Est-ce que la Bible est suffisante pour comprendre Dieu?
À nouveau nous faisons une incursion dans le théomimétisme pour répondre à cette question. Pour nous, surtout les chrétiens réformés et évangéliques, nous n'avons qu'une seule porte d'entrée pour essayer de comprendre Dieu, celle de la Bible. Un peu comme une ville dont il n'y aurait qu'une seule entrée. Alors que l'apôtre Paul nous en donne une deuxième, celle de la création comme deuxième livre de révélation:
La puissance sans limites de Dieu et ce qu’il est lui-même sont des réalités qu’on ne voit pas. Mais depuis la création du monde, l’intelligence peut les connaître à travers ce qu’il a fait. Les êtres humains sont donc sans excuse. Romains 1:20.
Cette fois-ci, nous nous intéressons à la manière dont nous avons réduit cette compréhension à un alignement d'interprétations, de schémas, de doctrines tous liés à l'analyse d'un texte. N'y aurait-il pas autre chose derrière ces textes? Avons-nous assez d'humilité pour douter de notre capacité de comprendre par notre intelligence occidentale et nos outils culturels?
Nos processus de compréhension d'une réalité complexe
L'image ci-dessous expliquent, très clairement, que devant la complexité de l'univers nous devons passer par des schématisations. En spiritualité on qualifie cette schématisation de «doctrines», de configurations mentales. Dans le monde numérique associé à l'émotion, ce seront des «constructions émotionnelles». On vit, par exemple, lors d'une soirée de louange, une superbe ambiance à cause d'un groupe musical plein de talents et d'un prédicateur charismatique. Très rapidement on va parler d'onction du Saint Esprit. C'est une autre manière de mettre en «mot», en «schéma émotionnel» une réalité qui nous dépasse. Ce n'est ni faux, ni juste, c'est juste une approximation de la réalité, dont il faut tenir compte.
Exit nos théologiens académiques qui «savent», nos spiritualistes émotionnels qui semblent sentir parfaitement la réalité divine. Soyons plus humbles! Tout en croyant fermement que Dieu peut parler, cultivons un doute quant à nos compréhensions intellectuelles et émotionnelles. Je ne parle pas ici, de la confiance en Dieu, qui lorsqu'il a parlé et que nous avons vérifié cette parole, ne doit pas nous faire douter. C'est là qu'intervient l'apprentissage de l'écoute de Dieu.
Non, Dieu n'a pas de difficultés à nous rejoindre
Le génie de Dieu, c'est que malgré la distance entre lui et nous, nous pouvons communiquer avec lui, en ayant en réalité que peu d'informations sur lui et son univers spirituel. Dommage que nos spécialistes du «cosmos», nous font croire le contraire et qu'ils se positionnent comme des «savants», au lieu d'être des modèles qui savent écouter la voix de Dieu. La clé c'est l'écoute. Dieu parle. Il n'est pas gêné par sa création qui se mesure en années-lumière. Quand il parle, c'est comme lorsqu'un rayon de lumière traverse les nuages, dans la culture numérique c'est le cloud, dans la culture du livre et de la lecture, c'est la page imprimée. Malheureusement, ces «nuages» sont souvent tellement opaques que la lumière n'arrive pas à passer et ils représentent nos vies de tous les jours. Je ne mets pas tout de suite ces nuages dans le domaine du péché.
Ça c'est la «schématisation», le levier de la doctrine qui semble toujours très parfaite. N'oublions pas que nos théologies réformées et évangéliques sont fortement imprégnées par la Renaissance. Ce mouvement culturel qui partait de l'idéal, comme la sculpture du David de Michelangelo à Florence: un homme parfait, sans défaut. Ça n'existe pas dans l'univers de Dieu. La perfection c'est celle de l'amour et celle-là, je vous défie de pouvoir la «cartographier», la «doctriniser».
Les critères à appliquer pour essayer un tant soi peu de comprendre
Le premier c'est de prendre en compte que nous sommes dans un monde en extension et en perpétuel mouvement comme montré dans le clip. Plus nous restons les «pieds sur terre», le plus près de notre perception humaine, de nos capacités intellectuelles du moment, plus nous pouvons schématiser, cartographier, visualiser la réalité. Plus nous nous éloignons de la réalité où Dieu nous a implantés, plus nos schématisations, nos doctrines deviennent bancales et caricaturent la réalité. Le CERN explore l'infini petit et le modèle standard à l'origine des premières découvertes est déjà mis en cause. En spiritualité c'est pareil. Comment appréhender la réalité de Dieu avec nos pauvres analyses basées surtout sur l'analyse du texte biblique? Ce n'est pas le texte qui est cause, c'est notre capacité humaine de comprendre. Nous arrivons à un plafond de verre. Un exemple? Celui de nos braves évangéliques qui ont contesté Darwin et sa conception de l'évolution. Leurs interprétations à partir du texte de la Genèse nous paraissent aujourd'hui ridicules. Bien sûr, Darwin dans son interprétation de la réalité, n'était pas plus juste ou disons qu'il était en route vers le «juste», si on reste strictement dans l'aspect scientifique. Qu'en est-il de nos théologies systématiques qui «doctrinisent» le salut à tout va? Un peu comme ces personnes qui voient un panneau indicateur de direction, comme l'est la Bible dans ce domaine, mais qui décrivent la destination avec aplomb comme s'ils avaient parcouru tout le chemin. Ce qui est foncièrement juste et concret, «schématisable», c'est que la direction est juste. La Bible ne se trompe pas de direction, mais la manière d'y parvenir est semé de pas mal de réalités, mais aussi de mystères. Suis-je quelqu'un qui pense comme les gens d'aujourd'hui? Qui relativise la Bible comme Parole de Dieu? Non, je relativise les concepts théologiques qui ont certes produits de belles choses par le passé, mais qui ne répondent plus actuellement aux aspirations de nos concitoyens.
Comment sortir de ce dilemme?
Le Christ nous donne l'exemple. Majoritairement il parle en paraboles. C'est la manière la plus performante pour décrire ce qui est indescriptible, non «schématisable». La Bible est un panneau indicateur sûr pour indiquer la destination finale, mais pour la décrire, elle utilise l'image parabolique de la Jérusalem céleste (Apocalypse 3:12).
Conclusion
Il faudra passer, pas forcément exclusivement, de la foi «doctrinisée» à la foi «parabolisée» pour rejoindre les gens dans la culture numérique. Hélas, on a formé nos théologiens à expliquer les paraboles du Christ, mais on ne les forment pas à en créer des nouvelles qui s'inspirent de la vie culturelle et économique d'aujourd'hui.