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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

Autodestruction du judéo-christianisme en Europe

11 Mars 2021, 12:26pm

Publié par Henri Bacher

Autodestruction du judéo-christianisme en Europe

Quand tout va mal, on a tendance à chercher des boucs émissaires à l’extérieur de nos communautés, de nos pays, de nos cultures. On a une peur viscérale de la mainmise de l’islam sur nos villes et nos campagnes et on fait tout pour la freiner. Et si c’était nous-mêmes qui détruisions le christianisme, mais de l’intérieur de nos propres communautés et institutions? 

Nous n’avons plus de méta-histoire qui structure notre pensée occidentale
Par méta-histoire, j’entends le fait d’avoir une trame descriptive théologique, spirituelle de notre histoire humaine. On est comme des personnes qui se savent adoptées, mais qui cherchent leur vrai géniteur. Leur histoire a été tronquée. On est dans une profonde incertitude et ça se traduit par beaucoup de mal-être. On perd confiance dans l’avenir, parce qu’on ne sait pas d’où on vient, et encore moins où l’on va. 

Pourquoi a-t-on perdu cette histoire « salvatrice » ?
Un des leviers qui a le plus contribué à la destruction socio-culturelle et religieuse de notre Occident dit chrétien, c’est la mise en quarantaine systématique du catéchisme chrétien, qu’il soit catholique ou protestant, qui lui écrivait dans notre mémoire collective cette méga-histoire. Abandon qui est dû à l'évolution culturelle, aux échecs malgré l’enseignement généralisé du catéchisme. Deux guerres mondiales, les innombrables guerres fomentées par des nations dites chrétiennes, sont comme l’eau qui ravine un flanc de montagne qui finit par s’écrouler sous ce ravinement interne. La colonisation, la traite des esclaves qui ont enrichi bien des ports français dits « protestants » ou «catholiques » est un autre exemple de déstabilisation.

Le fait qu’on élimine ou limite systématiquement le fait religieux dans l’espace public et politique est une autre liquidation de cette méga-histoire. Comme si la laïcité avait une Histoire à raconter qui nous tienne de colonne vertébrale. Les églises sont mises au rang des salles de fitness pour des body-builders, en nous affublant du terme générique de « spiritual-builders ». Peut-être que nos politiques et autres influenceurs nous perçoivent comme des entertainers de type religieux, avec nos concerts de louanges et nos activités ludiques-spirituelles. On n’est plus perçu comme des constructeurs de sens.

Les évangéliques ont perdu la méga-histoire biblique
Ils me diront que nous sommes des champions de la diffusion de l’Évangile. Nous avons des radios, des télés, des éditions chrétiennes. Nous avons des milliers de followers sur les réseaux sociaux. Ce que je ne conteste justement pas. Mais quel est notre impact réel? J’en doute. Nous nous sommes transformés en services de messageries et en entreprises publicitaires. Nous avons « sloganisé » la foi. On recourt aux slogans publicitaires pour diffuser l’évangile. Avec la publicité, on ne peut pas construire une méga-histoire. Elle ne crée pas de sens, elle veut vendre. On parle bien de l’histoire du salut et nous, avec nos vies, nous devons créer des histoires de vie qui reflètent cette grande Histoire. Quelle est l’histoire de vie que tu peux raconter à tes voisins? Pas seulement le détail d’un verset biblique qui t’a parlé. Comment as-tu passé les grandes tempêtes dans ta vie? Quels choix ont été marqués par l’histoire qui est la tienne? 

Pourtant le plus grand problème, c’est que nous “pixélisons” la diffusion de la Bible. J’appelle cela une “confettisation”. On diffuse sur les réseaux sociaux surtout des versets bibliques, même sur des panneaux publicitaires en ville et c’est comme si on prenait une page de Bible et qu’on la passait dans une troutrouteuse/perforatrice.

Autodestruction du judéo-christianisme en Europe

Comment construire une histoire à partir de confettis? Impossible. Jusqu’à maintenant les chrétiens pouvaient intégrer des “confettis” de textes, parce qu’ils avaient une histoire dans leur tête, au moins une histoire catéchisée. Ce n’est plus le cas de nombreux chrétiens et encore moins de nos concitoyens. Comment convaincre les gens avec des slogans et des bouts de Bible? De plus, les gens lisent de moins en moins la Bible.

Il y a une grande différence entre les chrétiens qui vivent leur vie de foi dans le cadre d’une histoire communautaire, porteuse de sens et les pas-encore-chrétiens. Le chrétien possède, du fait de son appartenance au corps du Christ, une sorte de filet à provision, un contenant solide qu’il remplit au culte, pendant les activités d’enseignement de la communauté, donc il peut y intégrer des textes épars, des confettis, mais le non-croyant n’a pas ce contenant et il ne sait pas quoi en faire.

Le seul support culturel qui est encore performant dans cette question de diffusion du texte biblique, c’est la musique. Dans un clip musical, on peut aller plus loin que le slogan. De plus, les chanteurs et musiciens peuvent exprimer aussi leurs convictions par leur langage corporel, même si on sait que ça peut faire partie du jeu scénique.

Que faut-il privilégier à l’avenir?
Les textes, les images et les clips vidéos sont de moins en moins crédibles sur les réseaux sociaux. On a compris que tout pouvait se trafiquer, une simple photo comme un clip vidéo. Le complotisme s’est révélé comme une arme de destruction massive et qui décrédibilise toute tentative sortant de l’ordinaire. On n’a aucun moyen, comme simple utilisateur, de vérifier les sources. Vous pouvez diffuser un témoignage authentique, mais s’il est performant, miraculeux, il va être très vite perçu comme quelque chose de frelaté, une fake news. L'incarnation du Christ nous montre qu’il est absolument nécessaire de lier nos messages, nos histoires de vie à un corps, en chair et en os et à un espace où les gens peuvent se toucher. Une personne qui témoigne d’un miracle que les voisins et les amis peuvent voir de leurs propres yeux est la preuve la plus évidente.

Conclusion, faites vos miracles devant les gens qui vous voient, en chair et en os: miracle de conversion, de pardon, de réconciliation, miracle de guérison, de paroles prophétiques qui collent à la réalité des gens devant vous et non à celle d’un bureau ovale que vous n’avez jamais visité. C’est plus facile d’être prophète dans un espace virtuel que personne ne peut "toucher", comme les réseaux sociaux. Les membres de nos communautés doivent sortir de leur cocon et vivre leurs histoires de vie devant un public en chair et en os, là où ils se trouvent et au moment opportun. 

Et voici en conclusion un clip qui parle de notre histoire du salut:

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