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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Le coup de maître du diable dans le jardin d'Eden

25 Septembre 2023, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Il n'a pas seulement réussi à casser la relation entre le couple primitif et Dieu, mais à dévoyer complètement l'image de Dieu. Ce Dieu qui ne se comportait pas en dictateur ou en «robotiste» spirituel, voulait aussi créer un modèle où il pourrait se présenter en tant que vis-à-vis: un Père aimant qui base toute sa relation avec les hommes sur le principe de l'amour. Au contraire, Dieu est sorti de cette expérience malheureuse avec l'image d'un juge. Vite fait, bien fait, les prêtres issus de cette lignée adamique ont envoyé dans la stratosphère religieuse une fusée qui portait un satellite qu'ils ont nommé «péché». Ce satellite allait programmer et bien sûr filtrer toutes les relations entre Dieu et les hommes. De plus, le diable a fait croire aux humains que ce satellite a été mis au point par Dieu lui-même, pour contrôler l'humanité.

Pourquoi Dieu s'est laissé faire?
Il aurait d'abord pu éliminer le diable. Il aurait en même temps éliminé la seule manière de vérifier l'amour que lui portent les humains. La base de l'amour c'est de donner la liberté d'aimer. Une personne obligée d'aimer quelqu'un, ça s'appelle du viol ou dans le langage plus feutré d'aujourd'hui de l'abus de pouvoir.

Il aurait aussi pu déprogrammer le satellite «péché». Avec un seul mot, lui, le Dieu de l'univers aurait pu protéger Adam et Ève. Il aurait pu faire passer un ange avec une pancarte «Attention». Ou au moins brouiller les ondes maléfiques de cet ovni métaphysique nommé «péché». Bien sûr, Dieu protège aussi, encore aujourd'hui. Lorsque l'humain dit qu'il a eu du bol lorsqu'il a évité un accident, pourquoi ne pas mettre, ce «miracle» sur le compte de Dieu? De même celui qui s'extasie, après cinquante ans de mariage, comme moi, que le guidage du Dieu de l'univers était parfait. Et surtout qu'il m'a protégé des ondes vicieuses de l'adultère.

Pourquoi Dieu a-t-il mis un couple comme exemple central de l'amour? 
C'est bien la preuve que Dieu met la question de l'amour, non pas, en premier, dans le domaine de la pensée, mais dans le concret de la vie et du corps charnel. L'amour ne se pense pas, il se vit, se pratique. L'amour de Dieu, l'amour du prochain se manifeste dans la pratique de gestes d'amour et non au travers de l'écrit, du virtuel et du numérique. Écrire une lettre d'amour ne remplace pas l'acte d'amour. Souvent on a compris que le texte biblique était une lettre d'amour de la part de Dieu. Si ce n'était que ça, ce ne serait qu'une plume «amoureuse» qui s'envole à la moindre brise. Arrivons-nous à voir l'amour de Dieu dans le concret de nos vies? Au travers de tout le bien qu'il nous fait.

Le couple fonctionne comme la terre et la lune
Ce binôme est un bel exemple d'équilibre. La terre aurait un comportement erratique sans l'équilibre apporté par les rotations de la lune autour de l'astre que nous habitons. C'est dommage qu'on a réduit le rôle principal de l'épouse, seulement à sa présence nocturne dans le même lit que son conjoint, alors qu'elle «tourne» aussi d'une manière invisible tout au long de la journée. Ce que le diable a réussi, c'est de mettre un coin pour casser cette entente. La relation du couple est la symbolique qui traverse toute la Bible. Un couple qui donnera naissance à des familles, des pères, des mères, des enfants. Que serait devenue l'image du Père, sans celle du couple humain? Et puis celle du Fils, Jésus-Christ? L'amour ne peut se présenter d'une manière forte que dans le cadre d'un couple. On peut aimer son chien, mais cet amour n'irait probablement pas aussi loin que de mourir pour lui.

 

Les conséquences de cette rupture
C'est surtout les épîtres du Nouveau Testament qui ont maximalisé la notion du péché, comme une désobéissance à un ordre donné: tu ne mangeras pas... Non sans raison, mais on s'est focalisé sur la désobéissance pour en faire le fer de lance de l'évangélisation, sans s'apercevoir que le diable avait probablement une visée beaucoup plus fondamentale, celle de discréditer l'image du Père et de la famille. 

Toute relation d'amour a besoin d'être régulée. Entre autre par l'interdiction de ne pas aller à gauche. Et le diable a fait croire au premier couple, que Dieu est un empêcheur de tourner en rond, alors qu'il voulait tracer une trajectoire, avec un but. Un tracé à parcourir à notre vitesse, avec nos faiblesses, nos forces. Avec des interdits où il ne nous met pas dans un enclos.

L'image écornée du Père avait besoin d'être mise sous un autre angle
C'est le Christ, le fils d'un Père, porté par une femme terrestre (on revient à l'importance de la notion de couple) qui a remis les pendules à l'heure. Il est mort crucifié par amour pour les hommes. Qu'avons-nous fait de ce puissant acte de rédemption? Nous avons surtout donné raison au juge. Il nous a rachetés, parce que nous allions être punis et jetés en enfer, si nous n'allions pas accepter ce jugement. On a mis les humains dans un tribunal. Il est où ce Dieu d'amour?

Du coup, faut-il mettre les hommes et les femmes dans un sauna spirituel?
Agréable, avec un Dieu bon enfant, un «masseur», un «ostéopathe» spirituel qui nous soulage de nos grands et petits maux de l'existence?

Sans espace de liberté, il n'y a pas de relation amoureuse
La terre est un espace où Dieu ne nous met pas sous pression pour devenir un de ses fils ou filles adoptives. Cet enjeu est parfaitement illustré par l'histoire de Job (Job 1:9-12) ou le diable veut démontrer à Dieu que celui-ci ne l'aimera sûrement plus si Dieu lui retire ce qu'il aime le plus au monde. On pourrait traiter Dieu de sadique. Non, il veut juste tester si la personne ne le choisit pas à cause de son fric, de sa protection, de son prestige. Dans l'éternité Dieu ne voudra vivre qu'avec des personnes qui l'auront choisit librement, pas sous la contrainte. Une évangélisation qui ne donne pas d'espace de liberté pour répondre aux avances de Dieu, est une entreprise de colonisation des esprits. Notre travail social, par exemple, est-ce une manière de montrer l'amour de Dieu ou bien est-ce une initiative pour «coincer» le malheureux à accepter d'entrer dans une communauté chrétienne. En mission on parle avec raison des «chrétiens médicaments». Ils sont obligés de venir à l'église parce qu'il y a une contrepartie «médicamenteuse», donc on les oblige à faire semblant. C'est ce que j'appelle faire de l'évangélisation à seuil bas.

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