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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

19 Mai 2022, 08:00am

Publié par Henri Bacher

La Bible reste, pour le christianisme, le point de référence essentiel. Au fil des cultures et des civilisations, sa mise en pratique a aussi évolué et elle a dû s'adapter. Qu'en est-il aujourd'hui? A-t-elle encore le même impact qu'au 19ème siècle, le grand siècle qui a vu par exemple, la naissance en 1867 de la Ligue pour la lecture de la Bible, une des locomotives de la lecture personnelle de ce texte sacré?

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

Le texte sacré pratiqué dans l'Ancien Testament

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

La spiritualité pratiquée sur la base de la Torah était le fruit d'une approche systémique. Les quatre approches interagissaient: avec l'analyse du texte dans la synagogue (son interprétation), l'aspect chanté, dont il nous reste encore les psaumes avec un fort potentiel émotionnel, la méditation dans la solitude que Jésus pratiquait également et la mémorisation qui n'a plus la même importance aujourd'hui, grâce à nos supports numériques.

La Bible dans la culture de l'écrit et de l'école

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

Comme les réformateurs protestants du 16ème siècle étaient en prise avec une foule d'activités spirituelles allant de la messe, au pèlerinage, en passant par les images saintes, les gestes liturgiques comme les génuflexions, les signes de croix, l'adoration des reliques, etc..., ils ont simplifié l'approche spirituelle. Ils ont maximalisé le binôme prédication - chants. La liturgie ne faisait qu'office de lien entre ces deux pôles, mais n'avait aucune fonction sacramentelle. Comme du temps des Calvin et Luther, peu de gens savaient lire, la lecture de la Bible à la maison n'a pris son essor qu'au 19ème siècle, d'où aussi le fait que cette lecture est restée hors de cette boucle cultuelle. On l'a sous-traitée à des organismes spécialisés comme la Ligue. Encore aujourd'hui le pasteur n'aurait pas l'idée de proposer des lectures à faire en semaine en relation avec son sermon ou par exemple donner une liste de textes à consulter pour préparer la prédication de la semaine suivante. Histoire de travailler en systémique. La lecture de la Bible est hors champ par rapport au culte et ne parlons pas de la méditation (mis en grisé sur le graphique) qui est un concept que les catholiques nous ont appris ces dernières décennies. Ce qui ne veut pas dire que la Bible n'a pas été pratiquée, sauf qu'aujourd'hui cette boucle tourne à vide, avec une sorte d'enflure de la partie chantée, musicale. Les musiciens ont pris le pouvoir dans l'église, et non le prédicateur-de-la-parole-de-Dieu, comme du temps de Calvin.

Et aujourd'hui aux prises avec les réseaux sociaux?

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

Le culte dominical perd de son attractivité et de son impact surtout pour les personnes nourries aux réseaux sociaux. Un certain nombre de pasteurs et de curés contribuent aussi à cette «inondation» en twittant chaque jour des pensées, des conseils, des exhortations, des prophéties concentrés sur 140 caractères. Les réseaux sociaux organisent et facilitent la constitution d'un «marécage» spirituel, émotionnel. On se retrouve comme à la fin du Moyen-Âge dans du n'importe quoi. Comment les chrétiens lambdas peuvent-ils faire le tri dans ce fatras de possibilités? La réalité spirituelle devient opaque!

L'évolution de la pratique de la Bible dans un monde postmoderne (en images)

Le christianisme évangélique lié aux réveils du 19ème siècle a été obnubilé par la notion de séparation avec le monde. Ils ont moralisé, codifié cette séparation en mettant l'accent principalement sur les questions sexuelles, l'alcoolisme qui faisait des ravages dans les familles, la vie dissolue qui se vivait dans le monde des cabarets et autres lieux de plaisir. À tel point que dans des communautés que j'ai connues au Pérou, dans les années 90, on disait encore qu'un chrétien ne fume pas, ne boit pas d'alcool et ne danse pas. Cette recherche de pureté et de protection de la saleté du monde n'était pas tout à fait faux. Les moines du Moyen-Âge ont eu des réflexes similaires. Saint François d'Assise est sorti de sa communauté catholique pour protester contre l'opulence et la vie dissolue de son temps. Cette confrontation au monde qui n'est pas soumise à Dieu parcourt toute la chrétienté.

Avec les réseaux sociaux nous sommes aussi confrontés à un monde dont le moteur n'est pas le modèle biblique. Est-ce qu'il l'a été à un moment historique? On a tendance, puisqu'on peut encore y exprimer librement notre foi, à ne pas s'en méfier. Alors que ce monde nous façonne en profondeur et par la même occasion nous conditionne pour le servir. C'est pourquoi, sans devenir des talibans de la foi évangélique, nous devrions, en tant que communauté chrétienne aussi contester ce pouvoir et surtout ne pas se laisser entuber par lui. Quel est l'enseignement que nous opposons aux réseaux sociaux? Comment éduquons-nous les membres de nos communautés? Nos élites qui squattent ces réseaux devraient être des modèles. Est-ce que le fait de montrer des photos de vacances, des visites liées aux loisirs et à la culture renforcent l'évangile sur le net? Non, ces utilisateurs des réseaux se mettent souvent en scène. Sur les réseaux sociaux nous devrions montrer comment nous pratiquons l'évangile. Comment nous surmontons nos maladies, nos souffrances, comme Marie Ray qui raconte comment elle affronte le cancer qui la terrasse.

Reste comment allons-nous travailler en systémique pour faire interagir prédication, concert de louange, lecture de la Bible, méditation et réseaux sociaux? Comment utiliser ces réseaux pour renforcer la pratique de la Bible? Ce sera ça notre fer de lance pour évangéliser.​​​​

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