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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Comment utiliser des baguettes chinoises pour expliquer la collaboration avec Dieu-Idée de prédication

7 Mars 2024, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Le roi de la parabole, c'était Jésus. Il utilisait pour son enseignement ce qu'il avait à portée de main ou de vue et surtout ce que les gens connaissaient et dont il n'avait pas besoin d'expliquer le fonctionnement, comme par exemple, les paraboles liées au monde agricole. Hélas ce monde nous ne le côtoyons plus qu'avec le fumier qu'on verse devant nos préfectures. Par contre, la plupart de nos participants au culte ont sûrement utilisé ou essayé le maniement des baguettes chinoises. Nous en tirons une parabole pour expliquer comment s'entraîner dans notre relation à Dieu.

Pour commencer
Demandez à une personne d'origine chinoise ou taïwanaise ou à une autre personne qui connaît le maniement des baguettes d'en faire la démonstration en scène. Ce serait même intéressant que les personnes chinoises ou non-chinoises expliquent comment elles ont appris à manipuler les baguettes. 
Sinon projetez le premier clip ci-dessous.

Le principe d'interprétation de cette parabole
Pour que ces « outils-baguettes » puissent être efficaces, il faut les faire fonctionner ensemble. Ces baguettes représentent deux niveaux qui doivent s'interpénétrer, travailler en symbiose. Celui du niveau divin et celui lié à notre humanité.

L'outil d'enseignement scolaire
C'est celui développé depuis les réformes calvinistes et luthériennes et repris massivement par le monde évangélique. La Bible fonctionne comme le manuel exclusif dont on tire les enseignements pour l'Église. La seule interaction possible, c'est celle d'appliquer l'enseignement. Dans nos communautés, nous apprenons aux chrétiens à suivre l'enseignement dispensé que nous qualifions de juste et de véritable. La Bible ressemble souvent au casque d'un Dark Vador que nous requalifions en Light Vador.

Comment utiliser des baguettes chinoises pour expliquer la collaboration avec Dieu-Idée de prédication

Quelles sont les conséquences de cette manière de
« manger » spirituellement ?

Avant tout, c'est l'interréaction qui fait défaut, le travail entre le stockage (la lecture), son décryptage pour comprendre (l'exégèse) et son jumelage avec ce que le Saint-Esprit révèle au travers des dons spirituels. On fait juste bouger la deuxième baguette pour mettre en pratique. C'est dèjà pas mal !

Avec une seule baguette, on peut piquer la nourriture, mais il faut offrir un plat qui se prête au piquage. La baguette peut aussi servir à pousser la nourriture dans la bouche. 

Ce que je retiens de cette première approche de ma parabole, c'est que les plats « spirituels » que l'on prépare pour la consommation avec une seule baguette sont très différents d'une autre nourriture plus variée. Le calvinisme a élaboré des plats standards, pouvant se manger avec une seule baguette, sans apport de l'intelligence émotionnelle. C'est des plats « cuits » à la logique, au rationnel, à l'analytique, à la systématique, avec la technique de cuisson liée au «froid». C'est un brin caricatural. Dieu n'est pas limité pour se faire comprendre et ces plats calvinistes ont transformé une grande partie de l'Europe.

L'outil lié à la culture numérique
Nous quittons, sans nous en rendre compte, le scolaire et nous avons besoin de redéfinir la position de la Bible et la pratique de notre spiritualité, surtout celle se référant, pour le grand public, à l'écrit et à la lecture. Dans le sondage ci-dessous, la France arrive en queue de peloton (lecture pendant une journée).

Comment utiliser des baguettes chinoises pour expliquer la collaboration avec Dieu-Idée de prédication

 

Pourquoi déplaçons-nous la Bible de la position dominante qu'elle avait par le passé, vers celui du contrôle ?
Bien sûr, elle reste fondamentale, mais nous lui attribuons cette place de contrôle, pour la simple raison, que nous sommes convaincus que dans cette interréaction entre le divin et les humains, il faut redonner une place centrale au Saint-Esprit. La relation entre Dieu et nous n'est pas l'apanage exclusif d'un texte, mais aussi celui de l'Esprit. Donc, les dons du Saint-Esprit vont également jouer un rôle important. Nous allons passer de l'ère de la Parole écrite à celle du Saint Esprit, contrôlée par la Bible.

 

La valeur spirituelle que je donne aux dons de l'Esprit
Ne pensez pas que je sois un tuyau à images, qu'on appelle dans le jargon charismatique « vision » et que je fonctionne comme un serveur d'images. Dieu me les donne d'une manière parcimonieuse et je ne peux pas les produire sur demande, mais j'ai souvent des images pour des personnes que je connais personnellement. Ce n'est pas forcément la norme, mais c'est un garant efficace pour bien cibler le message. Mais c'est aussi une sécurité, surtout quand j'annonce à mon interlocuteur que je peux me tromper. Mon image s'installe dans un espace de confiance.

Un exemple personnel pour illustrer cette interréaction
C'est le souci d'une mère pour son fils qui aborde à peine l'adolescence. Elle est inquiète de voir que son gamin se laisse aller spirituellement et du point de vue scolaire. Elle me demande la prière et le Saint-Esprit me donne une image : celle d'une feuille d'arbre qui flotte dans un courant d'eau. 

