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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Le Café de la Gare, haut-lieu du café-théâtre des années 70, comme modèle de développement actuel de l’église

26 Novembre 2020, 09:00am

Publié par Henri Bacher

Le Café de la Gare, haut-lieu du café-théâtre des années 70, comme modèle de développement actuel de l’église
Guillaume Meurice vient de sortir un documentaire sur l'histoire du Café de la Gare où Coluche et Patrick Dewaere ont débuté. Son titre «C’est moche, c’est sale, c’est dans le vent! C’est le Café de la Gare»*. Il relate les débuts de cette aventure qui a lancé le style «café-théâtre». Pourquoi choisir une activité culturelle, avec un titre aussi crade, pour parler de notre manière de faire église?
L’influence de Mai 68, le grand épouvantail de certains chrétiens

Sans le vouloir nous sommes entraînés dans ce courant culturel qui a produit la vague des stand uppers d’aujourd’hui. Ce courant influence notre manière de prêcher à tel point qu’un pasteur qui lit en chaire un discours écrit pour une page imprimée devient «has been».
Guillaume Meurice reprend les propos de Sotha, une des fondatrices de ce théâtre et de Thierry Lhermitte qui explique qu’à l’époque existaient les cafés bourgeois avec des rideaux rouges, les cabarets avec des chansonniers et la Comédie Française. Mais aucun espace de liberté pour des gens qui voulaient se passer d’intermédiaires, juste monter sur scène et s’amuser.
Quel est ce nouveau style inventé à l’époque?

Le public se retrouve autour de la scène comme dans une arène. Le comédien, l’humoriste, se branche directement sur le public. Il le fait, au besoin, monter sur scène pour jouer avec lui. Le rire est un souffle qui nous arrive en pleine poire. Nous, nous prêchons pour que le souffle de Dieu arrive en plein dans le cerveau et souvent nous avons de la peine à parler au coeur, aux émotions. Sotha explique que l’idée était de construire un endroit où ils n’auraient pas à demander la permission à qui que ce soit de faire quoi que ce soit. On allait au Café de la Gare pour une expérience de théâtre plus que pour voir une pièce. Plus loin dans l’interview ils disent qu’ils ont montré qu’il était possible d’ouvrir un lieu sans faire de publicité, sans avoir à passer par des castings et à plaire à un directeur de salle, bref, sans passer par l’institution.
Comment reprendre, en église, cette expérience du Café de la Gare?
  1. On ne peut plus ou très peu développer un nouveau rayonnement de la communauté chrétienne à partir de l’institution. On enlève les «rideaux rouges», mais on garde la «pièce de liturgie et de prédication». Nos salles de culte ne peuvent pas ou très difficilement se transformer en «arène» et nos pasteurs sont peu formés pour se produire en «showmen», en pasteur stand upper*. Celui qui brise le «quatrième mur». Attention, je ne propose pas que le pasteur se transforme en humoriste, mais qu’il adopte les postures de scène du stand upper.
  2. Quels sont les espaces de liberté laissés aux créateurs qui doivent passer devant un conseil pour présenter leurs projets? Plus ils ont l’air déjanté, moins ils vont convaincre un groupe de responsables qui tient à l’unité spirituelle et socio-culturelle de sa communauté. Donc, forcément, ils vont présenter des initiatives qui ne changent rien de fondamental. Ce sera juste du lifting. On repeint la façade. C’est comme dans les entreprises, le nombre d’ingénieurs qui ont dû sortir de leurs boîtes pour créer leur propre start-up novatrice.
  3. Est-on prêt à commencer petit, sans publicité, sans soutien financier, en travaillant de ses mains, comme l’apôtre Paul? C’est vrai que nos pasteurs qui sortent avec un diplôme académique n’ont pas tellement le courage de «faire des tentes».
  4. Les activités destinées aux «pas-encore-chrétiens» amènent-elles dans une expérience spirituelle? Pour nous l’expérience se résume à la conversion qui fait toc toc sous la bretelle. Après, il faut s'asseoir, croiser les bras et écouter sagement ce qui se dit, devant sur la scène comme pour la pièce de théâtre qu’on n'interrompt pas. Vient-on pour vivre une expérience de guérison, une révélation personnelle, un réconfort, une expérience de convivialité différente du café de l’après-culte?
Mon conseil

N’enlevez pas vos «rideaux rouges», il y a toujours encore des chrétiens qui aiment la pièce de «théâtre évangélique». Trouvez de nouveaux talents qui vont ouvrir des «Églises de la Gare».
* Interview publié dans TÉLÉ OBS (N° 2022)
* Stand upper: Le stand-up (abréviation française de l'anglais américain stand-up comedy, comique de scène, ou monologue comique) est un genre comique où un humoriste seul, sans décor, sans accessoire, brise le « quatrième mur » en prenant l'auditoire à témoin des histoires qui lui sont arrivées. Cette forme de numéro, qui se pratique en solo (parfois pour tout le spectacle, on parle alors de one-man-show), est apparue à la fin du xixe siècle dans les cabarets en France et aux États-Unis. (Source Wikipedia)
* Café de la Gare (Source Wikipedia)
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