Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

La théologie: architecture ou jardin? (Première partie)

19 Janvier 2023, 09:12am

Publié par Henri Bacher

Depuis la Renaissance on a construit la théologie comme des architectes qui construisent des maisons. C'est de l'architecture spirituelle. Celle qui imprègne toute nos églises, protestantes ou évangéliques est encore fortement liée à la «maison Renaissance» et au texte écrit, analysé et lu. La nouvelle théologie qui va émerger, ne va plus construire des édifices théologiques, mais des jardins. D'architecte, le théologien devra se transformer en créateur de jardins, en paysagiste spirituel.

La théologie: architecture ou jardin? (Première partie)

Pourquoi changer de théologie?
C'est un peu comme l'évolution de la peinture au travers des siècles. Pourquoi «l'art pompier», du milieu du 19ème a-t-il évolué, par exemple vers l'
impressionnisme d'un Monet?

Les théologies aussi se succèdent les unes aux autres et comme en peinture un nouveau style ne remplace pas définitivement le précédent, sauf que la peinture académique a fini dans les musées, sans forcément influencer la culture montante d'une manière approfondie. Monet utilise une toile, de la peinture, des pinceaux, comme ses collègues qui l'ont précédé, mais il exprime des aspirations que ses concitoyens recherchent. Il ne les provoque pas forcément. Sommes-nous conscients que nos théologies sont en train d'entrer dans les musées et les églises elles-mêmes se transforment en musée pour garder l'authenticité de la foi style «Renaissance»?

Pourquoi a-t-on de la peine à évoluer?
Le théologien issu de la Renaissance n'était pas un artiste, c'était avant tout un architecte qui construisait une nouvelle «maison spirituelle» qui correspondait mieux aux souhaits des nouveaux habitants et à leurs besoins d'occuper différemment l'espace socio-culturel.

Les réveillés (issus des Réveils du 19ème siècle) ont apporté une approche plus émotionnelle de la foi, mais la structure théologique de base, celle, entre autre en relation avec le péché, le salut en Jésus-Christ et les pratiques liturgiques du culte: chants, lecture de la Bible, prédication, prière liturgique, n'avaient pas forcément besoin d'être repensés de fond en comble. On a mis de la couleur, de «l'émotion» dans les fenêtres existentielles.

Actuellement au 21ème siècle, la foi élaborée à la Renaissance, revisitée émotionnellement au 19ème siècle, passe complètement en arrière-plan. La scène, entre autre musicale et le travail avec son public, pour le faire danser, utiliser l'expression corporelle de la spiritualité, fonctionne comme ces jeux de lumières qu'on projette sur des bâtiments. On utilise bien la structure d'un bâtiment, mais pas pour en expliquer son histoire, le message qu'il veut transmettre, mais juste comme support. En donnant l'impression qu'on est encore dans la ligne des réformateurs et des «réveillés».

Qui est celui qui a fait construire ce bâtiment et qui en est le locataire?
C'est un juge qui a décrété que tu étais coupable, mais ce juge était connu pour faire grâce dès qu'on demandait pardon. On le craignait tout en admirant sa bonté envers ceux qui acceptaient son jugement. Ceux qui fréquentaient la maison du juge, c'étaient forcément des juristes, comme un certain Calvin, des avocats, des redresseurs de torts, des éducateurs de rue, mais aussi des plaignants. Des instituteurs qui éduquaient les enfants à suivre des lois scientifiques, socio-culturelles, religieuses. La laïcité à la française n'a que gardé les lois non liées à la religion.

Comment vit-on dans cette maison?
Aussi longtemps que nous gardons la structure de la «maison spirituelle» en arrière-plan, avec sa manière de s'organiser, de faire habiter spirituellement parlant les nouveaux locataires, nous sommes condamnés à faire du relookage, des améliorations, du lifting. On ne peut qu'améliorer une vieille bâtisse: ajouter le chauffage central (produire techniquement une chaleur uniforme), mettre de la moquette et des chaises (pour changer les bancs), un meilleur éclairage plus puissant (avec des études bibliques bien ciblées), une eau chaude et froide (l'émotion) qui circule dans des tuyaux non apparents, etc...

Les espaces de la maison sont bien répartis: entrée (l'espace pour accueillir spirituellement le visiteur), le séjour (la salle de culte qui s'est souvent transformée en prétoire). D'ailleurs le «juge» ne parlait pas de lui-même, de ses angoisses, de ses doutes, de sa propre culpabilité dans certains domaines. Les chambres à coucher (réservées à l'intimité, à la morale du couple et de la famille), les chambres d'enfants (l'école du dimanche). La cuisine n'est pas vraiment accessible au grand public (pourrait correspondre au bureau du pasteur). On n'organisait pas un culte dans la cuisine en expliquant une recette spirituelle tout en la cuisinant.

Comment évoluer?
Construire une «maison théologique futuriste »?

C'est justement le piège. On continue dans la logique de construction de l'architecte immobilier, sous-entendu scolaire. C'est aussi la logique du Temple-dédié-à-la-spiritualité.
Nous proposons donc, de nous inspirer de l'organisation d'un jardin.

 


Suite vers la deuxième partie:
Une théologie inspirée par le jardin

 

Commenter cet article