Overblog Tous les blogs Top blogs Religions & Croyances
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
MENU
ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

L'évolution des cultes et les modèles actuels à développer

24 Juillet 2025, 06:00am

Publié par Henri Bacher

Comme à mon habitude, je développe une approche parabolique pour décrire l'évolution de nos cultes réformés et évangéliques, en utilisant principalement la loupe de la culture. Forcément elle sera caricaturale et comme avec toute parabole, même celles du Christ, il faut se concentrer sur la pointe développée au travers de ces images de plantes, de fleurs, de jardins.

La culture du fouillis 
Il ne faut pas oublier que nos racines spirituelles ont leur origine dans le terreau de la Renaissance. Les jardiniers spirituels de l'époque, comme les Calvin et les Luther, étaient des as du sécateur, de la sélection des graines pour cultiver de nouvelles plantes plus productives. Ils s'étaient emparés d'un vaste jardin spirituel qui s'était épanoui, par le passé, au fil du temps, au petit bonheur de la chance. C'était un jardin qui nourrissait, mais avec l'influence de la Renaissance, ce jardin ancien leur paraissait bien désuet. Ne nous voilons pas la face. Les évangéliques actuels ont largement puisé dans les «jardins» réformés et catholiques.

Créer par l'auteur du post avec l'IA

Au travers des penseurs et des artistes de la Renaissance, comme le sculpteur Michel-Ange à Florence, avec son fameux David, ils ont ciselé, aussi dans la pensée, sculpté les nouvelles normes et critères de ce nouveau monde culturel.  Au même titre que le numérique qui «algorithme» celui d'aujourd'hui. Ce nouveau monde cherchait un idéal, comme pour Michel-Ange qui a sculpté un David idéal dans sa morphologie. Les réformateurs du 16ᵉ siècle cherchaient aussi cet idéal dans la spiritualité. Je pense que dans leurs têtes ils aspiraient à présenter le fruit de leur travail de théologien d'une manière très idéale.

Créer par l'auteur du post avec l'IA

 

Toute culture, comme celle de l'oralité, de l'écrit ou maintenant du numérique peuvent être un tremplin pour la foi et en même temps un piège
La Renaissance a produit une culture qui venait à point, en Europe, pour renouveler la spiritualité en mettant l'accent sur le retour au texte biblique. Ce qu'on oublie souvent de prendre en compte, c'est que cette période a aussi permis de mettre en route une invention technique. Sans la mise au point de l'imprimerie, outil de reproduction à grande échelle, il aurait été plus difficile de mettre la Bible à la portée de Monsieur-ou-Madame-tout-le-monde. Le hic, et dont on n'a pas tenu compte, c'est que toute invention humaine reste humaine dans tout son sens: partielle, gangrenée par les déséquilibres des hommes. Comme la Bible a été mise au rang de texte saint, du coup on a «sacralisé» toute pensée spirituelle mise par écrit et imprimée sur papier. En l'estampillant de «véritable».

 

Par la force des choses, les réformateurs ont dû se plier aux exigences de l'écrit-imprimé-sur-papier
Or, l'impression sur papier ne permettait pas, surtout à l'époque, de travailler avec des images, comme je le fais sur les pages de ce blog. Ce qui veut aussi dire que c'est la technique qui a imposé son style d'interprétation, sa manière de penser la réalité et de la conditionner, de la mettre en message. Même le Christ a dû se plier à ce conditionnement culturel. Il a dû s'incarner, mettre au point une spiritualité qui pouvait parler à ses contemporains terrestres. Alors que les prêtres du judaïsme encadraient la foi autour de 613 lois, il a commencé par relativiser ce contexte religieux.

Le levier technologique qui a fait basculer la Renaissance dans une performance phénoménale et mondiale

Avec l'avènement de l'imprimerie et la possibilité d'avoir un accès aux textes de la Bible, la majorité des croyants ne savaient pas lire, mais les Calvin, Luther, Bucer et consorts ont tout de suite enclenché la nouvelle manière d'apprendre à manier et à interpréter le texte biblique. Ils n'ont pas attendu que tout le monde sache lire. La Renaissance, berceau de la culture de l'écrit comme descripteur d'une nouvelle réalité socioculturelle, a fortement influencé la mentalité d'apprentissage de l'époque.  Elle a diffusé sa manière de penser le monde, surtout dans les élites de l'époque.  J'irais jusqu'à dire que c'est l'imprimerie qui a été le vrai promoteur de la foi réformée et par la suite celle des évangéliques.

