Comment se comporter lorsqu'on est immigrant dans sa propre culture?
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Une des phrases qu'on entend de plus en plus, c'est la suivante : « On n'est plus chez nous ! ». Nous l'appliquons à notre ressenti dans le cadre de la communauté chrétienne. Surtout pour ces personnes de la génération qui ont été biberonnées à l'écrit et à la lecture et qui se mélangent les pinceaux lorsqu'il s'agit de naviguer dans le labyrinthe du langage des réseaux sociaux. Ils se comportent comme l'anthropologue Claude Lévi-Strauss qui sait parfaitement décrire le fonctionnement socioculturel et religieux d'une tribu amazonienne, mais aurait sûrement de grandes difficultés à vivre à l'année dans cette tribu, à s'habiller comme eux, à changer complètement de régime alimentaire, à adorer leurs divinités, etc. Ainsi en est-il de beaucoup de responsables et de simples croyants dans nos communautés évangéliques. Ils croient comprendre, mais ils resteront toujours extérieurs à la nouvelle culture des réseaux, car on n'entre pas dans une culture par le biais de la connaissance, mais en la pratiquant journellement.
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Nous devenons des immigrants dans nos propres contextes spirituels européens et occidentaux.
O On ne comprend le fonctionnement d'une culture que si on a vécu quelques années dans une culture autre que celle de sa culture d'origine. Lorsqu'on a « souffert » de ce changement. Et surtout dans une culture non liée à l'écriture où domine l'oralité. Le fonctionnement d'une culture peut s'apprendre dans des livres, mais ça ne veut pas dire qu'on s'y sentira comme un poisson dans l'eau. Dans une culture orale ou autre, il y a énormément d'attitudes, d'expressions qui ne peuvent s'apprendre d'une manière scolaire. Je donne un exemple concret. Nous avons de très chers amis chinois que nous connaissons et fréquentons depuis plusieurs années. Nous mangeons de temps en temps, ensemble. Nous prions ensemble. Nous avons fait de grands voyages ensemble. Lorsque, par exemple, j'ai à transmettre un document de main à main et que je sonne à la porte, mon ami peut m'accueillir devant sa porte fermée derrière lui, sur le palier de l'appartement. Il ne me fait pas entrer, alors qu'à d'autres moments où j'avais quelque chose à faire à l'intérieur, il m'ouvrait la porte. Autre exemple : on ne touche pas une personne chinoise. Nous, les Français, on a l'habitude, pour encourager quelqu'un, de lui taper dans le dos. Exclu, pour un Chinois. C'est presque une offense. On apprend en ressentant les distances à adopter. Si ce n'était que des attitudes très secondaires, ce serait encore tout à fait gérable, mais lorsqu'il s'agit par exemple de convictions ou de croyances, c'est là que le bât blesse.
O Des parents qui sont des analytiques, des cartésiens, des personnes froides émotionnellement parlant, qui utilisent le langage de l'écrit et articulent leurs arguments d'une manière très logique ne donnent aucune envie à leurs enfants de les accompagner dans leur conception spirituelle. Eux qui sont nourris au suave lait des réseaux sociaux, ne souhaitent pas se montrer en public avec leurs aînés. C'est les mêmes réflexes qu'ont de jeunes Maghrébins avec leurs parents qui affichent ostensiblement leur appartenance culturelle. De plus, ces jeunes ne comprennent plus leurs parents et leur manière de vivre et de penser l'existence. On pense qu'en leur rabachant le « condiment » analytique de l'Évangile, ils feront demi-tour pour suivre le chemin des parents.
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Comment se comporter comme immigrant·e ?
O Il faut absolument intégrer que la nouvelle culture numérique n'est pas un développement secondaire. Elle va marginaliser la culture de l'écrit et de la lecture.
O Nous devons adopter le comportement du migrant socioculturel. Se sentir durablement à la marge de la société.
O On va devoir accepter de perdre notre autorité liée à notre statut reçu au travers de l'apprentissage culturel scolaire (diplôme, niveau d'études, etc.). C'est le talent qui va être prédominant pour se prévaloir d'une certaine autorité spirituelle.
O Accepter de changer de culture est extrêmement pénible et c'est lié à pas mal de souffrances et d'incompréhensions.
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