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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

L'aspect musical d'une communauté adaptée à la culture internet

7 Janvier 2020, 17:09pm

Publié par Henri Bacher

Le rôle des musiciens et musiciennes
Dans ce clip, présenté en en-tête, les musiciens ne sont pas en concert, face à un public. Ils sont au milieu de l'auditoire et c'est intéressant de noter que la chanteuse principale à l'air de chanter pour elle et non pour un public. C'est-à-dire qu'elle entraîne le public en s'y immergeant avec toute son énergie. Certains groupes de nos communautés chantent dans le même style musical de l'orgue du passé. Ils accompagnent les gens qui chantent, comme un chanteur qui s'accompagne de sa guitare.

Ils ne sont pas "immergés". Ils restent toujours dans une communication du haut (de l'estrade) vers le bas, alors qu'ils devraient créer une "mayonnaise" musicale avec le public. Aussi longtemps que le groupe de chants accompagne l'auditoire, sans faire corps avec son public, il n'est pas dans la culture internet. Il faut transmettre par la voix, les mouvements sur scène, l'expression corporelle, la conviction liée à ce qu'on chante. Permettre que l'auditoire puisse aussi s'exprimer par des soupirs, des exclamations, des battements de mains et des pieds, des applaudissements pas seulement à la fin.

Faut-il avoir un physique agréable pour chanter devant un public?

Ce clip permet de comprendre, sans connaître la langue, que ces chanteurs, lorsqu'ils transmettent leur foi, expriment quelque chose de profond. Je dirais, ils ont l'air d'y croire. On me rétorquera que les chanteurs non-chrétiens en font autant. Bien sûr, c'est la base de la musique, mais justement c'est le modèle qu'ont les gens en tête lorsqu'ils viennent au culte. Ils ne veulent pas avoir un groupe de figurants statiques qui les accompagne. Ils veulent s'enthousiasmer avec le groupe qui chante, ici la chanteuse principale. Ces personnes fonctionnent comme des modèles. L'autre élément qui est de plus en plus important dans le domaine de la communication publique, sur scène, mais aussi en vidéo, c'est qu'on soit télégénique. Qu'on crève l'écran. Même si on opère dans une salle. C'est un talent qui ne s'apprend pas. On l'a ou on l'a pas. On peut améliorer un talent, mais pas le créer. Cette chanteuse à l'écran a un rayonnement particulier. Physiquement, ce n'est pas un top-modèle, mais elle rayonne. Un chanteur, une chanteuse et toute personne qui prend la parole en public, surtout aujourd'hui, doit avoir ce "rayonnement". C'est comme un projecteur qui s'allume et la caméra va rester presque tout du long du clip sur le visage de cette personne. Observez les bons acteurs comme ils peuvent exprimer un sentiment rien qu'avec un plissement des sourcils ou de la bouche. Ce qui veut dire que si vous laissez les bonnes volontés, qui certes chantent juste, mais qui n'ont pas le charisme de la communication sur scène, vous faites chou-blanc. Lorsque vous fréquentez des nouvelles communautés comme Hillsong, ou les célébrations de Sainte Blandine à Lyon avec le groupe Glorious, vous êtes en face de personnes pas seulement pro, mais télégéniques qui "rayonnent". Le piège c'est de croire que c'est des personnes très spirituelles parce qu'elles sont télégéniques! Néanmoins, et on n'y échappe pas, c'est ce que le formatage culturel demande. C'est une "langue" visuelle. Si on "bafouille", si on a un "accent" à couper au couteau autant ne pas monter sur scène. Ce n'est pas seulement valable pour la parole, mais aussi pour la musique.

Que faire si on n'a pas de musicien?
Je l'ai vu faire dans une petite communauté naissante à Genève. Ils ont projeté, sur grand écran, des clips de chants, tirés du net. Le programmateur des chants se plaçait à l'arrière du public et lançait à partir de sa tablette, la succession des morceaux musicaux, qui ont souvent les paroles affichées sur l'écran. Bien sûr, il faut que l'église ait une connexion WIFI et un écran ou des écrans de télé de grand format.

Peut-on mixer différents styles de musique?
C’est possible, à condition d’avoir des musiciens talentueux qui savent remasteuriser des vieux chants pour "coller" avec du Hillsong ou du Glorious. On ne peut pas faire une mayonnaise avec n’importe quel produit de base. Ainsi en est-il avec les styles musicaux. Si vous n'avez pas ces compétences musicales, organisez plutôt alors des cultes à dominante "vintage" et d'autres avec les dernières sonorités en vogue. Dans ce cas, il faudra avertir votre public du style que vous allez utiliser. Je sais que c'est un conseil très mal venu, mais ça vous évitera peut-être que des membres de votre communauté la quitte pour d'autres horizons musicaux qui leur correspondent mieux. Nous reparlerons de ce type de culte dans un post suivant. On n'est plus dans une culture musicale homogène. Et on n'est plus dans une culture scolaire où l'élève est obligé de suivre le "programme" que ça lui plaise ou pas.

Les pièges à éviter
Se sentir culpabilisé lorsqu'on n'a pas envie de "danser", de se contorsionner au son de la musique. Le contraire est aussi vrai: ne pas culpabiliser si on est dans un milieu froid comme des glaçons et qu'on aurait envie de suivre corporellement le rythme de la musique. 

Autre piège qui peut aussi s'appliquer au style de prédication. Le fait qu'on soit mal à l'aise dans un culte au vu des déhanchements des chanteurs n'est pas un critère suffisant pour dire que ce n'est pas spirituel. Le contraire est aussi vrai. On se fait parfois traiter de chrétien très peu engagé spirituellement parlant, parce que notre corps a été éduqué dans la culture calviniste, sans couleurs, où le pasteur s'habille comme un corbeau. La spiritualité se mesure le lundi à son boulot ou dans son école pas dans un moment culturel et cultuel.

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