Internet un vrai concurrent pour l'église
Le livre a toujours été un fidèle serviteur de l'église. Jamais, il n'avait ni la prétention, ni la possibilité de se substituer à elle. Avec Internet c'est complètement différent. La pandémie du Covid a accéléré ce processus puisqu'on a pu donner la possibilité de faire communauté par écran interposé. En partie, c'était vrai et surtout possible. On aurait jamais pu réunir les chrétiens, justement en distribuant le texte de la liturgie, des chants, de la prédication à lire, chez soi, à partir de 10h le dimanche matin.
La grande méprise des élites de nos communautés
C'est qu'ils ont considéré internet comme un support de diffusion au même titre que le livre a été un support pour diffuser et approfondir la foi chrétienne. Internet va plus loin et l'internaute n'a plus besoin d'aller à l'église pour écouter et regarder une prédication qui est souvent plus intéressante à suivre que celle du pasteur de sa propre communauté. De même pour la louange, pour les études bibliques. Il se nourrit de clips vidéo très performants, de témoignages, d'analyses théologiques. Le pire, c'est que l'internaute va comparer la prestation du pasteur à ce qu'il voit sur le net et il devient critique. On fait des efforts considérables pour correspondre aux standards du net et celui-ci devient un vrai tyran et un concurrent implacable pour le pasteur qui n'a pas été formé à l'image du couteau suisse: la même personne avec une multitude d'aptitudes et de talents utiles pour la communauté.
Changer?
C'est inéluctable. Pour les communautés classiques construites sur le modèle scolaire du passé, c'est à moyen et long terme la certitude de la marginalisation. De faire des communautés patchwork où l'on mélange le modèle scolaire à celui d'internet, c'est aussi une mauvaise solution qui est insatisfaisante pour le plus grand nombre et qui incite le chrétien à «fuir» sur internet.
Solution?
Le pôle enseignement par la prédication, le chant, les études bibliques doit être déconstruit au profit d'une sélection sur le net que le pasteur fera chaque semaine. C'est un peu comme s'il faisait ses emplettes dominicales dans un supermarché dédié à la «religion». La sélection à effectuer devra être pensée selon une vision à long terme, selon les besoins de la communauté. Ce travail de base est déjà important dans le modèle scolaire, mais en relation avec le potentiel internet, c'est un travail énorme et très important. Il y aura sûrement des organismes qui seront appelés à proposer des sélections clé en main.
A quoi va ressembler le culte du dimanche matin si celui-ci est amputé d'une substance qui a été essentielle durant plusieurs siècles? Que Calvin me pardonne, mais nous ne pouvons pas y couper si nous voulons garder nos ouailles. La communauté devra se réinventer pour justement répondre à des besoins que le net ne peut pas satisfaire. Sur le net on ne trouve pas la consolation qu'offre une personne qui vous prend dans les bras. Les écrans peuvent aussi être facteur de méfiance. Une personne filmée qui parle de ses expériences est-elle aussi crédible que celle qui témoigne en live le dimanche matin, alors que la majorité des assistants au culte connaît personnellement celui qui témoigne?
La communauté devrait être l'endroit où l'on apprend à prier, à apprendre à exercer les dons spirituels. Elle a souvent eu l'art de l'enseigner d'une manière «hors eau» comme celui qui apprend à nager sur un tabouret.
Le chrétien pourrait venir à l'église pour chercher une prière personnalisée, un conseil, une révélation de la part de l'Esprit (prophétie, image), une guérison. Aussi une aide matérielle, de l'amitié. Un endroit où il pourra pleurer avec un ami, parler de ses déboires, de ses espoirs. C'est aussi l'endroit où il pourra offrir ses services, ses dons, son accompagnement, mais la plupart du temps on ne lui demande rien, sauf de s'asseoir sur une chaise pour chanter, écouter le pasteur prêcher et verser sa dîme. Je caricature, bien sûr, l'église a aussi évolué dans le bon sens, mais le fond n'a pas tellement changé.
Le problème, c'est qu'on relègue ce genre de prestations après le culte traditionnel, au lieu de dégager de l'espace pour faciliter ces services à la personne, pour permettre un brassage. La mentalité de la communauté du dimanche matin, devrait être celle du Christ: «que veux-tu que je fasse pour toi?». Aussi celle du Christ qui demande à boire à la samaritaine. Généralement le pasteur et les responsables se positionnent comme ceux qui savent ce que les gens ont besoin. Leurs messages et enseignements sont construits dans cette optique-là, mais prennent-ils en compte les vrais besoins du moment?
Il est clair qu'on ne pourra plus organiser une réunion paramétrée comme un culte traditionnel. Ce sera beaucoup plus sous la forme d'espaces d'activités et de rencontres contiguëes. Informel. On ne pourra pas arriver d'un seul coup à une telle offre cultuelle et communautaire, mais pourquoi ne pas lancer, au moins une fois par mois, ce type de culte.
Il faudra aussi apprendre à déplacer une partie de l'enseignement et de l'émulation spirituel sur le noyau familial
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