Quand l'économie de l'attention déstabilise le message chrétien
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Qu'est-ce qu'on entend par «économie» de l'attention? C'est tout simplement l'attirance par tous les moyens et supports numériques disponibles pour capter l'attention du consommateur ou de toute personne qui cherche une information, un moment de détente, du plaisir, des activités socio-culturelles, y compris spirituelles, pour meubler son quotidien. Quelle en sera l'incidence sur la transmission de la foi ?
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Ce qui est nouveau avec la culture numérique
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L'attention qu'elle demande et qu'elle promeut se concentre sur l'audio et le visuel. Pour entendre ou pour voir, il n'y a aucun apprentissage à faire, ce qui n'est pas le cas pour l'écrit et la lecture. Si on ne pratique pas la lecture, on l'oublie. Ce qui se passe pour 26% des français qui sont des illettrés fonctionnels selon une statistique récente. Lorsque vous entendez un bruit sec et puissant, alors que vous avez le dos tourné à ce qui a provoqué celui-ci, vous vous retournez immédiatement pour voir ce qui se passe. Pas besoin d'analyser d'abord pour réagir. C'est automatique, instinctif. Vous mettez quelqu'un à côté d'un livre fermé, il ne va pas forcément être attiré par celui-ci, à moins que le titre l'inspire, encore faut-il qu'il sache lire.
Le numérique et les marchands qui s'en servent créent un marché qui utilise à fond ces procédés qui doivent «claquer», illuminer, attirer le regard… sans analyse préalable. Tandis que lire requiert de savoir analyser le texte. Mettre des lettres de l'alphabet ensemble pour former un mot et puis une phrase est une activité exclusivement analytique. Pour ceux qui lisent régulièrement, ils ne se rendent pas compte de cette manière de procéder. La preuve, c'est qu'il faut aller au bout de la phrase pour comprendre, alors qu'une image se capte du premier coup d'œil. Mais la grande nouveauté, c'est que les marchands formatent les cerveaux, les mentalités pour réceptionner leurs propositions marchandes. Exit l'écrit et la lecture dont ils n'ont plus besoin pour vendre ! Or, nos communautés chrétiennes misent sur un livre comme la Bible. La théologie se configure selon les normes de l'écrit et non selon celles des images et des sons.
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Les têtes de nos concitoyens et de plus en plus, celles des croyants de nos églises sont formatées pour réceptionner les messages par l'oreille et par les yeux. D'autant plus qu'ils passent beaucoup plus de temps sur les réseaux sociaux que sur les chaises de l'église. On pense qu'il suffit juste de balancer un texte composé par et pour l'écrit dans une vidéo ou un podcast pour la diffuser. Jésus ne s'est pas aligné sur la manière de formuler la foi par un canevas de lois comme celles de la synagogue. Il usait de la parabole, des miracles. Tiens, tiens, le Christ savait attirer l'attention de ses contemporains. On se «retourne» instinctivement sur un miracle. D'ailleurs, le buisson ardent a «claqué» aux yeux de Moïse (Exode 3:2). La remise des dix commandements par Moïse a été accompagnée par des effets de feux (Deutéronome 9:10). Dans les Actes des apôtres, la venue de l'Esprit Saint est sonorisée. Il y a du bruit (pour les oreilles). Elle est visualisée par des langues de feu (pour les yeux) (Actes 2). De quoi attirer l'attention. Les marchands d'aujourd'hui n'ont rien inventé de nouveau, sauf qu'ils en restent aux «fake-illuminations». Des effets de manches pour attirer l'attention.
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Quel serait le modèle chrétien à promouvoir?
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Abandonner ou mettre en veilleuse le modèle scolaire
Il va refluer dans des lieux spécialisés comme au Moyen Âge où le texte étudié et copié se faisait surtout, mais pas seulement, dans les monastères. Les universités existaient déjà, mais ne jouaient pas un rôle propulseur de la spiritualité. La tête de nos contemporains n'est plus disposée à stocker des informations sous forme écrite.
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Mettre en avant l'aspect miraculeux et irrationnel de la foi qui va attirer l'attention
O N'ayez pas crainte, je ne veux pas promouvoir le spectre charismatique/pentecôtiste que nous, évangéliques conservateurs, avons en horreur. Ces spiritualités de gesticulations, de danses, de cabaret, de musi-hall, avec nos églises illuminées comme des salles de spectacle.
O Je prends modèle sur le Christ qui a accompli des miracles non pour se faire voir, mais pour montrer la réalité de son Royaume qui ne se résume pas à des textes et à de belles pensées théologiques.
O Le principal ennemi de l'église aujourd'hui, c'est Mammon. Il n'y a pas tellement de chrétiens qui se précipitent pour créer des miracles financiers comme, par exemple, développer son ministère sans faire d'appels d'argent. Je ne parle pas ici de la dîme ou des dons à des organisations missionnaires. Si nous avons pu «vivre par la foi» selon le vocabulaure usité, ce n'était pas de gaieté de cœur. C'était plutôt parce que Dieu nous y a contraints. Mais nous avons pu produire des centaines de clips vidéo, parfois dans des studios et avec des acteurs ou actrices professionnelles sans faire le mendiant auprès des chrétiens. Ça nous a même conduits à vivre confortablement, à faire des voyages dans pas mal de pays. Rien à voir avec la théologie de la prospérité. Nous avons aussi travaillé partiellement en entreprise pour subvenir à nos dépenses, mais ça ne nous a jamais empêchés d'accomplir le ministère que Dieu nous a demandé d'assumer. Parfois, on veut réaliser des choses que Dieu ne nous a jamais demandées.
O Les dons du Saint-Esprit sont un puissant levier pour attirer l'attention. Vous les utilisez ? Ou est-ce que vous les cantonnez au don d'enseignement ?
O Le côté convivial, le fait de se faire des amis, de fréquenter des personnes à qui on peut faire confiance, est peut-être le plus puissant facteur d'attirance, dans un monde où la solitude s'amplifie de plus en plus. Peut-être faudrait-il réduire l'enseignement de type scolaire au travers des études bibliques, des cours, des prédications au profit d'espaces de rencontre qui facilitent la convivialité, le partage de type relationnel. Les réseaux sociaux ne sont absolument pas des moyens efficaces pour se faire de vrais amis.
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Le plus important pour attirer l'attention
C'est le témoignage personnel. Celui qui allie gestes, actions et paroles qui se base sur ce qu'on a vécu personnellement. Il ne suffit pas de dire à quelqu'un que Jésus l'aime. Ça, c'est répété un bout de catéchisme. On aime souvent donner un verset biblique, mais là, on retombe dans l'écrit dont on pense qu'il va agir comme un fluide subliminal. Lorsqu'on aide quelqu'un, on peut lui dire en quel nom on opère. Comme lorsqu'on impose les mains pour une guérison. On fait ce geste au nom du Christ.
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Le plus catastrophique
C'est lorsque le geste est déconnecté de la parole ou vice versa. Notre témoignage devient très flou, indéchiffrable, et puis on n'est pas les seuls à faire de l'humanitaire, à protéger la nature, à défendre les minorités exploitées. C'est un peu comme si le marchand, lorsqu'il fait appel à nos yeux, coupait le son de sa pub. Ce que je reproche à nos responsables de communautés, c'est de ne pas enseigner les techniques, la manière de témoigner. On nous dit d'aller témoigner sans se donner la peine de nous donner les outils adéquats, à part la Bible.
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Clip Youtube:
Clip Youtube: L'ATTENTION, le nouveau PÉTROLE ? avec Yves Citton