Comment interpréter cette image ?
Avec cette image, je suis parti de ce que je ressens. Est-ce une image dramatique, négative ou positive ? Il ne s'agit pas de faire une analyse logique de cette représentation et de conclure que cette feuille est détachée de l'arbre, donc sa trajectoire sera erratique. Elle va se perdre, il faudra redoubler de prières. Je crois que Dieu ne me donne pas une image, juste pour confirmer une évidence où il n'y a pas besoin du Saint-Esprit pour comprendre. Une feuille dans le courant d'une rivière est définitivement perdue. Est-ce que l'Esprit voulait dire?

L'interprétation qui va différer de l'analyse, c'est que cette feuille, cet ado flotte dans un courant spirituel, celui de sa famille, totalement engagée et active dans une communauté, qui aura la responsabilité de le « porter » vers la bonne direction de vie. L'accent n'a pas été mis sur la feuille, mais sur le courant familial positif et porteur, ce qui n'est pas l'interprétation qui saute aux yeux en voyant cette feuille à la merci du courant. C'est un indice de contrôle intéressant lorsque l'interprétation ne va pas forcément dans la logique de l'image. Cet ado, quelques années plus tard, s'est fait baptiser. Il fréquente le groupe de jeunes. Il a même joué dans un de mes clips (à partir de 01:39), donc aussi une manière de se profiler publiquement dans une activité spirituelle. Pour la mère en question, c'est une poignée qui l'aidera à mettre les frasques de son ado dans le contexte d'une histoire longue, dont la finalité est positive.

Comment contrôler cette image avec la Bible ?
C'est bien là, la difficulté ! J'ai beau chercher dans le Livre Sacré un texte qui corrobore mon interprétation, elle ne se trouve pas facilement. Bien sûr, on trouvera des tas de versets encourageants. Peut-être le Saint-Esprit aurait pu me donner juste un verset biblique adéquat, comme celui reçu pour mes enfants quand ils étaient sous la menace d'un rapt avec demande de rançon. C'est une manière de faire qui correspond à la culture scolaire. Mais ce qui diffère de l'interprétation d'un texte, c'est que le Saint-Esprit est souvent beaucoup plus précis. Il ne fait pas du saupoudrage. Il n'applique pas une pommade. Le texte biblique nous fait capter un encouragement, mais a moins d'impact qu'une image révélée. Pourtant, il faut contrôler avec la Bible. Premièrement, le fait de s'appuyer sur une image ou une vision se retrouve dans la Bible. C'est donc un procédé spirituel autorisé par le texte sacré. La deuxième boucle de contrôle, c'est la paix et la confiance que l'image produit chez la personne qui reçoit l'image. La réalisation de l'image est la troisième boucle. Je sais que mes explications vous paraîtront peut-être simplistes, mais Dieu communique aussi d'une manière simple et évidente.

Comment faire fonctionner les baguettes ensemble
Cette interaction se fait dans le dialogue avec Dieu. Je ne comprends pas une situation, je pose des questions à Dieu. Il me donne des réponses, soit par une personne intermédiaire, comme moi avec cette mère en souci. Elle a sûrement prié pour son ado, comme la mère de Samuel pour avoir un fils (1 Samuel 1). Dans cette histoire, c'est le prêtre qui lui donne la réponse, mais dans nos communautés modernes, c'est aussi des frères et des sœurs qui jouent ce rôle. C'est ça l'interréaction entre le divin et nous, Dieu utilise aussi nos frères et sœurs, pas seulement nos pasteurs ou pasteures. Ce travail avec ces « baguettes spirituelles », c'est à nous de le faire. Dieu nous offre des réponses, mais c'est à nous de les chercher en manipulant nos outils de captation. Parfois, on se comporte comme un bébé qui attend son biberon. Heureusement que Dieu ne rechigne pas, de temps en temps, à nous biberonner.

L'apprentissage
Tous ceux qui, pour manger, ont essayé des baguettes chinoises vous diront que c'est un brin laborieux. Il faut beaucoup de patience et de dextérité. Parfois, on se loupe pour saisir la nourriture. À moi, cela arrive régulièrement et souvent, je demande à Dieu de répéter ce que j'ai cru comprendre.

Pourquoi mettre l'accent sur le travail du Saint-Esprit ?
Ce qui est génial avec Dieu, c'est qu'il sait adapter, des siècles à l'avance, les outils nécessaires pour communiquer avec lui. 
Les gens lisent de moins en moins, donc il va pouvoir mettre l'accent sur le Saint-Esprit qui a été rendu « visible » lors de la Pentecôte. Hélas, la pratique des dons spirituels, ne s'apprend pas d'une manière scolaire, mais dans le cadre des chrétiens qui se forment en pratiquant : des écoles de prophètes ? Sans pupitre, sans maître d'école, mais avec des prophètes, des voyants, des thaumaturges. Avec cette « faune » charismatique qui s'embrouille parfois avec leurs baquettes spirituelles. La foi chrétienne n'est pas une science exacte.

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