, qui s'entraînent depuis longtemps. Il y a ceux qui sont gauches dans leur mouvement et qui le resteront, malgré le fait de participer régulièrement aux répétitions, qu'on appelle dans le jargon de l'église, par exemple, «étude biblique». On le voit aussi avec certains danseurs ou danseuses de ce clip. Si on s'inspire du modèle scolaire, où il faut toujours tendre vers la meilleure note, on fatigue les participants. Au lieu de leur laisser simplement le choix d'y participer, avec leurs possibilités, leurs handicaps, leurs faiblesses. L'essentiel c'est d'entrer dans la danse et pas de créer une compagnie spirituelle qu'on appelle «église» et qui se fait applaudir comme à un spectacle sur scène.

O Pour conclure, je souhaiterais mettre en évidence, la «musique» qui rend possible cette mise en scène chorégraphique. Sans elle, un leader talentueux ne créera jamais une chorégraphie. Si le pasteur implanteur se borne à reproduire un rituel «spirituel» à l'image d'une gymnastique pour maintenir la forme physique, il ne touchera que peu de ses concitoyens. Pas très mobilisateur pour les gens d'aujourd'hui. Ils souhaitent vivre une «expérience chorégraphique spirituelle» au lieu d'une mise en forme morale, d'une activité, de «type physique spirituel». Un peu comme le médecin qui conseille à son patient de marcher tous les jours une demi-heure pour rester en bonne santé. C'est tout l'art d'une communauté chrétienne naissante: comment allier «fun spirituel», plaisir et mise en forme, puisque la danse a aussi comme base la gymnastique? Je ne parle pas ici seulement de la culture musicale, de la liturgie de type émotionnel, de l'ambiance d'un culte, mais de la musique de l'évangile qui donne des réponses, non-scolaires, aux questions des gens. Qui produit des miracles, de l'espérance, de la confiance dans un Dieu qui tient le monde et la vie du chrétien dans sa main.

#implantationeglise #eglise

Commenter cet article