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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Le Christ, serait-il aujourd'hui un messie «woke»?

17 Août 2023, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Ne vous attendez pas, de ma part, à une condamnation ou un plaidoyer en faveur du «wokisme». Ce mouvement a lancé une contestation fondamentale de certaines valeurs occidentales qui nous ont transformés en exploiteurs, nous ont bien enrichis au dépens des pauvres, sous couvert de culture et de civilisation chrétienne. Jésus, était aussi un grand contestateur du judaïsme à son époque sur terre. Aurait-il des accointances avec le «wokisme», lui qui défendait les pauvres, respectait les étrangères comme la femme samaritaine? Pourtant, ce qui était son génie, c'est qu'il serait tout autant un «anti-woke». D'ailleurs, il s'est fait récupérer tout au long de l'Histoire par les uns et par les autres. Reste donc pour nous la question, comment naviguer aujourd'hui entre ces deux contestations: «wokisme» et conservatisme et défense des valeurs socio-culturelles issues du christianisme.

Petite définition du «wokisme».
Je reprends celle, tirée du Hors-Série, publié par Valeurs Actuelles*:
C'est la prise de conscience, par certaines personnes - les femmes, les Noirs, les homosexuels - de leur statut de membres d'une minorité opprimée. Opprimés par l'Occident et son seigneur et maître, l'homme blanc, patriarcal, hétérosexuel.

* (N° 9) Wokisme, la nouvelle tyrannie Tiré de l'éditorial: Le dernier combat

Première réaction
Je ne suis ni woke, ni conservateur. Ni défenseur de l'homosexualité et autres transgenres, ni défenseur de l'homme blanc qui serait le gardien de la bonne moralité et d'une culture chrétienne qui a massacré six millions d'exclus en l'espace de quelques années, pendant la dernière guerre mondiale. Tous ces liquidateurs au nom du Dieu très haut, étaient catéchisés pour la majorité. Par contre, ce que je revendique pour moi, en premier lieu, c'est un peu plus d'humilité comme membre de cette masse blanche qui a autant ravagé la société que ces «wokes» qui ne sont non plus des modèles angéliques. Prendre parti pour l'un et l'autre mouvement relève d'une compréhension de l'évangile qui n'est pas la mienne. Le chrétien n'est pas appelé à défendre une culture, une religion, des économies, des pays, des ethnies. Derrière ces contestataires, des deux bords, se cachent des intérêts, parfois légitimes, mais servent plus des individus, des familles, entre autres politiques et surtout des intérêts économiques.

 

Une vieille domination que nous aimerions garder
On est bien d'accord d'accepter les petites mains noires, métisses, jaunes dans nos hôpitaux, nos services de restauration, de nettoyage, à condition qu'elles restent à leur place soumises à l'homme blanc. Malheureusement, comme nous rechignons à faire des gamins et que la démographie blanche est en chute libre, il faudra bien anticiper le mouvement. Nous ne pouvons pas continuer à jouer au blanc colonial qui veut garder la main haute dans toutes les affaires y compris religieuses. Une partie des prêtres dans le catholicisme est d'origine étrangère. Les églises évangéliques suivent également ce mouvement, surtout que ses membres proviennent souvent des anciennes colonies. Pour moi, ce combat entre soi-disant le «mal» absolu (meetoo, homosexualité, transgenre, migration, etc...) et la défense des valeurs d'une nation chrétienne, c'est le chant du cygne, d'une civilisation européenne qui prend massivement l'eau. Franchement qui est derrière ce conservatisme d'extrême droite? Des milliardaires comme un certain Bolloré, catholique convaincu? Certains évangéliques ou réformés ne sont pas en reste! Pas seulement, mais aussi de simples citoyens qui se font manipuler. L'artisanat des  orfèvres et leurs ouvriers qui ont éjecté l'apôtre Paul d'Ephèse (Actes 19:21-41) étaient les représentants du «capital». Aujourd'hui les Brics se liguent contre les anciennes nations de l'hémisphère nord, qui ont construits leurs cultures, leurs économies sur pas mal d'exploitations et de corruption du sud. Un certain Georges Bush a vidé l'Irak de la majorité de ses chrétiens sur la base d'un mensonge d'état, dont Arte donne actuellement un aperçu au travers d'un film. Pour ne pas me ranger derrière cette offensive «woke», je mettrais aussi en avant le fait que des générations de chrétiens ont financé par leurs dons, que personnes n'a pu comptabiliser, la santé, l'éducation, le bien-être de millions de personnes. Mais ce n'est pas une raison pour cracher sur ces minorités opprimées qui réclament justice. N'oublions pas que le diable joue aux quilles avec nous, avec nos autorités politiques, ecclésiastiques, culturelles.

 

Comment naviguer aujourd'hui entre ces deux contestations: «wokisme» et conservatisme? Voici quelques conseils:

Ne faites pas trop confiance aux réseaux sociaux, aux télés, aux médias qui tous ont besoin de vendre pour survivre. Ils jouent avec nos peurs, nos mauvais penchants, pour se faire du blé. Ce ne sont pas des œuvres de bienfaisance. Essayez surtout de discerner, quel est le financier ou le groupe de financiers qui est derrière le média. Plus l'origine est opaque, plus il faut s'en méfier. Plus ils s'habillent avec un vêtement religieux, plus il faut les boycotter.

La paix, la sécurité, le respect de l'autorité, le pardon mutuel, la compassion et d'autres valeurs ne peuvent s'épanouir que sur la base de la négociation. Il n'y a ni bon, ni mauvais «woke», ni bon ni mauvais conservateur. Il y a surtout des personnes qui ont de vrais problèmes à résoudre. Le conservateur a peur d'une réalité liée à l'immigration qu'on ne lui a pas appris à gérer. Le «woke» se sent méprisé dans son identité sexuelle, ethnique, économique qui n'est pas complètement à mettre sur le dos du péché, comme on ne peut pas accuser le patriarcat conservateur de tous les maux de la société. Je ne suis pas en train de vouloir minimiser les problèmes des uns et des autres. Nous qui sommes chrétiens, nous avons beaucoup de respect pour le roi David et son fils Salomon qui entretenaient des harems impressionnants. Ça montre qu'on ne peut pas résoudre les problèmes à coup de lois, de polices, de normes à imposer aux autres, à ceux qui ne sont pas comme nous.

Le chrétien dans nos sociétés devraient fonctionner comme le suggère ce texte d'Ésaïe 58:12: Alors tu relèveras les anciennes ruines, et tu rebâtiras sur les fondations abandonnées depuis longtemps. On te nommera ainsi: «Le peuple qui répare les brèches des murailles et redonne vie aux ruelles de la ville». Le problème, c'est que comme nous sommes les enfants adoptifs du Père de l'univers, on pense qu'on est habilité à gérer la société au nom de ce Père. Nous n'avons pas à défendre un héritage que nous ne possédons pas. Nous ne sommes que des ouvriers dans sa moisson. Les conservateurs se sentent habilités à imposer leur point de vue soit du point de vue religieux, politique ou économique. Par l'épée ou le goupillon. En mettant à la tête d'un état un pseudo chrétien qui n'utilise que le vocabulaire du conservateur, mais pas sa pratique. Et le «woke» qui ne cherche qu'un espace de liberté qui a aussi ses limites, entre autre celles que Dieu a posées comme fondement. Laissons au Dieu de l'univers le soin de gérer ce «merdier», à nous de réparer les brèches... à sa façon, pas à la nôtre.

 

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