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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Comment évangéliser les « païens » européens?

3 Mars 2022, 09:00am

Publié par Henri Bacher

Quelques pistes surtout pour les églises. Ce serait un peu prétentieux de ma part de savoir comment évangéliser nos concitoyens, mais je vais juste esquisser quelques recommandations.

Comment évangéliser les « païens » européens?

Quelques constatations

O Nous devons, en Europe, nous mettre dans la mentalité du missionnaire du 19ème siècle qui débarque dans un pays inconnu, souvent dans les bagages des coloniaux de l'époque. Les protestants ont ouvert des écoles et des hôpitaux, les catholiques ont plutôt construit des églises, mais pas seulement. Aujourd'hui dans notre occident « païen », nous n'avons plus d'influence dans le système scolaire, ni même dans le système de santé, mais il nous reste l'église! C'est l'activité de l'église qu'il faut repenser, mais pas dans le sens « scolaire » ni dans l'aspect transmission-de-la-foi sur des supports numériques.

O Un certain nombre de missionnaires de l'ancien temps ont d'abord essayé de comprendre la cosmogonie, la conception du monde, les croyances des personnes à évangéliser. Quelle réponse donnons-nous à l'éco-anxiété actuelle? À la perversion du soi-disant judéo-christianisme de certains politiques?

O Nous ciblons trop souvent, y compris moi, l'adaptation aux supports pour évangéliser. C'est comme si ces missionnaires avaient principalement misé sur le tam-tam et les danses pour transmettre l'évangile. Ils auraient mis la foi en danses, en rythmes, en palabres (la version actuelle des discussions sur les réseau sociaux). Ils ont bien mis l'accent sur les écoles et ce fut plutôt une imposition culturelle. Une sorte de superstructure mentale qui avait de la peine à se « marier » avec l'aspect profond, intime, de la personne culturellement formaté par d'autres manières de penser l'existence.

O Le texte de Matthieu 12:15-21, rend compte d'une recommandation importante que Jésus a reprise d'Ésaïe 42:1-4. Il parle de l'envoyé, du messie qui « ne criera pas et qu'on n'entendra pas faire des discours dans les rues ». Nos rues à nous, c'est les réseaux sociaux. Beaucoup de nos élites passent leur temps à « crier » sur les « toits numériques ». Je ne les juge pas, puisque moi aussi j'utilise ces porte-voix numériques. Le plus difficile c'est de développer les « technologies » spirituelles du Christ: la guérison, l'écoute, les miracles, les expériences de terrain et les repas qu'il a partagés avec beaucoup de personnes. C'est de ce dernier support dont je voudrais vous parler pour rencontrer nos concitoyens.

Le partage d'un repas pour parler de Dieu

Dans la Bible, beaucoup de grandes affirmations théologiques se sont faites lors d'un repas et non lors d'un colloque théologique. Les alliances se sont souvent conclues lors d'un repas et le Christ nous encourage à partager le pain et le vin pour nous rappeler son sacrifice. Dommage qu'on a transformé cette commémoration en service à gobelets en plastique et en croutons de pain. Le repas porte en lui une dynamique mystique qui nous est complètement étrangère. Parfois nous étudions la Bible et nous mangeons, mais on n'imagine pas qu'on pourrait parler du texte biblique, tout en mangeant. Et de toute façon l'étude biblique est plus importante que le repas et on ne va pas « contaminer » la sacro-sainte étude intellectuelle et analytique, par un bon plat et un verre de vin. Et si c'était, juste le contraire?

Parler au lieu d'écrire et de montrer?

Nous sommes pris entre deux blocs culturels qui nous façonnent profondément. Par le passé, c'est la culture de l'écrit, pilotée par le système scolaire, qui a formaté nos communautés chrétiennes, surtout protestantes et évangéliques. Aujourd'hui ce sont les supports numériques qui nous bourrent le crâne, relayés par les marchands de tout poil. Dieu parle, mais nous, nous avons transformé cette parole en texte et maintenant en images et en vidéo, mais on a de la peine à parler entre nous, à nos conjoints, à nos enfants, à nos dirigeants. On parle en bloquant des ronds points, en organisant des convois de la liberté, en déclarant la guerre, etc...
Pendant un repas, on parle tout naturellement. Il n'y a pas besoin d'apprendre à parler, c'est aussi ça la mystique du repas. Lorsque deux personnes cherchent à se séduire, ça commence ou ça se consolide souvent en mangeant ensemble au resto. C'est pourquoi nous ne voulons pas mettre l'accent sur la diffusion d'un texte ou des vidéos parlant de Dieu, mais nous préconisons de manger ensemble. C'est plus facile d'inviter nos concitoyens à une bonne bouffe qu'à une conférence, une étude biblique, un concert.

Comment concrétiser le repas-où-l'on-cause et la structure de l'église-dans-un-bâtiment?

Comment évangéliser les « païens » européens?

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