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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

«Caravaner» une église ou quel modèle appliquer pour faire grandir une communauté

18 Mai 2020, 15:14pm

Publié par Henri Bacher

«Caravaner» une église ou quel modèle appliquer pour faire grandir une communauté

«Caravaner» une église "

Le «way of life» américain contre l'esprit de forteresse du vieux continent? La ruée vers l'horizon bleu du succès contre la nonchalance et le bonheur de la discussion sans fin sous les platanes, à l'abri de nos remparts?

 

Nous sommes entraînés, à l'instar du «way of life» nord-américain, dans une immense caravane qui se rue vers l'ouest avec pour seul mot à la bouche «GO». Au bout des collines électroniques, là-bas sur l'horizon bleuté de nos «écrans-espaces» c'est le Far-West. L'au-delà de tous nos espoirs, même les plus fous. On fonce tête baissée, en croyant qu'un jour nous allons arriver au but, là dans la prairie éternelle, où coule le lait et le miel et les «cookies» à profusion. Les conducteurs de ces immenses colonnes de «chariots» bourrés de puces électroniques, bousculent les habitudes et la quiétude de l’ancien monde. Go, go, go ... Ce tempo est dur à soutenir, alors que nous avons été habitué, ici en Europe, à vivre sur les places et les terrasses de bistrot, là où l'on refait le monde avant de se lancer. Beaucoup de nos villes anciennes, sont conçues comme des forteresses. A l'abri d'immenses murs d'enceintes, faites pour durer, on se forge des idées qui changent le monde. On dialogue, on soupèse, on se prête à des jeux intellectuels et puis on se lance. On s'arrête avant de prendre une décision, quitte à louper la bonne opportunité par manque de rapidité. Dans la caravane, c'est bien différent. Ce n'est pas que dans celle-ci on ne réfléchit pas, au contraire, mais on réfléchit d'une autre manière. Si l'indien se pointe, si le troupeau de buffles se met soudainement en branle, sans crier gare, il faut un autre type d'intelligence et de raisonnement pour survivre. La rapidité de décision et la faculté d'évaluer la situation en un clin d'œil sont essentielles. Les tenants et les aboutissants de l'affaire en cours, se discuteront peut-être quelques jours plus tard, autour d'un feu de camp. C'est bien cette différence d'intelligence qui nous joue des tours actuellement. Le monde de l'économie et, par ricochet toutes les autres activités humaines, est embrigadé dans une longue caravane, qui n'avance qu'en galopant, au rythme des conducteurs de chariots estampillés avec des logos nous rappelant nos vergers ou nos fenêtres. Les caravaniers coréens et chinois ne sont pas en reste.

Les penseurs qui croient encore qu’ils vont changer le monde en écrivant des livres et les cavaliers numériques s'affrontent aussi à l'intérieur de nos églises. Si nos églises peinent souvent à percer dans le grand public, c'est peut-être aussi parce qu'elles rechignent à penser «caravane». Qu'on le veuille ou non, nos interlocuteurs ne sont plus formés dans l'esprit de la forteresse et de la terrasse du bistrot. Hélas, nous aimerions bien attacher notre «cheval électronique» à côté de la table du restaurant à l’ombre des platanes où l’on savoure le «pastis» intellectuel distillé selon des recettes qui remontent à la Renaissance. D’ailleurs, implanter une église n’est-ce pas en opposition complète avec cette caravane qui se déplace en galopant? Ne faudrait-il pas dire: «caravaner» une église? Vous allez me dire, mais par quoi faut-il commencer? Commencez par vous acheter un cheval! Et surtout n’y mettez pas un “penseur”, il se fera descendre par le dernier des mohicans!

 

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