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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Église «Zoom»: modification en vue?

17 Décembre 2020, 09:00am

Publié par Henri Bacher

La pandémie va laisser un certain nombre de dégâts, mais aussi ouvrir les yeux sur de nouvelles possibilités. Un peu comme une rivière en crue qui arrache, déplace, creuse, casse. Parfois la crue a même dévié le lit d’un courant d’eau. Il faudra nettoyer, revitaliser, réactiver, reconquérir des espaces endommagés. Quels sont les enjeux d’avenir pour l’église?

Église «Zoom»: modification en vue?
Suffit-il juste de faire de l’ordre après la pandémie?
Cette pandémie a cassé des “enclos” socio-culturels et les brebis se sont échappées vers d’autres espaces. Internet et le streaming ont facilité énormément cette évasion et les pasteurs n’ont eu que peu de moyens pour freiner cet exode. Sauf de se mettre péniblement à “zoomer” leur culte. Mais comme peu de responsables étaient préparés à devoir changer de “braquet” et de style de communication, ils ont fait au mieux, sans se rendre compte que d’autres églises mieux préparées ont augmenté leur audience. Ceux qui ont tiré leur épingle du jeu, ce sont les communautés qui faisaient déjà du streaming avant la pandémie et qui avaient déjà adapté leur culte au format vidéo/internet. Car le problème principal, c’est que le culte traditionnel ne peut pas se transposer tel quel dans un format vidéo. C'est un peu comme le film qui adapte le contenu d’un roman. D'ailleurs, le cinéaste ne pourra jamais mettre le bouquin d’un théologien en film. Il va chercher des histoires qui sont racontées dans des livres et puis, il va juste s’en inspirer, pas forcément transposer ligne par ligne, chapitre par chapitre le contenu imprimé. On me dira qu’après la pandémie, tout retournera dans l'ancien «lit» de l’église. Il suffit juste de faire un peu d’ordre. Je ne suis pas aussi sûr que ça. Toutes les personnes qui ont suivi, par exemple, les retransmissions de l’église Portes Ouvertes de Mulhouse vont se retrouver avec d’autres modèles de spiritualités qui leur aura fait du bien. Ils ne vont plus se satisfaire de la tambouille de certaines communautés. La vidéo a pris un essor considérable. Les musiciens, les conteurs, les vidéastes, les stand uppers ont été sollicités bien plus que des prédicateurs à l’ancienne, bible-en-main. Ce n’est souvent pas très intéressant de filmer un prédicateur qui lit un texte en chaire composé pour être lu comme un livre.
Chrétiens captifs ou chrétiens zappeurs
Si on observe une personne qui suit un culte en streaming, elle zappe souvent les parties qui ne sont pas intéressantes pour elle. Elle a au bout de son doigt la possibilité de passer à autre chose ou simplement de se mettre en pause, pour boire un café ou regarder une autre émission. Tandis que dans l’église traditionnelle, dans n’importe quelle rencontre, on est captif. On ne peut pas s’éclipser, sauf en pensant à autre chose ou en rêvant pendant que le prédicateur termine son discours pesant et hautement théologique. Et si la pandémie nous apprenait qu’on peut se cultiver spirituellement sans être “captif” d’un rituel obsolète? Jésus n’était pas un “envoyé” de Dieu qui enfermait ses auditeurs dans un “enclos” culturel, mais qui captivait son auditoire de façon à ce qu’il reste ou bien se taille parce que le message ne leur convenait plus (Jean 6:66). Comme les églises ont adopté le modèle de l’école pour faire communauté, on n’imagine pas l’écolier aller jouer dans la cour de l’école, parce que l’enseignant n’est pas intéressant à écouter. Ce système captif a beaucoup d’avantage pour le pasteur, mais les gens de l’extérieur de l’église (et même à l’intérieur) sont des personnes formées au zapping. Comment organiser la vie de la communauté pour alimenter les zappeurs? Il ne faut pas se faire des illusions. Les intermittents du culte et des activités scolaires de l'église vont se multiplier, car les chrétiens n’ont plus besoin de la communauté physique pour se ressourcer du point de vue des connaissances spirituelles. Ce dont ils ont toujours besoin, c’est de communion fraternelle, pas de rituels qui donnent l’impression d’être en communauté. Même si dans toute rencontre, comme un repas, il y a un certain rituel, sauf que le repas laisse toujours la possibilité de se lever de table, de ne pas manger certains ingrédients, de causer avec son voisin, de rire, mais aussi d’être sérieux. Ce qui tue la communion fraternelle, c’est le rituel standardisé et les gens ne veulent plus de ce rituel.