Avec le levier technologique de l'imprimerie, c'est l'école républicaine qui a pu prendre son essor. Ça a mis beaucoup de temps, environ deux siècles, pour que tous les Français passent sous les arcanes scolaires (imposé par Jules Ferry entre 1879 et 1883). Ce dont nos théologiens ne se sont pas rendu compte, c'est que ce levier technologique va marginaliser l'approche émotionnelle pendant plusieurs siècles dans le monde protestant et évangélique puisque l'école va servir de paramètre de conditionnement de la diffusion de la foi protestante et évangélique.

Créer par l'auteur du post avec l'IA



L'évolution de ces dernières décennies

Créer par l'auteur du post avec l'IA

On s'est bien rendu compte que le modèle évangélique classique où l'on privilégie l'approche scolaire de la foi par l'étude biblique, l'explication d'un texte s'essouflait. On a donc introduit l'émotion (les bouquets) par le chant, la musique, les mises en scène avec drapeau, éclairage comme dans une salle de spectacle, sauf qu'on reste dans le cadre scolaire.  La base, c'est le pupitre de l'école, pas les bouquets de fleurs. Le pasteur, rarement la pasteure, n'aurait pas pris, par exemple, le bouquet de fleurs comme sujet de prédication. On restait strictement sur l'explication du texte biblique. On posait momentanément les bouquets par terre pour laisser la place à l'étude de la Parole, à la prédication. On n'arrivait pas à mélanger émotion et réflexion intellectuelle. On les juxtaposait et c'est encore largement le cas dans pas mal de nos églises actuelles.


Les nouvelles communautés adaptées à la culture numérique

Créer par l'auteur du post avec l'IA

Tout est organisé comme un parc floral (un parc émotionnel). La Bible est encore bien en vue, mais elle fonctionne comme une invitée d'honneur et non plus comme le maître d'école. On l'applaudit, elle nous aide à louer Dieu. On diffuse les bonnes paroles qu'elle peut émettre.  Ma question est donc simple.  Dans quel environnement aimerais-tu vivre ton culte du dimanche matin?  Celui de la salle de classe? Celui de l'école avec les bouquets de fleurs, ou celui du jardin floral? Où on vient au culte par plaisir et non par obligation comme à l'école.

Vous allez me reprocher avec cette dernière illustration du culte dans le jardin floral que je privilégie une vision superficielle, bien dans la ligne de notre culture dédiée aux loisirs, où l'on magnifie l'esthétique au détriment de la salle de classe. Vous avez raison si vous mettez dans ces massifs floraux uniquement l'aspect musical, la convivialité, les clips vidéos, les images qu'on projette. Il s'agit de reconditionner le message dans la culture des réseaux, comme les réformateurs ont reformaté le message biblique dans le moule scolaire. Tout en sachant que la culture numérique est autant un piège que la culture de l'écrit.

Comment organiser un culte «numérique»?
Toute culture, quelle qu'elle soit, a toujours une tendance hégémonique. Elle entre dans la vie des gens comme un bulldozer. Surtout, si elle est actionnée par des leviers technologiques comme l'imprimerie et maintenant le numérique.
Deux éminents professeurs* qui officient à Science-Po (Paris) n'hésitent pas à accuser l'école républicaine d'emprise scolaire en affirmant que trop d'école tue l'éducation. Aujourd'hui le numérique prend le relais avec une puissance décuplée.

Il faut vous imaginer que la personne «algorithmisée» qui vient aujourd'hui au culte vient avec une mentalité formatée par le numérique à l'image de ces massifs floraux qui encadrent l'accès à la Bible. Elle n'est plus éduquée à penser, à réagir, en faisant la part des choses. D'un côté le pupitre et de l'autre l'émotion.

* L'emprise scolaire / François Dubet, Marie Duru-Bellat / Ed. Sciences-Po Les Presses 2024

 

Le théomimétisme une solution à explorer
Si la Création devient une source d'inspiration selon Romains 1:20, elle regorge d'une richesse extraordinaire pour partir d'une expérience visuelle qui se comprend au quart de tour.
Beaucoup de nos idées de prédication s'inspirent de la Création et des clips vidéos qui parlent de la manière dont Dieu a organisé le monde.

Commenter cet article