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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Quand Zelensky m'inspire sur la manière de prêcher

14 Mars 2024, 08:00am

Publié par Henri Bacher

Avec ce post, je m'aventure sur un terrain miné. Comment peut-on s'inspirer d'un politicien doublé d'un chef de guerre pour le prendre comme modèle du prédicateur ? Je ne fais que m’inspirer de l’apôtre Paul qui exhorte les chrétiens à revêtir les armes du soldat. Lui aussi n'avait pas peur d'utiliser une image qui peut porter à confusion.

Consultez le clip (11:46) et posez-vous la question, comme moi, en quoi cette personne pourrait servir de modèle pour un prédicateur ?

Les similitudes avec un culte
O Une estrade avec un pupitre. Le public est assis face au pupitre.
O Zelensky veut transmettre un message pour convaincre ses invités.

Comment utilise-t-il ce contexte à son avantage ?
O Le clip analyse justement ce style du « prédicateur ». Il ne parle pas à partir du pupitre qui s'utilise justement pour une telle prestation. Nos prédications ressemblent souvent à une conférence de presse. On parle à partir d'un lieu d'autorité comme la chaire du pasteur. Zelensky descend ! Ça ne vous rappelle pas quelqu'un ? Le Christ est descendu de son ciel (le pupitre d'autorité) pour se mettre au niveau de son public, sur une chaise.

Autres ressemblances avec le Christ
O Il interagit avec son public. Il se laisse interpeler. Il lui pose des questions. Est-ce que nous nous mettons au niveau intellectuel et émotionnel de l'assistance ? Il est immergé avec son public. Ni à part, ni au-dessus. Est-ce que le prédicateur s’autorise à circuler parmi son auditoire en faisant par exemple causer des personnes ? En les interrogeant. Remarquez son assistant, qui le seconde, perché sur le pupitre. Il se pourrait qu'il soit appelé à la recousse pour calmer un participant trop agressif. Ils sont attentifs à leur public. Est-ce que vous observez les réactions du public pendant que vous prêchez ?
On sent cet homme chargé. Au prédicateur protestant, on a enseigné de ne pas trop jouer avec les émotions pour ne pas véroler son discours, donc on a plutôt favorisé le côté rationnel du message. Vous vous interdisez, par exemple, de pleurer en scène ou de vous mettre en colère.
O Même dans son habillement et son rasage, il s'identifie à son peuple en guerre. Il ne s'incarne pas comme un général qui viendrait en uniforme militaire et sa batterie de breloques militaires, mais en arborant juste la couleur. Notez que les Steve Jobs ou Mark Zuckerberg utilisent un code vestimentaire similaire. 
Il ne suffit pas de beaucoup pour donner l'impression qu'on veut rejoindre son public. Il ne faut pas négliger l'aspect vestimentaire. Parfois, sur les réseaux sociaux, il y a des femmes ou des hommes chrétiens qui jouent à fond la carte de l'apparence pour s'identifier, s'incarner dans le style du réseau social. Ce que les gens attendent du prédicateur, c'est qu'il regarde, comme Zelensky, son public dans les yeux et ne cherche pas que le public le regarde, lui le prédicateur star.
O Il est clair que si vous composez votre prédication sous forme d'un texte écrit, vous serez collé au « pupitre ». Aujourd'hui, notre public est conditionné par la culture du « stand-up ». Si vous n'y arrivez pas, prenez des cours de théâtre.

 

Vous allez me dire que l'église n'est pas un théâtre et que Zelenski est un comédien qui applique à fond son savoir-faire et ses talents, jusque dans la mise en scène. Mais est-ce moins pertinent que le pasteur qui endosse
« l'habit » de l'instituteur scolaire. Avec son tableau noir ou
blanc ? L'art oratoire du passé, où l'on déclame un texte, ne ressemble plus au style du stand up (conseils donnés par Pierre Damien Fougou). 

Conclusion
La journaliste d'Arte souligne les deux ingrédients les plus importants que Zelensky utilise avec brio : naturel et émotion. Si j'ai choisi le stand
upper Pierre Damien Fougou, c'est qu'il cumule deux handicaps dans nos pays européens : il est noir, mais dans le stand up, il est le bienvenu, tandis qu'avec ses neuf années d'études universitaires avec à la clé un doctorat en finances, on le considère probablement comme un guignol. Notre culture de l'école, nous a tellement éduqués à hiérarchiser les compétences au lieu de les associer et de les faire interagir. Et pourtant, devenez docteur-standupper qui peut-être sera moins pris au sérieux parce qu'on lui reprochera de faire le « guignol » sur scène.

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