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ÉGLISE. CULTURE. NUMÉRIQUE.

La mentalité économique prend-elle le dessus dans le cadre de l'église?

29 Mars 2017, 17:08pm

Publié par Henri Bacher

Souvent je dis qu’il faut sauter à pieds joints dans la nouvelle culture du numérique et en même temps la contester. Or, ce que je constate, c’est que nous les chrétiens, nous nous acculturons assez facilement à la mentalité GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon) plus tous les autres, mais osons-nous mettre des grains de sable dans cette machinerie qui n’est pas toujours un bienfait pour la diffusion de l’évangile?

Les supports culturels ne sont jamais neutres
Pour nous, les supports culturels, comme le papier et maintenant le numérique, sont neutres. Ce sont juste des outils, comme la planche à pain qui sert de support pour couper le pain. Ces supports nous rendent bien service, et pourtant en même temps, ils formatent notre manière de penser. L’imprimerie a certes facilité la diffusion du texte biblique et du message chrétien, mais elle a aussi limité et conditionné sa perception. L’écrit, le texte, la lecture nous ont imposé une manière de penser la foi chrétienne dans le moule de la culture du livre. Nous avons souvent confondu ce moule avec la culture spirituelle de la Bible. Ce moule a aussi éliminé, par exemple, la pratique des dons spirituels et la gestion des émotions spirituelles, sans compter les langues régionales et autres patois. On a peu critiqué cette culture issue de l’imprimerie. Ce sera pareil pour celle issue du numérique. Or les leviers technologiques actuels, liés au numérique, sont bien plus puissants que l’imprimerie. Donc, encore plus destructeurs tout en servant aussi l’évangile.

Les supports culturels actuels sont liés à l’économie

C’est bien là, la grande différence, avec la culture de l’imprimerie. Le numérique est devenu une place de marché. La culture du livre était liée à l’instruction, à l’enseignement, avec un arrière-plan économique peu prononcé. On ne construisait pas des fortunes colossales avec l’édition. Aujourd’hui, l’église devient un espace marchand pour nombre d’acteurs du web et le message chrétien est conditionné pour être “vendable”, consommé, “consumérisé”.

Le conditionnement mercantile
Tout produit à vendre est lié à une chaîne de conditionnement pour favoriser sa diffusion et son traitement commercial. Le produit lui-même est le résultat d’une enquête de marché pour sonder les souhaits du public et le commerçant va mettre en route toute une panoplie de conditionnement de son client pour lui faire acheter des objets ou des services dont il n’a pas toujours besoin. On peut soumettre la transmission du message chrétien au même conditionnement, puisque l’église à tendance à s’inspirer du modèle dominant de l’économie. Vous voulez une preuve tangible? Lorsqu’on fait payer une entrée à une activité spirituelle, on est dans le domaine marchand et on doit répondre d’une part aux souhaits des futurs “clients” et en même temps développer des services dont ils n’ont pas vraiment besoin. Pour une activité spirituelle avec repas et logement, il est normal de payer les dépenses, mais pourquoi un concert de louanges serait-il payant à l’entrée et pas le culte? Imaginez de devoir acquitter un billet d’entrée pour le culte. Or, la collecte à la sortie, laisse le chrétien libre de donner, selon ses moyens. Un autre facteur nous joue des tours. Le commerçant fonctionne à la performance. On juge la qualité d’un produit, mais aussi d’un service et dans le cas de l’église, d’un message, à ses performances en librairie et sur le net. Par le nombre de follovers et de clics. C’est un critère qui n’est pas forcément à négliger, mais à manipuler avec prudence pour évaluer la pertinence d’un message.

Saurons-nous développer une contestation?
Dans le passé, les politiques se sont bien servis de l’église tout en la servant parfois. Les croisades étaient-elles une entreprise spirituelle ou plutôt un facteur d’enrichissement et de pouvoir pour certains politiques? La construction d’une cathédrale était-elle nécessaire pour la diffusion de l’évangile ou bien servait-elle un dessein de puissance? Le passage du pastorat par le moule académique de la civilisation de l’école a-t-il été toujours bénéfique pour le développement de la foi chrétienne? Peut-être plus que celui du politique, je le concède, mais il a aussi contribué à la prédominance du rationnel qui a laminé les églises issues de ce monde académique. Aujourd’hui, c’est l’économique qui nous prend en tenaille et nous impose ses critères. Saurons-nous développer une saine contestation de ce monde-là?

La mentalité économique prend-elle le dessus dans le cadre de l'église?
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