Quand la professionnalisation des cadres de l'église la conduit à sa marginalisation

10 Juin 2024, 07:00am

Publié par Henri Bacher

Nous avons un vrai problème avec nos filières de formation pour les cadres de nos communautés. Petite réflexion parabolique pour trouver de nouvelles solutions.

Étudier pendant plusieurs années, afin de finir par ramer dans une petite « embarquation » !
Pauvre pasteur ou pasteure qui rame dans son ministère, alors qu'il a été formé dans une « académie maritime » pour diriger une équipe transatlantique. Je comprends que nos jeunes ne soient plus attirés par une carrière pastorale. Il faut avoir une vocation sacrée et un appel puissant pour se lancer dans un tel défi.

Les « paquebots » européens, comme celui des catholiques, des protestants et des luthériens, même si ces deux dernières compagnies spirituelles ont fusionné en France, réduisent drastiquement leurs destinations transatlantiques, surtout par manque de passagers. Il reste bien encore des croisières pour les retraités dans des îles paradisiaques, mais même celles-ci se raréfient ! Nos ports nommés « cathédrales », comme celle de Paris, attirent surtout des touristes étrangers et des migrants chrétiens qui viennent de nos anciennes colonies.

Le paradoxe
Nous continuons à former des équipages pour des voyages transatlantiques, en croyant qu'une petite embarcation de pêcheurs peut utiliser le même savoir acquis dans une académie maritime. C'est le mirage du système scolaire qui pensait qu'on pouvait faire passer tous les gamins de toutes les couches sociales, de tous les environnements socio-culturels dans le même tamis. On se spécialisait après l'école obligatoire pour devenir un bon capitaine, mais en réalité on se préparait toujours à diriger un paquebot et non à devenir marin-pêcheur.

Le futur pasteur un marin-pêcheur
Pour réévangéliser l'Europe, il faut revitaliser ce métier ancestral. Le transatlantique navigue avec un GPS orienté sur des satellites, d'où aussi la sophistication de la formation académique. Le marin-pêcheur navigue à l'instinct, à la vue pour éviter les récifs. Il observe les courants, la direction des vents, le vol des oiseaux pour guider son bateau vers les zones où se trouve le poisson à pêcher. Je vous signale en passant que le Titanic a coulé parce qu'il scrutait le soleil et les étoiles avec son sextant, au lieu de repérer les icebergs qui se trouvent devant leurs yeux.

La pêche côtière est surtout orientée vers l'approvisionnement en nourriture pour nourrir la population sur la terre ferme, tandis que le capitaine du paquebot, tout en sachant faire atteindre son navire à la destination finale, va devoir s'occuper des passagers de son bateau: les bichonner, leur fait faire un voyage agréable, veiller à leur sécurité et à leur confort.

Comment se forme le marin-pêcheur ?
En réalité, il n'existe pas vraiment des académies maritimes pour ce métier. On se forme par apprentissage en regardant travailler son père, son oncle, son cousin, les autres pêcheurs. Ce qui voudrait dire que nos futurs pasteurs et pasteures devraient être résidents dans un port (dans une église) et apprendre leur métier en travaillant avec les pêcheurs. Ils pourraient de temps en temps avoir une formation plus théorique, dans l'arrière-boutique du pêcheur, mais ce n'est pas nécessaire de monter à « Paris » pour peaufiner ses connaissances.

Conclusion
À l'avenir, il restera encore des paquebots qui auront besoin d'un capitaine qui sort d'une académie, mais ce sera illusoire de multiplier ces académies et de sophistiquer la formation. Le Christ a commencé son ministère avec des marins-pêcheurs, dont Pierre, le plus illustre, qui a navigué, le long des côtes, jusqu'à Antioche et Rome. D'autres, comme un certain Paul, on travaillé dans les « ports », entre deux sorties côtières (Actes 20:34).

Quand la professionnalisation des cadres de l'église la conduit à sa marginalisation

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