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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Recherche théologien numérique (Deuxième partie)

14 Janvier 2021, 09:00am

Publié par Henri Bacher

Recherche théologien numérique (Deuxième partie)

L’église et ses leaders doivent absolument ouvrir de nouveaux chantiers en théologie, pour équiper les chrétiens à mieux vivre leur foi ou plutôt à la vivre plus sereinement, mais aussi pour les aider à la transmettre. Nous sommes dans la même situation que les chrétiens des Actes des Apôtres. Eux aussi étaient dans des situations inextricables du point de vue religieux, sociologique ou même politique où il fallait se réinventer à tout bout de champ. Il ne s’agit plus d’adaptation à la modernité comme le prônent certaines élites de nos facultés de théologie. L'apôtre Pierre était dans cette situation où la spiritualité judéo-chrétienne de Jérusalem n’était plus adaptable aux non-juifs comme le centenier Corneille. Avons-nous le courage de regarder la réalité en face et d’accepter qu’on ne peut plus faire évoluer un ancien tissu spirituel? Je propose donc quelques pistes à travailler. 

Recherche théologien numérique (Deuxième partie)

Le chantier de la spiritualité personnelle

Du fait de la multiplication des sources d’informations et de la facilité d’être confronté presque journellement à des opinions spirituelles différentes et très souvent contradictoires, comment va-t-on équiper le chrétien pour rester structuré, orienté sans tomber dans un sectarisme destructeur et réducteur? Quels sont les critères, simples de préférence, pour évaluer si on est dans le droit chemin? Cette insécurité et insatisfaction spirituelle s’est encore accentuée, à cause de la pandémie, avec la possibilité de suivre des cultes sur internet qui ont une configuration pas toujours compatible avec notre expérience spirituelle d’origine. Dans un monde de plus en plus globalisé, la spiritualité qui s’ancre dans le terreau socio-culturo-religieux d’un groupe local tend à s'effriter à la vitesse grand V. Il se produit un phénomène qu’on ne connaissait pas auparavant, celui des flux “migratoires” entre communautés. Les chrétiens pensent que le pré du voisin est plus vert. Une autre tendance se fait jour, celle de la peopolisation. On s’attache à un leader qu’on ne connaît que par ses talents artistiques d’orateur, de chanteur, diffusés sur le net et évoluant dans des décors très valorisants. Un leader désincarné sur lequel on projette nos attentes, nos fantasmes spirituels et que celui-ci saura bien utiliser pour nous transformer en “follower”, parfois en disciples du Christ, mais pas seulement. De plus, on le prend comme contre-modèle de la communauté locale.

Le chantier du pastorat

Le pasteur est-il un enseignant de type “scolaire”? Puisqu’il est formé majoritairement dans le système scolaire académique ou une école professionnelle de type religieux (nos écoles bibliques)? Devrait-il s’inspirer du showman ou showwoman, on pourrait aussi dire “chaudman” ou “chaudwomen”? Que veut dire être le berger d’une communauté? Devrait-il se muer en “prêtre”, celui qui a des pouvoirs spéciaux d’intermédiaire entre Dieu et les hommes qui lui sont légués par l’institution ou par la vox populi? La tendance du leader dit prophétique tend à prendre ce rôle de prêtrise. Surtout qu’il est difficile à contester. Comme l’économie et le commerce prennent largement le dessus dans nos sociétés, devrait-il prendre le commerçant et l’entrepreneur comme modèle? A l’instar d’une des plus grandes communautés actuelles en France, dont le fondateur était un grossiste en bonbons.

Le chantier du catéchisme et du secteur enfance

Il a largement évolué dans le bon sens et on retrouve une profusion de possibilités très bien adaptées à la culture actuelle. Le public enfant, surtout dans l’église, ne se gêne pas de montrer qu’il est insatisfait lorsque la présentation catéchétique ne lui convient pas, culturellement parlant. C’est pour ça qu’il a pu évoluer. Contrairement aux adultes qui sont “captifs”. Ils ne peuvent pas se lever et sortir du culte, lorsque ça ne leur convient pas, donc on fait semblant d’aimer même si on s’ennuie au culte. Ce chantier ne devrait donc pas s’intéresser au contenu catéchétique, mais à l’intégration des jeunes et des enfants dans la communauté adulte. Si on a éduqué une génération d’enfants avec des clips vidéos, des jeux, comme l’excellent #connect, on ne peut pas les asseoir du jour au lendemain dans une assemblée d’adultes qui écoutent surtout des discours et chantent, arrimés sur leur chaise. On a perdu énormément nos enfants et nos jeunes dans ce passage du gué entre l’enfance, l’adolescence et le monde adulte. Ce n’est pas aux enfants de s’adapter, mais aux adultes. Il y a réellement une rupture culturelle entre le monde des enfants et celui des adultes.

Le chantier de la communauté chrétienne

Logiquement, puisque le pasteur est avant tout un enseignant, la communauté chrétienne va ressembler à une Yeshiva, une “école” spirituelle. Les gens, y compris les chrétiens, ne veulent plus aller à l’école, puisqu’ils retrouvent des formations, d’excellentes prédications, des enseignements souvent de meilleure qualité, sur le net, sans se déplacer et à la demande, lorsqu’ils en sentiront la nécessité. Il faudra réinventer un type de communauté qu’on ne retrouve nulle part ailleurs et surtout pas sur le net. C’est dommage qu’un certain nombre de pasteurs copient le net et ce qui s’y fait, au lieu de se réinventer, comme l'ont fait les premiers évangélistes des Actes. Ils n’ont ni copié la synagogue, ni les écoles romaines, comme celle de Tyrannus (Actes 19:9) que Paul a juste utilisé comme base de travail. 

Le chantier de l'évangélisation

Lorsqu’on lit les Actes des Apôtres, la première impression qu’on a, c’est le fouilli complet pour ne pas dire cafouilli. On y découvre même que le grand Paul, s’est fait raser le crâne pour accomplir un vœu (Actes 18:18). Pratique qu’il n’a jamais reprise dans ses lettres. Je me suis souvent demandé pourquoi Jésus, lui le Fils de Dieu, n’a pas donné plus d’instructions à ses disciples, sur la manière de procéder pour évangéliser le monde. Il s’est contenté de dire “Allez…”. Ce qui veut dire qu’il les a envoyé dans le monde, en leur disant, en même temps, essayez par vous même, je vous appuierai par mon Esprit. Le chantier à ouvrir, c’est celui de l’innovation, de l’expérimentation, comme Philippe, le premier “autostoppeur” évangéliste (Actes 8:26-40). Normalement le religieux se traitait au temple ou dans une synagogue, un lieu religieux et non dans un carrosse tiré par des chevaux. Paul a découvert des lieux d’enseignement au bord de la rivière (Actes 16:13-14). Le texte disait qu’il cherchait un endroit propice pour rencontrer des juifs. Le plus grand problème de l’église aujourd’hui, c’est qu’elle a peur d’innover, d’expérimenter, en d’autres mots de se mettre en danger. C’est de laisser la bride sur le coup à des “farfelus” pour se lancer, des prêcheurs au bord des “rivières” de ce monde, alors qu’ils n'ont aucun diplôme estampillé par l’église. Ce sont rarement les élites qui ont renouvelé l'Église. Par contre, les marginaux, dont le premier était Jésus, c’est eux qui étaient au début de la nouveauté. C’est de l’expérimentation que va sortir l’avenir de l’église. Comment former ces “farfelus” sans les formater et leur mettre un casque théologique comme celui de Dark Vador?

youtube.com/bibletube

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