Un exemple pratique
Il y a quelques années, j’ai assisté à une expérience communautaire du type zapping. C’était un culte à choix multiple. Il y avait, le dimanche matin, un atelier d’étude biblique, un de danse, une conférence sur un sujet éthique, etc. Il y avait juste un moment spirituel très court avec l’ensemble des participants. C’est une grosse organisation, mais qui a aussi le mérite de mettre en route des personnes talentueuses faisant partie de la communauté. On pourrait imaginer des groupes qui font de la cuisine (histoires d’avoir des possibilités d’échange, hors paramètres religieux), un banquier qui donne des conseils pour la gestion financière en tant que chrétien, un atelier musical, etc…). Autrement dit, il faudrait éliminer ou limiter les cultes standards.
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P
Je partage en partie votre analyse. Il est vrai que la pandémie due au COVID-19 a fait exploser les standards de la prêche classique, bien rodée, où les fidèles suivent un rituel, qui pour certains s'apparente à une routine, pour d'autres consiste à se donner une bonne conscience du devoir dominical honoré, pour d'autres encore à une source désaltérante et nourrissante pour leurs âmes, pour les nouveaux à une moment propice pour se convertir, et pour plusieurs à l'exaucement de leurs prières afin de recevoir leur guérison étant remplis de foi et d'espérance. Mais depuis l'avènement du COVID-19, l'explosion de l'audience des Eglises avant-gardistes connectées a permis aux fidèles, comme moi de racheter le temps et la connaissance en apprenant en quelques mois ce que j'aurai du connaître depuis ma conversion, c'est à dire, depuis 27 ans, en tant que Chrétien Evangélique Pentecôtiste. Et oui, je fais partie de la catégorie forcée des zappeurs non seulement du dimanche mais aussi de la plupart des jours de la semaine étant au chômage. Donc, j'ai pu apprécié la profondeur des enseignements bibliques dispensés par les excellents prédicateurs comme Matthias RADLOFF (docteur, enseignant et formateur de la Parole), Joseph PRINCE (Ministère de la Grâce et Docteur émérite de la Parole, Mamadou KARAMBERI (Prophète confirmé et Père d'une multitude de prophètes en Afrique), Mohamed SANOGO (Sous la tutelle de Mamadou KARAMBERI il a su développer une organisation ecclésiastique de qualité ainsi que la mise en place d'une formation pour les prophètes remarquable), Ivan CASTANOU (un des précurseurs de l'Eglise connectée en Francophonie réalise des marathons de louange, de prédication et de prières et d'intercessions qui fait trembler le diable et ses sbires) pour n'en citer que quelques uns.<br /> Le modèle classique à l'image de Mohamed SANOGO doit perdurer mais en mobilisant tous les fidèles afin qu'ils soient actifs dans l'oeuvre de l'Eglise et du Royaume de Dieu selon que chacun doit accomplir les oeuvres que Dieu lui a préparé d'avance. Et j'adhère totalement à ce format organisationnel qui donne la place à l'enseignement gratuit pour tous, à la vie surnaturelle de l'Esprit à qui le pasteur donne toute la place (ce n'est pas toujours le cas pour les serviteurs de Dieu qui exercent bien souvent leur pouvoir au détriment de la volonté de Dieu causant ainsi de sérieux dégâts pour leur ministère et pour les fidèles pouvant subir des frustrations et des offenses.<br /> En résumé, oui à l'église connectée et oui à l'église en présentiel car la bénédiction vient surtout lorsque les frères sont réunis dans leur assemblées locales, car Oh! Qu’il est bon et qu’il est agréable pour des frères de se trouver ensemble! C’est comme l’huile parfumée répandue sur la tête, qui descend sur la barbe, la barbe d’Aaron, et coule jusqu’au bord de ses habits. C’est comme la rosée qui descend de l’Hermon sur le mont de Sion. C’est là que l’Eternel accorde sa bénédiction et la vie pour toujours.» Psaume 133 v1-3. C'est aussi dans cette communion où l'amour manifesté entre nous et de la part de notre Seigneur Jésus Christ, conduit au Saint Esprit à nous consoler, à nous guérir et nous relever, à nous purifier et à nous rendre inébranlable dans notre foi.<br /> Soyez richement bénis en Christ.
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