Pourquoi dans l'évangélisation, avons-nous si peu d'impact?
Pourquoi avons-nous peu d'impact, alors que sur les réseaux sociaux, chaque jour, nous inondons la toile de centaines de milliers de messages et de témoignages chrétiens? Il y a, bien sûr, de multiple causes, mais je ne vais explorer qu'un aspect, celui de l'incarnation de notre message.
La chaîne de transmission ou l'incarnation
L'église se transforme de plus en plus en chrétiens communicants au lieu d'être des témoins en chair et en os. J'en fais partie! Désolé! Dans l'illustration, les fibres optiques représentent ce communicant chrétien. Son interface de captation pour amener les «païens» à l'église, représente sa personnalité, ses talents. Il est écrivain, vidéaste, humoriste, prédicateur, influenceur, théâtreux, saltimbanque spirituel. Il pense et souhaite que d'autres personnes à l'extérieur suivent sa trajectoire spirituelle. Il qualifie son travail de témoignage, mais en réalité il n'a qu'une fonction de communication. Il ressemble au journaliste, au politique, à l'artiste qui fréquentent les plateaux de télévision. Il pense pouvoir convaincre, avec son talent, son spectateur ou lecteur et qu'il changera de vie. Les leviers technologiques comme l'imprimerie et maintenant le numérique, nous enlèvent notre «corps». On n'est qu'une tête qui pense ou des «tripes» qui sentent la réalité. Même le Christ utilisait sa salive pour participer à une guérison (Marc 7:33). Nous, on utilise surtout la salive pour «gloser». Les réseaux numériques nous transforment en hologramme spirituel. Que savez-vous de moi? De mes souffrances, de mes doutes, de mes victoires? Vous ne me voyez pas vivre dans ma famille avec mon épouse et mes enfants! L'église investit des millions dans la «fibre optique», entendez par là, dans les systèmes de communication, qui de plus en plus ressemblent à une vaste illusion, une pseudo-réalité, certes à coloration spirituelle, mais très peu représentatifs de la vie avec Dieu au quotidien.
L'incarnation comme modèle à promouvoir
Le principe divin, ce n'est pas la promotion principale d'un message, aussi biblique soit-il, sur un support papier ou numérique, mais de «personnifier» ce message dans la vie d'une personne qu'on peut voir vivre. Un couple qui s'aime au quotidien et qu'on peut voir vivre depuis des années, malgré les vicissitudes de la vie, est plus puissant qu'un témoignage écrit et publié, mais dont on ne peut pas vérifier la véracité.
Le modèle principal de l'incarnation
C'est bien sûr, celui du Christ. Dieu aurait pu, pour diffuser sa Parole, mettre en avant, à chaque époque culturelle, les hiéroglyphes, les parchemins, la page imprimée et maintenant la puissance des réseaux sociaux. On a l'impression que les communicateurs de l'évangile actuels ont reçu la mission suivante: allez par tout le monde et colonisez les supports papier et les supports numériques et faites des disciples, pardon des lecteurs, des influenceurs sur TikTok, des chrétiens qui se filment, se mettent en scène, etc... Jésus est descendu dans l'arène de la vie. Il voyageait, pas en pensée, mais corporellement parmi les gens, là où ils travaillaient, là où ils festoyaient lors d'un mariage à Cana, au bord d'un puits où se retrouvait une femme avec une vie amoureuse désastreuse. Il avait l'art de se mettre dans des situations de relation d'aide, vachement compliquée. Il fréquentait des disciples qu'il avait pourtant choisi et qu'il apostrophait avec cette fameuse remarque: jusqu'à quand vous supporterais-je? (Mathieu 17:17).
Le problème financier
Ces supports externes au corps humain, avalent des fortunes et on le voit en Europe, sans freiner la déchristianisation. Alors que le témoignage personnel, là où l'on vit, ne coûte rien. Nous perdons la tête dans les églises européennes, en ponctionnant les communautés, pour construire des «empires» médiatiques chrétiens.
Comment sortir de cet engrenage support/témoignage-qui-se-voit?
On ne peut pas faire abstraction des supports imprimés et numériques. Beaucoup de gens se sont engagés spirituellement rien qu'en lisant ou en regardant un clip vidéo. Ce n'est non plus une question d'équilibre, un peu de réseaux et une pincée de témoignage en live. Le problème principal, c'est la question de l'argent. Le témoignage personnel n'enrichit personne, financièrement parlant et ne peut pas être une source de revenus. Ce qui n'est pas le cas pour tous les supports papiers et numériques. Donc, ces supports deviennent des moyens de gagner de l'argent, d'où aussi tous les imprimeurs, studios producteurs de clips, informaticiens qui vont pousser à la création de ces supports. C'est leur gagne-pain. Ils nous utilisent comme des vaches à lait en nous faisant miroiter le grand impact de nos productions. Les «likes» ont peu de potentiel pour faire des disciples.
Un principe de base que nous appliquons, c'est le développement d'une
communauté de palier qui ne concerne qu'une poignée de personnes. Dans mes productions vidéo, par exemple, j'utilise des acteurs qui ont fait ou font encore partie de notre communauté de palier. On se rémunère par le biais du troc. L'actrice à l'image bénéficie de cours de français gratuits donnés par mon épouse, professionnelle de l'enseignement. De préférence, presque systématiquement, je préfère créer et produire avec des personnes que je fréquente régulièrement hors réseaux sociaux.