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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Alice, au pays de l'église: une expérience d'intégration

22 Juin 2022, 09:41am

Publié par Henri Bacher

Alice, au pays de l'église: une expérience d'intégration

Je pense qu'il y a une vraie rupture culturelle entre ce qui se fait à l'école du dimanche* pour les enfants et les ados et le monde du culte adulte. En arrivant dans la célébration dominicale adulte, après le parcours classique dans «l'école», ils sont perdus dans cette culture de la «tchache» théologique, très scolaire et analytique. Finis les parcours «Godlyplay», les clips de «bibletubeenfant». Comment intégrer ces enfants dans la communauté adulte?

* nom générique, très désuet que j'emploie à dessein.

Alice au pays de l'église

C'est l'histoire d'Alice, que j'ai eu l'occasion de connaître, dont les parents fréquentent une communauté évangélique sur les bords du Léman (La fraternelle). Elle est douée et a des talents dans le graphisme, dans la musique. Elle n'a que 11 ans. Comme elle a pris des cours de guitare, elle s'est aussi intéressée à la composition musicale. Elle a donc composé un chant que ses parents ont fait entendre au responsable de la louange de leur communauté. Ce dernier l'a prise sous son aile pour la coacher et peaufiner sa chanson pour la faire apprendre à toute la communauté, lors d'un culte. Voilà un processus d'intégration. Le coach musical a pris du temps pour une gamine à qui on aurait pu dire d'attendre qu'elle ait au moins un stade plus mûr. Que c'est bien, mais il faut qu'elle patiente. C'est un peu la même réflexion que Héli le prêtre aurait pu faire au petit Samuel: «tu es trop petit pour comprendre quelque chose à Dieu» (1 Samuel 3). Est-ce qu'on forme ces enfants et ados à apprendre la spiritualité en les intégrant dans une activité qui n'est pas forcément de leur âge, alors qu'ils ont aussi la possibilité de comprendre Dieu à leur niveau? Si on saisit d'où vient cette retenue à engager des plus jeunes, on sera plus à même d'y remédier. Je viens avec mon vieux cheval de bataille. L'église a copié par le passé, avec beaucoup de bonheur, l'école républicaine. On accède aux responsabilités par paliers successifs, sanctionnés par des examens de passage, sous forme de tests et par des diplômes à mesure qu'on s'élève dans la hiérarchie du savoir. Or, aujourd'hui nos enfants apprennent énormément par les réseaux sociaux qu'ils fréquentent. Ils n'ont pas forcément un savoir analytique, intellectuel, mais ils ont souvent un savoir et une pratique émotionnelle bien supérieure aux nôtres.

Autre expérience d'intégration

Nous sommes des vieux routiers de l'église en France et en Suisse, de la mission dans des pays hors Europe. On nous a demandé d'animer un culte intergénérationnel dans la communauté que nous fréquentons actuellement dans notre lieu de résidence, du fait aussi que ma femme Martine dessine des histoires pour enfants. Nous nous sommes laissés inspirer par une responsable de l'enfance de l'église de la Colline de Crissier/Lausanne qui est déjà d'une génération après nous. Elle prône l'intégration des ados dans des activités communautaires pour adultes (voir le clip ci-dessous). Nous avons copié un des cultes qu'elle propose en utilisant un dé à jouer. Mais nous avons surtout copié sa manière d'intégrer des enfants et des ados dans un culte. Nous avons donc demandé à notre pasteur de sélectionner un garçon ou une fille du groupe de jeunes et un enfant du culte de l'enfance pour ne pas seulement de participer à l'animation, mais de la présider. La jeune fille s'est donc muée en présidente de culte et le garçon d'une dizaine d'années faisait son adjoint, surtout pour la manipulation du dé. Nous, nous n'étions que des «sous-traitants». On n'était plus que dans le rôle de celui qu'on attribue généralement à un groupe de jeunes: un sketch pour illustrer une partie du culte. C'est aussi elle qui a choisi les chants. Bien sûr, on a pris du temps, auparavant, pour former la jeune fille à son rôle de présidente, une activité qui était inédite pour elle. A la fin du culte, pendant les annonces, elle a été applaudi pour sa prestation. La clé d'une telle activité d'intégration: le pasteur a eu le flair dans sa sélection en prenant des personnes dont il pressentait leur talent.

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