Comment mutualiser les activités de différentes communautés non affiliées à la même fédération d'églises?
C'est un article paru dans l'hebdomadaire «La Vie» (N° 3966) qui m'a donné l'idée de ce post. Il relate l'expérience d'un groupe de paysans alsaciens, travaillant entre plaine et montagne, dans des terrains pas toujours propices à une agriculture intensive. Ce groupe lance des expériences communes, mutualise connaissances et outils. Entre autre, ils font des sélections de plants de myrtilles, spécialités de cette région. La production de myrtilles, souffrant du changement climatique, nécessite une nouvelle approche de production. Pourquoi des communautés chrétiennes ne pourraient-elles pas s'inspirer de ce type d'association informelle?
Exemple de mutualisation
Dans la région où j'habite, à la frontière avec Genève (Suisse), il y a plusieurs communautés qui sont très proches du point de vue théologique tout en faisant partie de fédérations différentes. Actuellement, va se construire, un immense centre commercial qui va drainer sa clientèle sur tout le secteur et même attirer une forte clientèle suisse. Ce n'est pas pour rien que ce centre a été combattu, sous prétexte d'écologie, par des groupes de pression, qui ont sûrement été encouragés par des commerçants y compris suisses. Il aura un impact commercial puissant. Les différentes communautés de la région pourraient louer ensemble, dans ce centre, une boutique pour ouvrir un espace spirituel. Elles pourraient mutualiser les ressources, les talents. Toutes les églises n'auront peut-être pas des chrétiens doués et talentueux dans le contact avec des pas-encore-chrétiens. On pourrait imaginer de développer une activité méditative, le dimanche matin, pour des personnes qui font leurs courses. Pour une seule communauté, ça peut être très lourd, d'ouvrir un tel espace. Je suis bien conscient qu'avec une proposition pareille, je touche à un énorme tabou. On est bien d'accord pour faire ensemble des actions sporadiques d'évangélisation, mais développer un projet à long terme où finalement on ne sait pas qui va récolter les retombés, c'est plus dur à accepter. On travaille toujours encore pour sa propre boutique.
D'autres idées de mutualisations
Le pôle des talents. Tous les pasteurs et responsables d'église n'ont pas tous les mêmes talents. Dans des églises très apparentées au système scolaire, on demandait au pasteur surtout d'être un bon enseignant. Aujourd'hui, en plus, il faut avoir un certain nombre de talents de type artistique, de communication. Il faut être performant pour la relation d'aide, pour la gestion de type manageriel, etc... Les dons spirituels peuvent avoir une certaine importance et une vraie utilité. Tous les pasteurs ne sont pas doués pour catéchiser des ados. Pourquoi ne pas mutualiser le catéchisme? Ou bien de temps en temps, le groupe de jeunes, histoire aussi de trouver d'autres horizons pour trouver un conjoint. Une préparation au mariage pourrait aussi se partager pour des couples qui veulent se marier dans l'année. Un autre pasteur sera peut-être un fin connaisseur d'un des livres de la Bible. On pourrait mutualiser son enseignement. Un autre est doué pour les études bibliques. On est dans une société qui demande tellement de talents que le pasteur traditionnel est souvent sous pression et finalement en burn-out.
Le pôle technologique et numérique. Toutes les petites communautés ne peuvent se payer le luxe d'un informaticien et d'un webmaster compétent. On pourrait même imaginer la création d'un site web partagé par plusieurs communautés et ciblant une région. Il existe dans ma commune un groupe Facebook sous le nom de «Si t'es de ...» qui diffuse des infos strictement locales. On pourrait imaginer un tel groupe sur une région limitée sur plusieurs communes avec le titre «Si t'es de la région telle ou telle... voici ce que nous offrons». Bien sûr, les gens ne vont pas s'intéresser à l'heure de vos cultes et autres activités, mais vous pourriez proposer des cérémonies d'enterrement, des bénédictions de mariage (il ne faut pas être chrétien pour être béni de Dieu), des conseils pour passer un cap difficile dans son couple, pour divorcer harmonieusement ou pour éduquer ses gamins, etc... Ce qui ne veut pas dire promouvoir le divorce, mais accompagner ceux qui souffrent. Il faut absolument abandonner l'esprit de clocher qui est le plus grand handicap pour l'évangélisation.
Le pôle artistique et musical. Pour des évènements spéciaux, par exemple pour un mariage, on pourrait peut-être utiliser un groupe musical d'une communauté voisine dont les chanteurs sont plus compétents.
La formation. Pourquoi ne pas définir entre différentes communautés les besoins de formation et les mutualiser ? Un formation à la prise de parole. L'animation d'un culte. La rédaction Internet. L'accompagnement des gens en difficulté. L'avantage de telles formations, c'est aussi le renforcement d'un tissu spirituel régional entre différentes communautés sans devoir «négocier» son identité ecclésiastique.
Le partage des ressources techniques. Pourquoi chaque communauté devrait-elle acheter une excellente caméra et former des équipes qui savent comment l'utiliser? Il y aurait beaucoup à apprendre de ces paysans qui mutualisent leurs outils de travail et de récolte.
Conclusion
Pourquoi ne pas l'expérimenter sur un temps limité, avec un ou deux sujets communs à tous? Et puis, n'oubliez pas, beaucoup de projets naissent dans la convivialités, autour d'un café. Faites à plusieurs le tour de votre région, attablez-vous, sur une terrasse de bistrot, observez ce qui se passe autour de vous. Echafaudez de nouveaux plans de travail en étant dans la situation du lieu et non dans le cadre de vos bureaux.
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